4ème partie

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C'était décidé. Au petit matin, Lalice se réveillera dans l'espoir de la retenir. Elle allait résister, mais elle attendra une réponse favorable quand-même. Toutefois, pour cela, elle avait besoin de son entière coopération. Elle lui contera ses souvenirs, sa mémoire était revenue, elle lui murmurera dans le creux de l'oreille ce qu'elle sait. Elle lui glissera des mots doux pour qu'elle reste à ses côtés. « A deux, on est plus fortes. Tu verras, ma douce. » Elle l'encouragera jusqu'à ce qu'elle se décide. Seulement, elle venait de plus en plus rarement.

Elle revînt à la réalité, releva sa tête de ses genoux pour la basculer en arrière et admirer le plafond. Il était vide et blanc. L'idée d'y écrire une histoire effleura l'esprit de Lalice. Elle illustrerait ses mots à l'aide de petits dessins. N'étant pas très doué dans ce domaine, elle demandera à Chaeyoung de s'en charger.

Mais, elle ne revenait pas. Cela faisait des semaines. Son absence n'avait pas été aussi longue depuis la première fois qu'elle l'avait quitté. Etait-ce sa réponse ? Non, elle avait besoin de mots. Seulement, elle savait que son amante n'était jamais en sécurité. Malgré les faits, l'homme aimait beaucoup la jeune femme mais seul la jalousie, au final, ressortait. Elle avait peut-être choisi de rester là-bas. Loin de tout. Loin d'elle. Et lorsque l'image traversa l'esprit de Lalice, des perles d'eau se mirent à rouler le long de ses joues. Elle avait terriblement mal et l'incertitude la rendait folle. Elle devait savoir.

La jeune femme était prête à tout entendre. Au moins, la situation ne demeurerait pas sur ce terrain glissant entre espoirs et doutes. C'était un bateau instable naviguant sur une mer déchirée.

Il ne fallait prendre aucun risque. Que rien ne lui arrive de mal. Tant pis, si elle pouvait être en paix alors elle laissera passivement son cœur se dessécher. Elle le lui avait dit, un soir.

« Tu sais, il fait ça parce qu'il tient à moi. Il veut juste me protéger ...

- En t'enfermant si tu sors de chez lui ... ? En te frappant quand tu me vois et qu'il le découvre ... ?

- C'est moi qui suis en tort.

- Nan, personne ne doit te dicter ta conduite !

- Je sais. Mais je lui dois bien ça ...

- Tu ne dois rien à personne, Chaeyoung. Tu es une femme indépendante.

- Oui, mais ... »


De cette façon commençaient les disputes. Les cris, la vaisselle qui valse d'un coin de la pièce. Elles s'aimaient peut-être trop pour pouvoir affronter cette crise, cet obstacle.

Elle avait peut-être déjà pris sa décision. Alors, elle devait revenir. C'est l'idée avec laquelle la plus jeune s'est endormie alors qu'elle était partie le matin même. Elle avait claqué la porte et elle s'était réveillé en sursaut. Cette nuit sera froide, elle le savait. Pourtant, elle sentait encore son corps chaud contre lui. Des papillons embrassaient sa nuque. A travers son sommeil, elle sentait son souffle contre sa peau découverte. Elle était à ses côtés comme tous les soirs, dans ses mirages ; elle dormait avec un fantôme. Et cela ne pouvait plus s'éterniser.

La couche était si chaude qu'elle jurait que sa belle avait été à ses côtés cette nuit. Les étoiles le lui avaient dit pendant son sommeil, qu'elle chantait près de son corps endormi. Elle pouvait encore sentir ses jambes s'emmêler aux siennes dans un jeu sans pareil.

Un matin, elle passa sa main sur le drap, encore tiède. Elle respira le coussin à sa gauche, encore son odeur. Elle pesta contre les étoiles. Elle implora la raison. Et cette douleur qui lui bouffait les entrailles. Ce n'était donc pas un rêve. Elle avait passé la nuit à ses côtés sans qu'elle ne le sache. Elle se sentait idiote de ne pas s'être réveillée pour la tenir dans ses bras. Elle avait été trompé, comme toujours. Elle avait joué d'elle pour profiter égoïstement de la situation. Comme à son habitude, elle avait dispersé sa présence dans l'appartement pour le laisser plus seul qui ne l'était déjà. Lalice jura un bon nombre de fois avant d'enfiler un pantalon qui trainant nonchalamment sur son bureau et un tee-shirt aux pieds du lit. C'est là qu'elle vit ses piercings éparpillés sous le matelas. Elle avait une preuve, à présent. C'est pourquoi, elle se jeta dans le couloir pour courir dans les escaliers. Son parfum habitait les lieux, elle n'était pas si loin. Elle dévalait les marches, manquant de tomber à plusieurs reprises. Elle se rattrapait toujours.

A l'entrée de l'immeuble, une voiture était stationnée. C'était la sienne, sa plaque mentirait en disant le contraire, elle la connaissait par cœur. Mais le moteur démarche, et le véhicule ne laisse qu'une poussière grise.

Les larmes inondaient ses joues creuses. Elle était désemparée. Aucun espoir ne scrutait l'horizon. Pas un signe, pas un au revoir, rien. Le tee-shirt trempé, elle laissait couler sa déception, sa tristesse, peut-être sa colère. Une pluie de jurons traversait sa bouche, trouvant écho dans le silence de l'appartement.

Elle attendait que le temps passe parce qu'elle ne pouvait rien faire d'autre que cela. Elle tournait dans la pièce comme un fauve en cage. A s'en briser le crâne contre un mur.

Soudain, on toqua à la porte. 

𝗟𝗘𝗧 𝗠𝗘 𝗞𝗡𝗢𝗪, cɦɑelisɑOù les histoires vivent. Découvrez maintenant