Chapitre 5

11 6 0
                                    



J'entends mon père crier avec ma mère dans le salon.

Bien sûr à cause de moi.

Je mets mon casque audio, allume ma musique. Je tombe sur Shape of My Heart de Sting. Cette chanson est tellement belle, je pourrais l'écouter en boucle.

Je prends le journal de Renée, cette fois-ci je compte bien le lire sans être dérangé.

Avant d'ouvrir la page, je prie pour que sa situation se soit améliorée.

30 Septembre

Cher journal,

Aujourd'hui c'était le grand jour : j'ai changé de lycée.

Contre toute attente, les personnes de ce lycée sont juste incroyables. Je ne m'attendais pas du tout à ça.

Je pensais que la dite "racaille " allait me prendre dans un coin pendant la récrée et allait me taper car mes parents sont riches. Mais pas du tout, ils sont beaucoup plus gentils, amicaux, et sociaux que les personnes de mon ancien lycée.

Ils pensent que je suis venue dans ce lycée car je l'ai décidé. Ils ne savent pas ce que j'ai, ou alors ils ne me le font pas savoir.

J'apprécie. Non j'adore !

Pour la première fois depuis de longs mois, j'ai rit.

Des personnes dont je ne connaissais même pas l'existence m'ont fait rire, oui je riais à pleins poumons.

Je n'arrive pas à retranscrire ce que ça me procure comme sensations.

C'est comme lorsqu'un enfant voit pour la première fois des feux d'artifices : au départ ça fait peur, puis on commence à apprécier et à en redemander.

Je n'ai plus à redouter mes journées au lycée, tout va mieux aller maintenant.

Je suis si heureuse.

J'ai du pleurer une bonne dizaine de fois, mais pour une fois c'était des larmes de joie.

Je ne pense plus avoir besoin d'écrire à l'intérieur de ce journal. Je sens que mon état peut s'améliorer, il va s'améliorer.

Ou alors je vais peut-être écrire encore quelques pages sur ce que je fais de ma nouvelle vie. Je pense que ça peut me faire plaisir de marquer tout ce que j'entreprends et ce que je réussi.

J'espère que ce seront mes dernières pages.

Je suis si heureuse.

*

Je suis tellement heureux qu'elle ait enfin pu trouver le bonheur.

Je décide de feuilleter le journal pour vérifier si ce sont bien ses dernières pages.

Le journal est entièrement rempli.

Deux solutions s'offraient à moi : soit elle était tellement heureuse qu'elle a continué de retranscrire ses aventures (ce que j'espère de tout mon cœur), soit son état ne s'est pas amélioré. Il pourrait même s'être empiré.

Renée j'espère que tu vas bien, même si je ne connais rien de toi...

Je pose le journal sur le coin de ma table de chevet, il est tard il faut que je dorme.

Mais je n'y arrive pas.

Je ne cesse de me tourner dans mon lit.

Je pense trop à Renée, elle occupe la majorité de mon esprit.

J'ai envie de continuer de lire son journal.

En fait non ce n'est pas une envie mais plutôt un besoin.

Je me retiens.

Je dois dormir.

Il est huit heures dix. Je n'ai pas dormi de la nuit.

Je n'arrêtais pas de penser à Renée, rien qu'à elle. Mais je n'ai pas lu.

Je me félicite.

Après des longues minutes de réflexions intenses je décide de me lever.

J'emporte le journal de Renée tout en me dirigeant vers la cuisine. Il ne faut pas déconner je peux résister une nuit mais pas une journée.

Mes parents sont partis, ma mère m'a encore laissé un post-it sur le frigo.

Bonjour mon chéri,

Il y a une pizza à décongeler ou du riz au frigo.

Repose toi bien, tu avais l'air fatigué hier soir.

Ta maman qui t'aime.

Une pizza c'est exactement ce qui me fallait.

Il est neuf heures deux, je m'enfile deux pizzas en lisant le journal de Renée.

1er Octobre

Cher journal,

J'ai l'impression que la roue se remet à tourner : certains élèves de mon lycée me regardent de travers...

Malheureusement je ne connais pas leur raison.

Je me dis qu'après tout, il y a des cons de partout, et que s'ils me regardent comme ça c'est parce qu'ils le sont.

N'est-ce pas ?

J'espère qu'ils ne sont pas au courant de mon problème. Non, ils ne le sont pas.

Pourquoi le sauraient-ils ?

Mes parents en auraient-ils parlé au principal ?

Peut-être pour ensuite prévenir les élèves.

Leur dire de faire attention.

Leur dire de ne pas trop m'approcher.

Leur dire que je suis dangereuse.

Suis-je dangereuse ? Sûrement oui.

Est-ce que je fais exprès d'être violente ? Non.

Pourquoi le monde ne veut-il pas comprendre ? Est-ce si difficile ?

Suis-je nuisible à leurs yeux ? Bien sûr que oui.

Moi qui pensais pouvoir faire une scolarité normale grâce à ce lycée.

Et dire qu'il y a pas longtemps je riais.

Voilà que je me refais des films, ce n'est sûrement pas tout ça... Je délire complètement.

Je délire...

*

Je ne sais pas quoi dire ni quoi penser devant une telle déclaration.

Je n'arrive pas à imaginer ce qu'elle a bien pu avoir.

Je décide de me mettre devant un film pour oublier un peu cette histoire qui me prend le plus clair de mon temps.

Alors que ça fait une heure que je regarde mon film, je m'endors sans m'en rendre compte.

Ce n'est que les bruits de tambourinement qui me réveille.

Mon film est fini. Il est 15h30.

La personne à la porte tape de plus en plus fort.

« Ça va ! J'arrive. »

Je me regarde rapidement dans le miroir devant la porte d'entrée, on pourrait croire que je me suis coiffé avec un pétard.

Tant pis. J'ouvre.

Je reste figé sur place.

Qu'est-ce que Lou vient faire chez moi ?

« Salut je viens pour te passer les cours ! »

Dear DiaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant