Chapitre 9

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« Cette histoire s'est passée il y a très longtemps, je ne me souviens pratiquement de rien. J'entendais souvent mon père râler à cause de cette famille, il disait "Ils sont tous barges dans cette famille, elle est folle. Elle va finir par butter quelqu'un. ". J'ai retenu cette phrase car elle m'avait marqué. Je sais que Charles et Nadine, donc les parents de Renée, avaient fait quelque chose de mal. Et qu'après Renée avait disparue, on ne l'a plus jamais revue, personne n'a eu de ses nouvelles. Enfin tout ça je l'ai entendu je ne sais pas si c'est vrai ou non. Voilà maintenant tu en sais autant que moi.

-Merci. »

En réalité la déclaration de Lou ne m'avance pas à grand-chose mais c'est déjà un bon début.

J'espère que le journal de Renée m'en dira plus, j'espère que Renée m'en dira plus.

Au bout d'une heure et demie, Lou est enfin prête. Elle regarde son carré châtain dans le miroir. Elle sourit.

« Ça te va très bien.

-Merci, heureusement que c'est toi qui paye parce que vu l'état de mes cheveux je pense que la coiffeuse a utilisé une bonne dose de produits. »

Je la fusille du regard et sort mon porte-monnaie.

Je ne pensais pas que les soins capillaires coutaient aussi chers.

« Je pense que tu devrais aller au lycée maintenant, Lou.

-Non j'ai dit que je n'y irais pas !

-Ne fais pas ta capricieuse ! Mais je pense qu'il serait déraisonnable que tu n'y aille pas.

-Tu ne veux plus que je reste avec toi... ?

-Tu l'as dit toi-même : on se déteste. Et ça ne changera pas. Tu m'as aidé, je t'ai aidé, mais il faut s'arrêter là. Et nous savons tous les deux que lorsque je reviendrai au lycée tu seras toujours la même garce qu'avant, tu ne vas pas changer du jour au lendemain. Tu me feras passer pour le binoclard sans intérêt.

-Tu te trompe ! J'ai envie de changer.

-Tu ne le feras pas. Tu aime beaucoup trop l'attention que les gens ont pour toi. Tu ne vas quand même pas salir ton image en trainant avec moi. Sur ce, je te laisse j'ai des choses à faire. »

Je pars sans me retourner une seule fois.

Est-ce que j'ai eu raison de faire ça ? Je pense oui.

En rentrant, je m'affale sur le canapé et lis directement le journal de Renée.

15 Octobre

Cher journal,

Mes parents t'ont pris pendant dix jours à cause de ma bêtise... Toi aussi tu pense que je le mérite ?

Bien sûr que je le mérite, au moins tout le monde est d'accord.

Pendant ces dix jours il s'est passé plein de choses.

J'ai honte de devoir les dire.

Je ne sais même pas si écrire sur tes pages m'aide vraiment... Je doute.

Je suis allée chez le médecin. Il m'a donné une ordonnance pour avoir des médicaments car mon état empirait. Je devais en prendre deux fois par jours. Voire trois fois si je dérapais.

Je me disais que si je dois seulement prendre des médicaments ce n'était pas si terrible que ça. Je n'étais pas si terrible que ça.

Mais une journée j'ai voulu essayer de ne pas en prendre.

Très mauvaise idée.

J'avais un manque d'énergie, j'avais du mal à me concentrer, à retenir ce que le professeur nous disait.

Je n'avais pas ma dose de drogue.

Les médicaments que m'a donnés le médecin agissent sur moi comme une drogue. Ce qui amplifie mon malaise.

Je ne vais pas bien, rien ne va autour de moi.

Je ne compte pour personne, tout le monde se fiche de moi.

Moi qui aimais tellement la vie.

Il a fallut que ça m'arrive à moi.

Et je sais que c'est seulement le début. Mon état va empirer, je ne sais même pas si je vais tenir jusqu'à la fin de l'année.

Honnêtement, je ne pense pas.

*

Je ne peux pas m'arrêter la, je sens qu'elle enfin dire ce qu'elle a.

Elle doit me le dire !

Je dois la retrouver, et lui dire qu'elle compte pour moi.

Je tourne la page.

21 Octobre

Cher journal,

Jusque là, il n'y avait rien de nouveau. Mais ce matin je suis tombée sur une page que mes parents avaient laissé ouverte sur l'ordinateur.

Je ne sais pas s'ils comptent vraiment le faire, mais j'ai peur.

Ils ne peuvent pas me faire ça, c'est inhumain.

J'avais des doutes pour leur amour envers moi mais maintenant je suis sûre.

Ils ne m'aiment pas.

Ils veulent se débarrasser de moi. Au plus vite.

C'est un cauchemar où je ne vais jamais me réveiller.

*

Mais de quoi parle-t-elle ?

Pourquoi ne veut-elle pas nous dire clairement ?

Je vois, ça serait trop simple.

Je continue ma lecture.

23 Octobre

Cher journal,

La date arrive, nous sommes bientôt le jour d'Halloween.

Je les ai déjà entend. Ils sont tous là autour de moi à m'épier.

Mais moi aussi je les vois. Je les entends, je les sens.

Ils ne doivent pas m'approcher. Je ne veux pas qu'elles me disent de leur faire du mal encore une fois.

Je n'arrive pas à me contrôler.

Je n'arrive pas à me contrôler.

Je ne sais pas comment me contrôler.

C'est trop difficile.

Je n'ose même plus me regarder dans un miroir.

Je suis telle une sorcière à Salem en 1692.

Ils ont gagné. Ils ont réussi à m'abattre.

*

Je me sens coupable, même si je n'ai rien fait.

Ou c'est peut-être justement pour ça : parce que je n'ai rien fait.

L'histoire de Renée est pire que de la simple curiosité dans ma vie.

Elle est devenue une obsession.

Je dois la trouver. En vitesse.

Dear DiaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant