Chapitre 3

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 — Monsieur Wills, ne vous a-t-on jamais appris à frapper à une porte et à être à l'heure ? questionne notre enseignant dans un soupir.

— Je finissais ma clope, répond-il en haussant les épaules.

Je ne sais pas s'il faut être agacée par le comportement de ce mec ou irritée par celui de Monsieur Corfoard qui ne paraissait pas être indigné par un tel manque de respect.

Stan regarde brièvement la classe et lorsque son regard s'ancre au mien, il se dirige vers moi d'un pas déterminé.

Était-ce une blague ?

— Monsieur Wills, je nous vous ai pas permis de vous asseoir à cette place, intervient le professeur, bras croisés.

— Ce n'est pas grave, je ne bougerai pas de toute façon.

Il hausses les épaules et offre à notre enseignant un sourire, l'air de dire : « Que vas-tu faire ? ».

— Et pourquoi ?

Si Monsieur Corfoard n'est pas capable de remettre cet insolent à sa place, je ne vais sûrement pas me gêner pour le ramener sur terre et lui rappeler qu'il n'est qu'un élève comme tous les autres.

Tout le monde s'est retourné pour m'observer car ma voix s'est quelque peu élevée.

— Parce que je suis bien là, répond-il sans m'adresser le moindre regard.

— Ne perdez pas de temps et remplissez vos feuilles, déclare simplement le professeur.

Quoi ? C'est tout ? Aucune réprimande, aucune exclusion ?

Tout le monde se met à écrire sans accorder plus d'intérêt à ce qu'il vient de se passer sauf moi. Je jette un coup d'œil à mon voisin de table. Il commence à m'intriguer que j'en viens à me poser certaines questions sur lui. Certes, il n'a pas l'air facile à dompter mais si tout le monde l'avait remis à sa place en temps et en heure, nous n'en serions sûrement pas là.

Il se redresse, pose son stylo sur sa feuille avant de croiser les bras et de s'affaler sur sa chaise. En laissant mon regard s'attarder sur ce qu'il a écrit, je peux lire son nom et son prénom ainsi que son âge. Il a dix-sept ans et visiblement, pas grand-chose à dire sur lui.

Il tourne la tête vers moi et son regard semble moins froid, moins menaçant.

— Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Je sais que je suis beau mais c'est pas la peine de me dévorer des yeux.

Un sourire se dessine sur ses lèvres et il me fait un clin d'œil.

— Prétentieux en plus, dis-je caustique. Tu devrais le rajouter sur ta feuille.

— Dois-je te faire remarquer que tu as écrit sur la tienne autant de mots que moi ?

— Sûrement parce que je n'ai rien d'autre à dire.

Je hausse les épaules et plonge mon regard émeraude dans le sien.

— On ne vous dérange pas ?

Monsieur Corfoard se plante devant notre table et nous regarde tour à tour. Je fais mine de paraître innocente et repose mon stylo sur la table mais notre insolent de service ouvre sa grande gueule.

— Nous faisons connaissance.

Il affiche un sourire hypocrite et ne lâche pas notre enseignant du regard.

— Vous pourrez faire connaissance en dehors de mes heures de cours, Monsieur Wills ! siffle le professeur d'un ton exaspéré.

Il ramasse nos fiches et pose ses yeux sur la mienne.

— C'est tout ce que vous avez à me dire ? me demande-t-il en haussant les sourcils.

— Je suis désolée, dis-je simplement pour justifier l'absence de plus d'informations.

Il soupire une énième fois et retourne à son bureau. Une fois le cours terminé, je quitte la classe aux côtés de Malika pour rejoindre la salle suivante.

Lorsque Nathan et Noah se joignent à nous, ce dernier m'attrape par le bras et lâche d'une voix grinçante :

— Toi, il va falloir que l'on parle ce soir.

Je mettrais ma main à couper qu'il s'agira tout simplement d'une conversation qui tournera autour de Stan Wills.

Pas si différents - Tome 1 - [ÉDITÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant