Chapitre 2 : Nouveaux horizons

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Inglewood derrière elle, Jessica allait de l'avant avec des insomnies. La nuit, elle ne pouvait que penser à l'homme qu'elle venait de tuer. Ce cannibale. A chaque fois que ces yeux se fermaient, elle se revoyait attaquée et enfin l'issue du combat qui la faisait se réveiller en sursaut.

Deux jours passèrent et aucun véhicule ne fonctionnait correctement. Chacun avait une panne qu'elle ne pouvait pas réparer car elle n'a jamais travaillé sur une voiture. Sa recherche l'amena dans les beaux quartiers, à Hollywood. Les effusions de sang n'avaient pas épargné ce bel endroit. Le quartier était ravagé et sale comme à Inglewood mais sans les messages glauques sur les murs et l'odeur de cadavre.

Jessica brisa la vitre d'un 4X4 avec son pied de biche et retira la sécurité de la voiture. Elle arracha le panneau sous la voiture et dénuda les fils et les fit se rencontrer. Des étincelles mais pas de démarrage. La voiture était à sec.

Son prochain but était donc de trouver de l'essence au plus vite. Un jerrican dans la main, un tuyau en plastique dans l'autre, elle parcourait les allées d'un immense parking souterrain. Sa lampe torche grésillait. Bientôt, elle se retrouverait sans lumière, ce qui lui fit accélérer le pas.

Les trente premières voitures qu'elle essaya de siphonner étaient presque vides. Quelqu'un a dû passer par ici avant elle. « Peut-être le cannibale d'Inglewood... », pensa-t-elle. Il était hors de question qu'elle y retourne. Jessica tomba à terre, adossée contre la voiture. Sa situation lui semblait désespérée.

C'est alors qu'elle entendit un grognement provenant de derrière la voiture. Un grondement sourd, celui d'un chien mais un très gros. Doucement, la jeune fille se releva en retirant son revolver de sa botte. Elle regarda à travers la vitre poussiéreuse de la voiture mais ne vit que le béton. Un autre grognement, le même la fit sursauter. Le chien se tenait à deux mètre d'elle, les babines retroussées, le poil hérissé.

Jessica eu un mouvement de recul qui poussa la bête à l'attaque. Le chien lui sauta dessus, lui mordant le bras droit à pleine dents et la fit tomber. Il la secouait comme une vulgaire poupée de chiffon. Ses doigts touchèrent une barre de métal et sans réfléchir une seule seconde, elle la saisit et frappa l'animal de toutes ses forces. Il finit par lâcher prise, sonné. Une fois sur ses genoux, Jessica laissa son instinct de survie s'exprimer.

Elle assomma le chien avec son arme et une fois à terre, elle saisit son revolver et lui tira trois balles. Tout s'était produit très rapidement, si bien que la jeune fille ne savait pas ce qu'elle faisait.

Jessica s'adossa à la voiture. L'adrénaline laissait vite sa place à la douleur. Son bras pissait littéralement le sang. Son but avait changé, le 4X4 attendra. Elle se fit un garrot pour couper l'hémorragie et commença à nettoyer sa blessure. Elle mit la vodka du vieux sur sa blessure pour essayer de désinfecter sa plaie et commença à se recoudre seule. Elle n'avait pas de mot pour décrire la douleur qu'elle subissait. Son aiguille s'enfonçait dans sa peau et ressortait, ficelant les tissus entre eux.

Une fois cela fait, elle reprit la barre de fer, le cadavre du chien et partit vers le 4X4 où elle avait laissé la majorité de ses affaires. Elle défit son garrot et la plaie se remit à saigner de plus belle. Elle perdait beaucoup de sang. Une fois arrivée, elle posa tout et partit chercher de quoi se faire un feu au plus vite. Elle allait cautériser sa blessure.

Du journal, des pieds de tables et de chaises, tout ce qui pouvait brûler était pris. Elle déposa le bois et le journal, versa le peu d'essence qu'elle avait sur le tout et le fit brûler avec son Zippo avant de mettre sa barre au feu. Elle remit son garrot, retira rapidement les fils et nettoya la plaie en attendant que la barre soit chauffée à blanc.

Lorsqu'elle fut prête, son bras commençait à devenir bleu. Sans gants, elle la retira du feu et l'approcha de son bras droit. Elle tremblait. Puis, le plus soudainement possible, la posa contre son membre.

Sous la douleur insoutenable, Jessica hurla de toutes ses forces. Son sang bouillonnait pendant que ses tissus fusionnaient ensemble sous la chaleur. Elle n'avait rien connu de tel. L'adolescente lutta contre la syncope pendant qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps. Elle retira enfin le fer à blanc de sa peau et tituba vers la pharmacie la plus proche. Elle ouvrit le premier paquet de bandage qui lui est tombé sur la main et commença à se bander délicatement le bras après s'être désinfecté avec de l'alcool pur cette fois.

Pendant qu'elle s'exécutait, elle tremblait comme une feuille. Les larmes roulaient sur ses joues et tombaient sur le sol. En vingt-quatre heures, sa vie a été plus que douloureuse. Si seulement elle avait su dans cet épicerie minable ce qu'elle allait vivre...

Elle revint au 4X4 et commença à vider l'animal qui l'avait attaqué et découpa ce qui était comestible avant de les faire cuire sur le feu. Le goût était horrible mais tout ce qui comptait à présent était de vivre. Ces deux événements lui avaient bien appris. Jamais elle ne se serait sentie capable de le faire. Jamais elle n'avait soupçonné être comme ça. En moins de vingt-quatre heures, elle avait l'impression d'être quelqu'un de différent.

Jessica ne repartit pas dans le souterrain préférant dormir quelques heures pour se reposer de ce qu'elle venait de vivre.

Le lendemain, elle vérifia l'état de son bras. Elle ne saignait plus et ça ne s'était pas infecté. Mais sa peau formait un dessin répugnant en plus de la douleur toujours bien présente. Mais ce n'est pas ça qui allait l'écarter de son but. Elle repartit vers le parking sans attendre ;

En chemin, elle tomba sur un duo très bien armé. Fusils d'assaut et gilets pare-balles. Ils étaient sur sa trace. Le sang qu'elle avait perdu les amenait tout droit vers le 4X4. Il fallait qu'elle trouve absolument qu'elle se dépêche si elle ne voulait pas être découverte.

La jeune fille siphonna trois voitures. Le goût de l'essence était horrible en bouche mais elle ne s'arrêta pas pour essayer de l'estomper. Elle fit plusieurs allers-retours entre le parking et le 4X4. À la troisième fois, elle prit un partie du cadavre du chien non cuite et la saigna et effaça ses propres traces pour mettre ses traqueurs sur un fausse piste en espérant qu'ils la suivent.

Elle vida le plus d'essence qu'elle pouvait dans la voiture et essaya de la démarrer au fils. Pour une fois, la chance lui sourit. Le moteur vrombit et elle pouvait enfin partir de cette maudite ville. Elle retira le frein à main, appuya sur l'accélérateur et s'enfuit le plus rapidement possible.

C'était la première fois que la jeune fille conduisait quelque chose de motorisé. Le stress d'une première conduite mêlée à l'excitation lui tenaillait le ventre alors que sa voiture s'élançait à 70 km/h. Ses mains devenaient de plus en plus moites alors que de nouveaux horizons se profilaient devant elle.

La ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant