Chapitre 9 : Jour Sanglant

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Un jour après la mort des enfants...

Ethan et Mary regardaient le feu de camp l'un contre l'autre silencieusement. Les parents étaient partis dans la tente pour pleurer. Les souvenirs des deux petits anges refaisaient surface à chaque instant. Les yeux pleins de larmes qu'il retenait, il serrait fort la jeune femme. Elle tremblait. Elle devait certainement les imaginer encore attachés sur le tronc de l'arbre, leur crâne transpercé, la bouche pendante et pleine de mouche, leur corps déchiqueté par les corbeaux et autres charognards. Rien que d'y penser, Ethan en avait la nausée. Ses larmes roulèrent sur ses joues et tombèrent dans les cheveux blonds.

Mary leva la tête et regarda le visage éploré de celui qu'elle aimait. Elle n'aimait pas le voir dans cet état, mais elle le comprenait. Jamais elle n'aurait pu faire le quart de ce qu'il faisait pour elle, pour le groupe. Jamais elle n'aurait eu la force de vivre si elle avait traversé les mêmes épreuves que lui. Jamais elle n'aurait pu survivre sans lui.

- Chhhhut... Tu as fait ce qu'il fallait, murmura t'elle en essuya ces larmes.

Ethan sourit tristement. Il savait qu'il n'avait pas eu le choix mais la culpabilité le tenaillait toujours. Il ne savait même pas comment il avait été capable d'une telle monstruosité. Comment ils pouvaient encore voyager avec lui après ce qu'il venait de faire.

Mary posa ses mains sur ses joues et le regarda intensément, d'un regard que le jeune ne pouvait déchiffrer. Lentement, leurs visages se rapprochèrent et leurs lèvres se s'effleurèrent mélangeant les larmes à leur baiser. La jeune femme regarda Ethan et celui-ci déposa un baiser sur son front, un symbole pour lui dire qu'il sera toujours là pour la protéger, quoi qu'il arrive. Mary se blottit contre le torse du jeune homme. Leurs doigts s'entremêlèrent. Ils n'avaient pas besoin de mots pour dire ce qu'ils ressentaient. Une heure plus tard, le silence assoupi régnait sur leur camp.

Ethan regarda le visage d'ange de la jeune blonde, avec la conviction qu'il ne la laisserait jamais seule dans le danger, qu'il ne la laisserait jamais tomber. Il entendit les sanglots de la mère en deuil qui pleurait dans son sommeil dans les bras de son époux. Comment la situation pouvait-elle déraper autant en quelques mois ?

En ce monde, la mort prenait les Hommes un par un, sans prévenir. Elle les rendait fou, les poussant à s'entretuer. Elle les infectait par un insidieux poison, forçant les membres d'une même famille à tuer l'autre pour survivre. L'amour, la compassion, n'étaient plus que de vagues souvenirs tel une bougie au milieu d'un immense et épais brouillard. La mort pouvait surgir derrière un buisson, au détour d'un tournant et prendre le premier venu sans que personne ne puisse y changer quelque chose.

Tuer ou être tué... Le vieil adage n'avait jamais eu autant de sens en ce bas monde...

Cette nuit-là, il ne trouva pas le sommeil, hanté par les visages fantomatiques de ces deux enfants en décomposition.

*

- À genoux !, cria un garde.

- Ce n'est pas la peine, dit le chef en foudroyant le garde d'un regard assassin. Ethan, pourquoi viens-tu en ces lieux ?

- Je viens, avec mon groupe, te proposer un marché

- Quel genre de marché ?

Mary se décala du rang et regarda Ethan, troublée. Il n'avait jamais évoqué de marché.

- Tu as des opposants, c'est évident. Tu as des ennemis et pas mal de gens veulent ta mort. On a qu'à regarder ta place et admirer ses décorations pour s'en rendre compte. Ma proposition est simple : nous tuons et nous te rapportons la tête de qui tu veux, mais, en retour, je veux avoir assez d'essence, de vivre et de munitions pour me rendre tranquillement au...

La ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant