1

10 2 2
                                    

Aujourd'hui est un jour comme les autres, un lundi comme tous les autres ; enfin en apparence. Je me lève avec une boule au ventre comme chaque matin, je m'habille simplement avec un jean et un t-shirt. Il fait encore chaud à cette période de l'année. Je descends en regardant si mon père n'est pas dans les parages. Heureusement pour moi, il n'y a personne autre que mon petit frère et ma petite sœur. Ils mangent silencieusement leur petit-déjeuner. Je m'installe avec eux et je mange. Ma mère entre dans la cuisine où nous nous trouvons, elle embrasse les petits mais ne me regarde pas. Comme d'habitude je n'existe pas. Je baisse les yeux vers mon petit déjeuner et me dépêche de le terminer pour partir le plus vite possible.

Une fois dehors, je peux respirer. Je rejoins mes amis qui m'attendent un peu plus loin. Plus j'avance vers eux plus la boule dans mon ventre prend de la place. Je ne comprends pas trop ce qui se passe car, normalement quand je suis avec eux je me sens moi et cette boule disparaît. Kaya passe son bras autour de mon cou et me serre contre elle alors que je baisse la tête vers mes pieds.

_Ça ne va pas ? Ça voix est douce et elle m'apaise peu à peu mais la boule dans mon ventre ne disparaît pas. Tu fais une tête d'enterrement.

Je ne réponds pas, c'est en levant la tête que je me rends compte que Zoé n'est pas là. Je me sens débile, c'est toujours la première à me sauter dessus et elle n'est pas là. Comment j'ai pu ne pas le remarquer plus tôt ?

_Elle est où Zoé ? Je demande en regardant Lucas qui marche devant nous.

Son frère est la raison pour laquelle il marche devant nous, je le sais, je le connais. Il ne se retourne pas mais il hausse les épaules pour me répondre. Kaya ne répond pas non plus à ma question et je me demande bien pourquoi Zoé n'est pas parmi nous aujourd'hui. Je me rends compte que je n'ai pas parlé à Zoé de tout le weekend et ça me rend triste.

On arrive devant le lycée et on se sépare pour rejoindre nos cours. Tout le monde me regarde, je ne comprends pas pourquoi, d'habitude je suis plutôt du genre invisible aux yeux de tous. A peine installé qu'une des pionnes me demande de la suivre. Je regarde mon prof, monsieur Blind, il me sourit. Ce sourire ne me rassure pas, il cache quelque chose de grave et ça m'angoisse. Je prends mes affaires et suit la surveillante qui essaye de me rassurer mais elle m'angoisse encore plus que le sourire de mon prof.

Elle m'emmène dans le bureau du directeur et je n'aime pas ça étant donné que le directeur est mon père. Au lycée, il ne montre pas ce qu'il est. Il montre un homme strict mais gentil alors qu'en vérité, c'est un monstre. J'aperçois Kaya et Lucas en arrivant, ils se tiennent debout et se regardent sans prononcer un mot, et quand j'entre dans la petite pièce qui sert de salle d'attente, ils me regardent. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de pleurer, la boule dans mon ventre devient énorme, j'ai l'impression que mon ventre va exploser et que mon cœur va s'arrêter de battre dans ma cage thoracique. Je crois que je suis au bord de la crise d'angoisse. Bon Dylan ressaisis-toi merde, ce n'est pas le moment de faire une putain de crise d'angoisse. Pas devant lui.

En parlant de ce connard, il nous ouvre la porte pour que l'on entre. Je laisse passer mes amis essayant de me reprendre puis j'entre. Je laisse mes amis s'asseoir et je reste debout, je le regarde et il me regarde. C'est tellement bizarre cette situation, j'évite son regard depuis mais dix ans et là, je me retrouve dans son bureau à le regarder droit dans les yeux.

_Dylan assieds-toi, s'il te plaît. Il est doux et ça me donne envie de gerber. Je ne veux pas qu'il soit comme ça avec moi, avec qui il veut sauf moi.

_C'est bon dis-nous c'est quoi le problème qu'on puisse se barrer. On a des exams, je ne sais pas si tu es au courant mais on prépare un putain de diplôme, je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Je ne sais pas avec quelle force je sors ces putain de mots de ma bouche, mais je la trouve.

Il me regarde avec des yeux noirs, et si mes amis n'étaient pas là, il m'aurait déjà envoyé à l'hôpital ou peut-être même tué. Malgré ses yeux qui me foudroient, je ne cède pas.

_Dylan assieds-toi. M'ordonne-t-il d'un ton ferme.

Je lève les yeux alors que Kaya agrippe mon bras. Je m'assois en soufflant, Lucas me regarde, je n'ai pas besoin qu'il me parle pour comprendre qu'il est inquiet pour moi et qu'il flippe pour ce qui m'attend ce soir. Je lui souris pour qu'il ne s'inquiète pas mais je sais que ça ne change rien. Il sait de quoi mon père est capable.

_Bien. Il regarde chacun de nous avec un air grave. Votre amie Zoé n'est pas rentrée chez elle vendredi après les cours, personne ne sait où elle est, on pense qu'elle a fugué. Comme vous êtes ses amis les plus proches, je tenais à vous le dire avant que la police ne s'en charge. Vous allez tous les trois être interroger ainsi que les élèves de sa classe.

Je n'écoute plus, ça y est, la boule dans mon ventre a explosé. Zoé a disparu... Je me sens tellement mal, j'ai envie de pleurer, de crier, de retourner ce putain de bureau. Je n'ai pas de nouvelles de ma meilleure amie depuis trois jours et je ne m'inquiète pas. Je ne suis qu'une merde. J'aurais dû comprendre qu'il y avait un problème, qu'il y a un problème. On s'envoie des messages tous les jours comment ai-je pu être aussi bête... On se lève tous les trois en même temps sans rien se dire parce que nous n'avons pas besoin de parler, on a la même chose en tête. Partir nous réfugier dans notre endroit. Celui que personne ne connait à part nous quatre. C'est notre refuge, le seul endroit où on se sent protéger, où personne ne peut nous atteindre. Alors c'est sans un mot qu'on sort du lycée. Kaya me prend la main et celle de Lucas et on se regarde, on se regarde parce que c'est la seule chose qu'on est capable de faire à ce moment-là.

Way Of TruthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant