Peur du noir

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Cet OS a été réalisé dans le cadre d'un jeu du FoF. Il fallait le réaliser en une heure d'après le thème Obscur. Hésitez pas à me MP pour plus d'informations.

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Alors qu'elle effleurait son septième printemps, Marinette Dupain-Cheng se réveillait la nuit et allait se glisser dans le lit de ses parents endormis. Elle se blottissait dans les petits bras de sa mère, et observait le visage serein et sécurisant de son père. Et puis, elle se rendormait, oubliant momentanément la peur qui l'avait tiré du plus profond de son sommeil.

Le lendemain, lorsqu'elle se réveillait, elle croisait les regards inquiets de ses deux parents, avant de se mordre nerveusement les lèvres. De sa petite voix enfantine, elle s'excusait timidement, et essuyait ses yeux humides. Alors, les boulangers la serraient dans leurs bras, et l'intrusion nocturne était oubliée. Du moins, jusqu'à la nuit suivante, quand elle revenait se lover entre eux deux.

« J'ai peur du noir... » avait-elle murmuré, si faiblement que Tom avait failli ne pas l'attendre. Attendrie, il l'avait reconforté, et jamais la petite n'en avait reparlé.

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Alors qu'elle caressait l'aube de l'adolescence, ses peurs nocturnes s'en vont. Du moins, ce fut d'abord ce que crurent ses parents. Quoiqu'il en soit, elle ne se levait plus la nuit pour venir quémander leur sureté, et elle ne disait plus rien au petit déjeuner. Soit elle n'était plus la petite fille qui ne jurait que par son précieux papa, soit elle n'avait plus peur.

Tom Dupain préféra opter pour la deuxième solution. Il était bien trop protecteur envers sa petite princesse, et l'idée qu'elle puisse ne plus avoir besoin de lui comme elle en avait eu besoin par le passé le mettait mal à l'aise. Non, non. Marinette était encore une petite fille. Sa petite fille.

« Tu as toujours peur du noir, Marinette ? » avait-il demandé une fois.

Elle avait haussé les épaules, lui lançant un léger sourire qui ne répondait pas à sa question. Comme elle n'avait pas répondu, il avait pris ça pour un non. Si seulement il savait ...

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A quinze ans, elle est une super-héroïne et elle sauve Paris tous les jours du joug du terrible Papillon. Elle virevolte, sourit, lance son yo-yo magique, fait des pirouettes, adresse un signe à la caméra. Elle n'a plus le temps de penser à elle. A sa ridicule peur.

Au contraire, elle se soucie plutôt de ses amours. Son admiration malsaine pour Adrien qui se transforme en un amour formel, un peu particulier, et ce semblant de romance qui s'installe entre elle et Chat Noir, son fidèle partenaire. Le désir et la passion. Les sourires de l'un, les lèvres de l'autre. Elle rougit, sourit, se mordille la lèvre, entortille ses cheveux. Et elle a tout le temps de penser à sa peur quand Paris revêt son manteau de charbon.

La nuit, lorsque l'adrénaline n'est pas retombée, et qu'elle fixe le plafond, elle frissonne.

Obscur.

Tout était si obscur. Si noir. Si calme. A la fois paisible et alarmant. Le silence résonnant, angoissant. Elle entend une planche craquer quelque part dans la pièce, et elle se cache sous sa couverture. Elle plisse les yeux, et laisse les minutes passées. Puis, rien ne bouge dans la pièce. Alors, elle ressort des draps, et essaie désespérément de dormir, faisant abstraction du noir autour d'elle.

Quelle trouillarde. C'était donc ça, la super-héroïne de Paris ? Une adolescente effrayée par l'obscurité ? Ridicule.

Elle serre les dents, et soupire. A quoi bon ? Sans le masque, elle n'est rien, de toute façon.

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Lors d'une soirée de patrouille, alors qu'elle a tout juste dix-sept ans, ils sont prêts à mettre la main sur le Papillon. Celui-ci rode dans les rues de la ville endormie, et les charrie narcissiquement. La lune est cachée ce soir, et il fait méchamment sombre. Le ciel se voile de nuages noirs, prémices à la tempête et à la bataille à venir.

« On devrait se séparer. On trouverait le Papillon plus facilement ainsi. »

« Non ! » rugit-elle, et il se retourne vers elle, intrigué.

Il s'approche lentement d'elle, et prend conscience de ses traits déformés par la ... Par la peur ? Sa lady aurait peur ? Sans trop se poser de question, il met ceci sur le compte du combat à venir. Bien sûr. Lui aussi avait peur. De la perdre. De perdre son Miraculous. De mourir. De tellement de choses.

Alors, il ne dit rien. Il la prend dans ses bras, et loge ses lèvres dans son cou pour l'apaiser. Il connait ses faiblesses, et ses baisers ont le mérite de l'apaiser. Lorsqu'elle se détendit entre ses bras, il sourit.

« Tu as le droit d'avoir peur, Ladybug. C'est humain. Après tout, nous ne sommes que deux pauvres gamins pris dans une guerre qui nous dépasse. C'est normal d'avoir peur. Moi aussi j'ai peur. »

Elle relève son visage vers lui, rencontre son regard émeraude. Sourit doucement.

« De quoi as-tu peur, princesse ? »

Quémande ses lèvres. Les rencontre et frémit à son contact. Les relâche pour reprendre son souffle, et réfléchir à la réponse qu'elle allait lui donner.

« De tout. » répondit-elle simplement, et cela suffit à le faire taire.

Au lieu de continuer à la questionner, il sert fort sa main et lui fait un sourire rassurant.

Tout allait bien aller, non ? Ils battraient le Papillon, se marieraient, auraient une myriade d'enfants, et plus jamais elle n'aurait peur. Pas plus du noir, que de la mort, ou de la solitude. Parce que c'était ça, pour elle. Le noir, c'était la couleur de la malchance, du trépas, de l'angoisse. Et elle détestait cette couleur. Plus que tout. Depuis toujours. Et probablement à jamais.

Timidement, elle entrelace ses doigts à ceux d'Adrien, et sourit pour se donner du courage.

Ce soir, elle oublierait sa peur, et combattrait son ennemi juré. Demain serait un autre jour. Demain un soleil éternel se lèverait qui rayerait à jamais l'obscurité qui la terrorisait tant.

Fondant dans la nébulosité, côte à côte avec son partenaire, elle se sentait forte. Ils allaient gagner. Pas le choix.

Miraculous Ladybug - Recueils d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant