22/ Brutalisée

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La porte s'ouvrit alors dans un grand fracas et laissa apparaître un Rafael, plus sombre et plus en colère que jamais.

- C'est bien ce que je pensais.

Fais pas la maligne, intervint ma conscience. 

 - Laissez-nous, ordonna-t-il à ses hommes.

Il retourna ensuite s'asseoir derrière son bureau et me montra d'un signe de la main la chaise en face de lui. 

Il me laissait visiblement encore quelques secondes à vivre.

- Alors comme ça, mes hommes ont fini par te retrouver.

- Pas vraiment, tempérai-je. J'étais en train de rentrer quand ils m'ont sautée dessus.

- De rentrer ? Tu te moques de moi ? 

Sa voix s'était faite menaçante, apparemment il n'aimait pas trop qu'on se moque de lui.

- Non j'étais juste partie...prendre l'air.

- Prendre l'air ? cria-t-il, hors de lui.

- Euh...oui.

Il cogna violemment son poing contre le bureau ce qui fit trembler tous les meubles de la pièce et moi par la même occasion. Je déglutis, mal à l'aise devant son énervement progressif.

- Putain Lara ! On ne prend pas l'air pendant une journée ! Arrête de te foutre de moi !

- Je...cette vie...je n'en pouvais plus. J'avais besoin de prendre une pause, de...

- Arrête de me mentir ! hurla-t-il.

Sa voix résonna dans toute la pièce, et je ne pus m'empêcher de penser que mon heure arriverait bientôt. Et le pire était que c'était en parti vrai. Oui, j'étais partie pour la mission mais voir ces images à la télévision, me rappeler que j'avais tué des hommes, que Rafael avait tué des innocents...cela en était trop pour moi.

- Tu ne peux pas comprendre, évidemment ! m'exclamai-je à mon tour. Pour toi c'est normal de tuer ! Tu n'éprouves aucun remord après l'avoir fait ! Mais je ne suis pas pareille que toi, bordel ! J'ai un cœur, des sentiments ! 

- Ah oui ? Toi, tu as un cœur ?

Je restai quelques secondes muette, ne comprenant pas où il venait en venir.

- Ce n'est pas moi qui tue tous les jours des hommes, des femmes et des enfants, bordel ! Ce n'est pas moi qui vends cette merde qui tue encore plus de personnes !

- Toi aussi tu ne comprends pas Lara, répondit-il, calme face à ma fureur. Tu ne comprends pas que c'est la seule manière de survivre, ici.

- Rafael. Est-ce que tu as fait tuer la vieille femme ? 

- Qui ça ? 

C'est vrai, excusez-moi, j'avais oublié qu'il tuait tellement de monde qu'il se mélangeait les pinceaux.

- Maria Hernández.

Son nom était resté gravé dans ma mémoire. Ainsi que ses dernières paroles. 

Une lueur indescriptible apparut dans le regard de Rafael avant de repartir tout aussi vite.

- Oui. 

Son ton tranchant ne laissait aucun doute quant au fait qu'il détestait cette femme, il la connaissait peut-être plus que je ne l'aurais imaginé. Et il n'avait aucun remord. 

- Qui était-elle pour toi ? 

Ce fut la question de trop. Rafael se leva précipitamment, s'avança dangereusement vers moi et m'entoura la gorge d'une de ses grandes mains.

- Personne. 

- Pourquoi l'as-tu...

- Que t'a-t-elle dit ? me coupa-t-il.

Je ne répondis pas, sachant d'avance qu'il se mettrait encore plus en colère si je lui disais la vérité. Je n'aurais jamais dû m'avancer sur le sujet de cette femme, apparemment fâcheux

- Réponds-moi. Immédiatement.

Sa prise se resserra autour de ma gorge et je suffoquai quelques secondes. Il desserra ensuite sa main pour me laisser parler.

- Qu'elle...qu'elle m'a aidée...parce que je te...connais, dis-je en ayant du mal à reprendre ma respiration.

Il me dévisagea quelques instants pour voir si je mentais ou non puis de sa main libre me fit me lever et me plaqua contre le mur en me serrant toujours la gorge. 

- J'en ai assez de tes mensonges. 

Son visage s'approcha un peu plus du mien tandis qu'il recommençait à resserrer sa prise. Plus longtemps cette fois-ci. L'air me manqua et un feu lancinant se développa dans ma gorge, ravageant tout sur son passage. 

J'avais besoin d'oxygène...oxygè...oxy...

J'avais de plus en plus de mal à penser de façon cohérente, mon cerveau ne se concentrait que sur cette douleur mordante qui se propageait jusque dans ma trachée. J'avais envie de crier, mais j'en étais incapable. J'ouvrais ma bouche mais aucun son ne parvenait à sortir. 

J'agonisais. 

Mon regard chercha celui de Rafael qui me tuait à petit feu d'une manière barbare et cruelle. Il était entré dans une rage folle, et rien qu'à son regard de tueur je sus qu'il serait impossible de le décolérer. Il était déchaîné, sur le point d'exploser. 

Sa main ne cessait de me torturer. Je ne l'avais jamais vu aussi sauvage, aussi sanguinaire. 

Une larme, seule, coula le long de ma joue et je vis le visage de mes parents derrière mes paupières fermées. 

Mon cœur ralentit sa course effrénée, aussi faible que moi, à cet instant. J'allais succomber, asphyxiée, à une lente et épouvantable mort. Mes yeux s'étaient fermés d'eux-mêmes et le chant de mon cœur qui ne cessait de ralentir m'intimait de me calmer, de sourire à la mort. 

Un dernier sourire vint orner mon visage puis je m'écroulai au sol.

Rafael venait de me lâcher. 


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N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre ! ✍️ ❤️

Odiame TOME 1 - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant