2- Ça.

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Jour 2 :

Le réveil est rude ce matin. Les rayons du soleil traversent mes rideaux bleus et viennent m'éblouir alors que je tente d'ouvrir les yeux. L'horloge sur ma table de chevet m'annonce 10 heures. Les événements de la veille m'avaient assommés. Je me tourne sur le dos et tends brusquement mes bras pour m'étirer.

« AIIIIIE ! Mais tu peux pas faire gaffe !»

Ah oui. J'avais oublié. Astrid avait dormi à la maison. Et je venais de lui mettre une légère baffe. Dur réveil ...

« Oups ! Désolé je t'avais oublié... »

Elle me lance un regard noir, et tente péniblement de se relever, s'appuyant sur ses coudes. Assise en tailleur sur mon lit, j'observe les traits pas très frais de ma meilleure amie. Ces cheveux bouclés forment une énorme boule au dessus sa tête, la même coupe que les Jackson Five mais en roux. Beaucoup moins classe...

«- Tu vas me mater toute la journée ? Non parce que j'ai faim là, ronchonne-t'elle à peine réveillée. »

J'esquisse un sourire et me lève doucement. Une fois debout je m'étire de nouveau en faisant bien attention à ne percuter personne. Je me dirige ensuite vers mes rideaux et les ouvre en grand d'un coup sec.

« - Aaaarrrrrgggghhhh ! La lumière ! Noooon !

- Bah alors ? C'est pas toi qui voulait te lever ? Je joue d'une mine faussement intriguée. »

Astrid grogne, la tête enfouie sous la couette, alors que je jubile de la situation. Elle n'a jamais été du matin, et la mettre de mauvaise humeur était un jeu d'enfant.

Je récupère mon lapin géant que ma colocataire de lit avait violemment jeté au sol prétextant que c'était sa place. Mon lapin s'appelle Lapinou. Originalité ? Zéro. Et je n'ai pas l'excuse de son ancienneté, vu qu'il datait de seulement quelques mois. Il avait été mon cadeau de Noël de la part de Raphaël. Pourquoi je le garde ? Franchement ? Il est beaucoup trop mignon pour que je le jette ou le mette à la cave !

Nostalgie le retour.

Je fais un bisous sur le haut de la tête de Lapinou, et l'installe confortablement à ma place. Astrid me regarde faire à travers les plis de la couverture, mais ne dit rien. Je sais déjà ce qu'elle en pense.

« - Bon alors on y va ? Je lui lance déterminée.

- Mmmmmhhhhh

- Peut être qu'on pourrait manger des pancakes ...? J'essaie certaine de mon effet.

Le haut de son crâne apparaît, puis son visage entier. Ses longues mains maintiennent la couette bleu nuit sous son menton, prête pour une prochaine attaque lumineuse.

« - Avec du sirop d'érable ? Demande-t'elle les yeux brillants.

- Tu ne le sauras jamais si tu ne te lèves pas ! Je réponds en allant vers les escaliers. »

Mon lit grince, et je l'entends se lever et se précipiter à ma suite. J'entre dans la cuisine noire et blanche, et retrouve mon frère appuyé sur le plan de travail et touillant sa mixture. Vêtu d'un polo blanc et jaune sur un short en jean, Louis avait surmonté le tout du tablier rose à coeur de ma mère. Ses cheveux châtains lui retombe sur le front et ses yeux restent concentrés sur son mouvement.

Astrid et moi nous installons au bar et l'observons attentivement dans le plus grand silence. Louis n'a jamais été fort en cuisine et j'ai toujours peur de m'intoxiquer.

Il se retourne calmement et nous remarque enfin, il hausse un sourcil puis reprend son activité.

«- Wouah ! Quel accueil ! Bonjour quand même ! Je dis du haut de ma chaise.

- Oh excuse moi de vouloir préparer un bon petit déjeuner à ma sœur chérie ! Rétorque t'il sarcastique.

- Tu prépares quoi ?

- Pancakes.

C'est une première. Je me mets debout sur mon tabouret et tente d'apercevoir l'intérieur du bol de mon frère. Pour une fois rien n'avait l'air de flotter, pas de bulle bizarre, ni de couleurs étranges. Se peut il qu'il ait réussi ?

La poêle sur le feu, je sors des assiettes et des verres, accompagnés de jus d'orange et de garniture pour les pancakes. Leurs douces odeurs embaument petit à petit la pièce pendant que je résiste à l'envie de baver. J'entends alors le bruit du ventre d'Astrid retentir.

« - Wouaaaah ! C'était puissant ça ! T'as pas mangé depuis quand ? S'exclame mon aîné. »

Astrid est rouge pivoine, puis répond :

« - C'est pas ma faute ! Tu mets trop de temps !

- Gngn « c'est pas ma faute, tu mets trop de temps », imite mon frère d'une voix aigrelette. »

Astrid lui tire la langue telle une enfant tandis que Louis nous sert nos premier pancakes. L'eau à la bouche je le tartine de chocolat et l'enfourne dans ma bouche sous l'oeil attentif d'Astrid.

« - Ch'est bon ! Mais ch'est croquant t'as mis quoi d'dans ?

- Ah ça doit être les coquilles d'œufs, ils disaient de le mettre entier. En plus c'était dur à casser ce truc ! M'explique t'il très sérieux. »

J'assimile peu à peu ses paroles avant de m'arrêter brusquement. Rapidement je descends de mon tabouret et me précipite vers l'évier où je crache ce qui me reste dans la bouche.

Je mange des coquilles d'œuf.

C'est super.

Derrière moi, j'entends le rire de ma meilleure amie. Je me retourne, accoudée à l'évier et lui lance un regard meurtrier, tandis que Louis me lance un regard empli d'incompréhension. Je secoue la tête et abandonne mon repas. Je me dirige vers la salle de bain laissant Astrid tout expliquer à mon aîné.

Une vingtaine de minute plus tard je sors de la douche, laissant la place au prochain. Je m'installe en serviette sur mon lit, et prends mon téléphone. J'ai un message de ma mère. Elle et mon père sont partis dans la ville où réside mon campus universitaire. Ils sont allés chercher les clefs de mon appartement de cette année.

Étudiante en histoire de l'art, j'avais décidé de prendre un appartement en colocation pour éviter de me sentir trop seule. J'ai opté pour un 40 mètres carrés avec balcon. Je n'ai encore jamais rencontré mon colocataire ou ma colocataire mais j'ai bien hâte. Je m'y rends dans quelques jours pour commencer à tout aménager mes affaires, et pour mieux connaître la ville et le campus. Penser à tout cela me rendait euphorique.
Je réponds rapidement au message de ma mère lui demandant de m'envoyer le nom de mon ou ma future colocataire.

Je me lève et cherche dans mon armoire les vêtements que je porterais aujourd'hui. J'en tire une chemise à carreau rouge et noir, et un jean uni troués aux genoux, noir également. J'enfile le tout et arrange de mes doigts mes cheveux. À ce moment là, Astrid entre dans ma chambre, propre et prête.

«- Bon alors quel programme aujourd'hui ?

- Programme carton ! Je pars dans 3 jours et je n'ai rien fait ! »

Ma meilleure amie me regarde blasée, avant de s'élancer en étoile sur mon lit.
Aie aie aie, c'est mal parti...
Pendant que je sors la pile de carton vide de mon placard mural, mon téléphone émet une notification.

« - C'est qui ? Je demande à ma meilleure amie.

- Ta mère, elle t'a envoyé un nom « Noa Marty », tu le connais ?

- C'est la personne avec qui je partage l'appartement, cherche sur Facebook son profil. Ça doit être une fille vu le nom. »

Je me hâte de déposer les cartons au sol, et commence à les monter.

« - Woaaaaaah ! Tu vas vivre avec ça ?

- Qu'est ce qu'il se passe ? Elle est moche ? »

Elle descend du lit et s'approche de moi, en me tendant mon téléphone. Ses yeux brillent d'excitation tandis que je le récupère et observe le cliché.

Ah oui. Je la comprenais mieux maintenant.
De 1. Noa n'est pas une fille mais un garçon.
De 2. Il était juste BEAUCOUP TROP BEAU.
De 3. Mon Dieu aidez moi je vais vivre avec ÇA !

Mysterious Lover Où les histoires vivent. Découvrez maintenant