Chapitre 1.2 : une journée ordinaire

23 1 0
                                    

Je sais que je devrais crier, me débattre ou simplement lui foutre une énorme baffe mais la vérité c'est que je commence à m'habituer à ce genre de marques d'affections. Comprenez-moi, ça faisait déjà quelques années qu'il avait décidé de jeter complètement son dévolu sur moi et qu'une main sur mes genoux n'était pas la pire chose qu'il m'ait faite. Du coup plus le temps passe plus j'essaye de faire comme si tout ça n'existait pas et que c'était simplement de la drague très poussée ou bien des gestes de protections. Bref encore une fois je ne dis rien et j'attend que l'heure passe pour qu'enfin sa main se retire.

Heureusement, la sonnerie sonne enfin et Vanlou nous libère enfin, ce qui signifie que j'ai deux heures de cours d'histoire de l'art, les autres ont aussi options et vu la tête d'Annie cette perspective ne semble pas vraiment l'enchanter :

-Je déteste le latiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin !!!!!!!!!!!!! hurla t'elle en poussant son dictionnaire de traductions au fond de son sac.

-Franchement je ne comprend toujours pas pourquoi tu t'obstines à faire plaisir à tes parent, lui répondis-je, pourquoi tu ne leurs dit pas que tu déteste le latin ?

-Bof, j'ai déjà fait quatre ans c'est pas pour les deux qu'il me reste que je vais chipoter.

Victoria saisis son livre d'espagnol tout en lui répondant :

-Tu aurais dû faire comme nous, regarde : Diego fait du théâtre, moi je parle déjà couramment l'espagnol et Alice balance des pots de peintures sur des morceaux de tissus en appelant ça de l'art...

-Pollock est un artiste reconnu et...

-On s'en fiche ! Faire du latin est stupide, surtout si c'est pour faire plaisir à tes parents !

Victoria prononça cette phrase en hurlant et la moitié des blondes siliconées qui composent notre classe se retournent vers nous en haussant leur sourcils parfaitement épilés.

Ha oui ! J'ai oublié de vous parlez d'elles. Mon école est dirigée par une bande de filles superficielles qui ses sont auto-proclamées "princesses", meilleure amies pour la vie et dont la petite bande (le club P) s'amuse à terroriser les autres élèves, évidemment moins cool qu'elles parce qu'ils n'ont pas les dernières fringues à la mode. Marquant leurs cahiers, leurs vêtements, les murs de l'école de leur sigle de Princesses : un P majuscule surmonté d'une couronne, ces filles brillent par leur manque de culture générale, leurs manières de salopes (excusez mon langage) avec les autres élèves et leurs minauderies auprès des professeurs.

Donc le club des pétasses se retourne vers nous en nous fixant d'un regard mauvais. Par habitude je baisse les yeux d'autant qu'elles avaient toutes choisi la même option que moi et que la perspective de me retrouver seule avec cette bande de tarées me terrorise. A mes côtés je remarque Annie m'imiter tandis que les joues de Victoria s'enflamme de honte, pour une fois elle n'apprécie pas de s'être fait remarquée. Diego, le seul sans doute à avoir encore un peu de courage, bombe le torse en soutenant leur regard et en leur disant :

-Un problème ?

Agathe (reine des princesses, pétasse parmi les pétasses ) ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt consciente que nous nous trouvions toujours en présence d'un professeur et qu'une remarque sanguinaire ne serait sans doute pas très bien vu de la part d'un membre du corps enseignant. Elle haussa donc simplement les épaules, saisit son sac Chanel et sort de la classe avec sa clique.

-Je sens que cette heure de cours va être longue et que je vais en prendre pour mon grade, je soupire

-Si elles osent te faire la moindre choses tu viens m'en parler et je leur refais le portrait, me rassure Diego en posant une main sur mon épaule. Il me regarde dans les yeux et d'un sourire me rassure complètement.

-Bon, bha nous on y va à tout à l'heure...

Victoria et Annie s'éclipse nous laissant seuls et Diego en profite pour me saisir par la main. Je regarde le sol un peu gênée. Son geste, bien que sans doute désintéressé me semble trop intime et me met très mal à l'aise.

-Diego, je...

-Je vais t'accompagner jusqu'à ta classe mon prof n'est pas la...

Lorsque Diego parle on ne discute pas, alors j'hoche la tête et on se dirige vers le bâtiment d'art plastique. Un silence très gênant règne entre nous deux et je compte les pas qui nous sépare jusqu'à la libération, je sens qu'il a quelque chose à me dire et j'appréhende ce moment car avec lui on ne sait jamais à quoi s'attendre. Il finit par s'arrêter pour me regarder d'un air grave.

-Alice, tu es une de mes trois meilleures amies. Tu es quelqu'un vers qui je peux me tourner lorsque ça ne va pas et je sais que si un jour je fais des erreurs tu me le diras, n'est ce pas ?

Rassurée par le côté normal de cette conversation j'hoche la tête et lui souris : il va sûrement me demander de m'occuper de Victoria, sa situation avec avec ce plan cul ne peut décemment plus durer. Ou alors il va me demander de veiller sur Annie, en effet elle ne semble pas vraiment dans son assiette ces derniers temps.

-Je t'écoute, tu peux tout me dire.

Je lui souris.

Il ne me rend pas mon sourire, au contraire son regard est impénétrable.

-Si je vous ai choisies comme meilleures amies c'est parce que vous présentez chacune une des trois qualités qu'une femme se doit d'avoir: Annie est très intelligente. Victoria sait mener des troupes, elle est vive et dynamique. Quand à toi tu es belle.

Je ne sais pas si je dois le prendre bien ou pas, dans le doute sourions.

- Je voudrais que cela reste comme ça aussi je te mets en garde : j'ai remarqué que tu as grossi ces derniers temps et je voudrais que tu fasses attention. Tu commences vraiment à te laisser aller.

Je le regarde choquée. Une sorte de masque impénétrable remplace son visage habituel, sa mâchoire est crispée et ses poings n'arrêtent pas de se serrer et de se desserrer. Honteuse, je baisse la tête, encore. Les mots se pressent dans ma tête mais n'arrivent pas à franchir la barrière de ma bouche, encore. Ma main est prête à partir mais mon corps est lourd et paralysé, encore. J'ai l'impression de mourir de honte, il a raison... Je n'ai que mon physique pour avancer. Si je commence à me laisser aller , je n'aurais plus personne dans la vie.

-Je vois que nous nous sommes compris. On se voit à la récré.

Il me fait un clin d'œil et me laisse seule avec ma honte.

Quelques mots d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant