Chapitre 4 : Je vais le tuer

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Okay il m'a pas appelé. Je vous jure que j'ai passé mon weekend à fixer mon téléphone dans l'espoir de le voir ne serait-ce que s'allumer pour me signifier que la batterie est plate. Bref j'ai vraiment passé le meilleur weekend de ma vie et ce mec est définitivement dans ma tête catalogué au rang de crétin. De crétin des alpes même !

En m'habillant pour aller à l'école le lundi matin je me regarde dans la glace déterminée ! S'il vient te parler, tu l'ignores ! S'il te sourit, tu l'ignores ! S'il a pensé a toi tout le weekend mais qu'il était en excursion sur mars et que du coup il avait pas de réseau, tu l'IGNORES !!!!!!!!!!!!!!!!
Je suis une wineuse, une queen !

Autant vous dire que depuis que je suis arrivée à l'école je fais beaucoup moins la maligne... Assise à mon bureau la tête posée sur les mains je ressasse encore et encore la soirée ? Pourquoi il m'a pas appelé ? J'ai dû lui faire peur ! Dire ou faire quelque chose qui lui a déplu ! Ou alors j'avais un truc coincé entre les dents pendant toute la soirée ? QU'EST CE QUE J'AI MAL FAIT !!!!!!!!!!

-  Arrête de te torturer !

Annie me sort de ma rêverie. Elle a sa tête des mauvais jour et malheureusement je peux la comprendre... Depuis ce matin elle supporte mes interrogations et mes idées noires mais elle essaye également de gérer Victoria qui elle est sur un petit nuage depuis vendredi soir. Le fait qu'Hugo ne m'ait pas rappelé est pour elle un véritable signe. Plus que ça c'est un symbole divin ! Hugo n'en a rien a faire de moi et c'est elle qui lui a tapé dans l'œil. D'ailleurs, elle a tout de suite vu qu'elle lui plaisait, il était très content qu'elle s'asseye sur ses genoux. Selon elle, ça se sentait...
Enfin bref tout ça pour dire que depuis la soirée elle nous inondait, Annie et moi, de messages dégoulinant de tendresse et d'amour pour le pauvre garçon. Quand à son sexfriend, Cédric, il était oublié, jeté au fond d'un placard  du moins pour quelques temps. Elle lui avait envoyé un message samedi matin en lui disant qu'il était bien gentil mais qu'elle n'aurait plus besoin de lui. Enfin bon ce genre de messages, ils s'en envoyaient au moins un par mois, souvent c'était lui qui lui disait qu'il avait trouvé une petite amie et qu'ils devaient donc arrêter de se voir et parfois c'était elle qui au détour d'un remord ou d'une pensée philosophique mettait un terme à leurs ébats... Mais ça ne durait jamais bien longtemps, quelques jours tout au plus.
Mais cette fois-ci je sentais bien que c'était différent, qu'elle était déterminée à avoir Hugo et quand Vic décide d'obtenir quelque chose rien ne peut se mettre en travers de son chemin. Toutes les techniques étaient bonnes : de la tenue sexy, aux déclarations passionnées, à l'utilisation du GHB,... Rien ne l'arrêterait, si ce n'est peut-être Annie et sa mauvaise humeur :

- Bon maintenant ça suffit toutes les deux ! Vous me casser les oreilles avec ce mec depuis trois jours !

- Excuse nous mais tu le verrais ! Il est tellement mignon !

Aïe, je sais pas ce qu'il a fait à cette pauvre Victoria mais elle m'a quand même l'air bien entichée de ce pauvre garçon.

- Oui mais on est pas dans un Disney, c'est pas parce qu'un beau gosse te sourit trois fois que tu dois t'amouracher de lui.

- Je suis entièrement d'accord avec toi Annie, je suis juste un peu déçue.

Et c'était vrai, je ne suis pas du tout amoureuse de lui. Son comportement me conforte simplement dans l'idée que je me fais des hommes : des beaux parleurs, souvent des lâches.
Diego arrive à son tours dans la salle de classe et s'écroule sur le bureau à côté d'Annie.

- Visiblement je ne suis pas la seule à avoir passé un horrible weekend, murmure Annie.

- Je crois que c'est d'avantage la perspective d'avoir religion qui me démoralise. Par contre j'ai quelque chose pour vous trois.

Il sortit de son sac trois barres chocolatées : une au chocolat blanc pour Annie, au chocolat noir pour Vic et avec quelques noisettes pour moi. Ravies, nous nous jetons sur les sucreries, non sans avoir embrassé Diego pour le remercier.

- Haha, je devrais vous faire des surprises plus souvent !

- En tout cas tu as illuminé notre journée, merci !

Je lui dis en faisant un clin d'œil. Malheureusement, notre professeur  entre en classe et nous rangeons rapidement notre cadeau avant de nous le faire confisquer.

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Après cette heure de cours plus qu'endormante, nous sommes enfin libérés et nous remballons prestement nos affaires. Enfin, les autres surtout parce qu'étant une artiste mon bureau est toujours encombré de dizaines de crayons, de feuilles de papier de milles couleurs ainsi que de mes vêtements, chapeau, gants et écharpes. Je roule tout en boule au fond de mon sac pendant qu'Annie m'attend et c'est les bras surchargés que je me dirige vers l'entrée de la classe.

- Tu veux bien te grouiller s'il te plait !

- Pardon, pardon !

En passant la porte je me fais arrêter par un garçon :

- Oh tient Alice ! Salut, ca va ?

Je lui fais un large sourire :

- Très bien merci, je me dépêche excuse moi.

Et je m'éloigne rapidement dans  le couloir grouillant d'élèves.

- C'était qui ? Me demande Annie.

- Je n'en ai aucune idée, je pouffe en cachant ma bouche derrière ma main. Il était surement à la soirée de vendredi.

- Tu m'énerves, je te jure que tu m'énerves !

Nous partons dans un grands fous-rire en slalomant d'avantage avant d'atteindre la grande porte pour sortir du bâtiment. Alors que je m'apprête  à saisir la poignée quelqu'un de l'autre côté me devance et je me retrouve nez à nez avec celui qui occupe mon esprit depuis trois jours. Je souffle :

- Hugo ?

Il renchérit :

- Alice ?

J'entend Annie pouffer :

- Oh putain !

On est là comme des cons à se toiser dans l'entrebâillement d'une porte et à bloquer le passage. Et tout d'un coup, je ne sais pas trop ce qui me prend, une fureur noire m'envahit :

- Ça va, t'as réparé ton téléphone ?

- Hein ?

- Bah, je sais pas mais quand une fille te donne son numéro c'est qu'elle a envie que tu l'appelles !

Hugo regarde ses pieds, tout gêné alors qu'Annie est pliée en quatre derrière moi. Moi ? Je suis mortifiée, limite je me suis fait peur toute seule. Je sens ma meilleure amie me pousser dans le dos pour qu'on dépasse le beau garçon. Dans ma tête je me répète : t'es vraiment débile ! Voila maintenant c'est mort !
Alors qu'on s'éloigne et que mon désespoir grandit, j'entend une voix m'appeler :

- Alice !

Je vois Hugo courir vers nous essoufflé, plus du tout choqué mais plutôt amusé de ma répartie.

- Est ce que je suis excusé si je t'invite à manger vendredi midi ?

- J'en sais rien je vais réfléchir. Je t'envoie un texto.

- Tu veux dire comme moi je t'en ai envoyé un ?

- Exactement !

Cette fois c'est moi qui suis amusée, Annie elle lève les yeux au ciel en regardant sa montre, je crois qu'elle commence à s'impatienter et qu'elle voudrait aller retrouver les autres pour manger. Quand à Hugo un petit sourire benêt germe sur son visage alors qu'il regagne l'entrée du bâtiment où tout a débuté. Il me fait un petit signe de la main et je sens toute la rancœur accumulée depuis trois jours disparaître. Mon cœur s'affole dans ma poitrine et j'ai soudain très chaud en le regardant s'éloigner. Dans ma tête des milliers de pensées se bousculent dans ma tête et je me retrouve moi-même un sourire imbécile collé sur le visage. Je suis en train de me faire avoir comme une bleue.

Quelques mots d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant