Dans ce genre de moment, je connaissait trois façon de réagir : celle d'Annie, la révolte, qui consistait à hurler sur Diego et à lui mettre la main dans la figure. Celle de Victoria, la provocation, qui répondait avec un sourire pervers en posant, elle aussi, ses mains quelque part sur l'anatomie du jeune homme. Et puis la mienne, la résignation, ou la lassitude appelé ça comme vous voulez le résultat était le même. Avec le temps, je m'étais auto-persuadé qu'il finirait par se lasser tout seule de son comportement malsain, qu'il trouverais une autre fille à embêter et que nous pourrions être enfin des amis normaux.
Mais les mois passaient inexorablement et malheureusement ses gestes devenaient de plus en plus intimes, plus pressant... Pas seulement avec moi, Annie et Vic se plaignaient aussi parfois de son comportement mais de nous trois c'était moi la plus atteinte.Cependant, ce jour là je changea légèrement de stratégie:
- Dégage !
Je poussa mon ami avec une grande violence si bien qu'il tituba légèrement et du s'appuyer sur un des piquets qui bordait le chemin de terre où nous nous trouvions. Ses yeux étaient exorbités et sa bouche ouverte, sans doute sous le coup de la surprise. J'étais moi même stupéfaite de mon audace et de ma force...Je n'avais encore jamais été violente avec quelqu'un comme ça.
Profitant de l'effet de surprise provoqué par mon geste, je saisis mon sac qui avait chuté dans le feu de l'action et courus aussi vite que je pouvais pour rejoindre ma salle de classe. J'avais le feu aux joues et une furieuse envie de pleurer mais bizarrement et contrairement aux autres fois où Diego avait dépassé les limites je ne sentis pas au creux de mon ventre la boule d'angoisse qui si souvent m'avait empêché de parler et de manger.
Je n'ai vraiment pas envie d'aller en cours après tout se qu'il vient de se produire mais je ne peux pas sécher ou l'école appellerait mes parents et je ne peux pas non plus les informer du comportement de Diego. Parce que je ne veuxpas qu'il ait des problèmes mais aussi parce que je sais que personne ne me croira. Ils diront qu'à part aujourd'hui je n'ai jamais clairement exprimé mon refus ou mon dégoût. Parce que c'est le sentiment, la sensation qui brûle mon corps en ce moment. Je suis complètement dégoûtée mais je suis aussi profondément en colère ! En colère contre le monde entier ! Contre mes "amis" qui n'ont rien dit et qui l'on laissé faire en tournant son comportement en blague, contre lui d'agir de la sorte, de profiter de ma gentillesse et de mon amitié à son égard pour profiter de moi et même contre moi-même pour avoir agis stupidement et pour avoir laissé faire pendant si longtemps.C'est dans cet état que j'arrive finalement devant la porte de madame Grimm, prof de français. Le cours a commencé depuis maintenant cinq bonnes minutes et je déteste arriver en retard et sentir tous les regards des élèves de ma classe braqués sur moi, principalement aujourd'hui. Malheureusement je n'ai pas le choix et la mort dans l'âme, je frappe à la porte et entre. Comme je l'ai prévu, vingt-cinq paires d'yeux (vingt-six en comptant la prof) me fixe avec exaspération. Je bredouille des excuses et me faufile dans le fond de la classe. En m'asseyant, je vois qu'Annie et Victoria me font de grands signes afin de savoir où j'étais et se que fout Diego. Ouais, elles sont plutôt douées en mimes.
Je hausse les épaules et détourne mon regard pour regarder par la fenêtre et me perdre dans mes pensées. J'espère ainsi faire passer les deux heures de cours plus rapidement..............................................................................................................................................................
Diego n'est jamais arrivé en cours, à la sortie des classes j'ai à peine échangé quelques mots avec Annie et Vic qui n'ont pas semblé remarquer mon désarroi et ma tristesse. J'ai rejoins mon arrêt de bus et attendu comme tous les jours que l'autocar bourré d'adolescent, les hormones au bord de l'explosion et fous de joie d'être enfin libérés de leur calvaire, arrive. Les quatorze minutes que durent mon trajet me semble interminable et malgré mes écouteurs vissés sur mes oreilles et la musique réglée au maximum, j'entend les discussions bourdonner autours de moi. On me bouscule, on m'écrase, on m'oppresse. Les couleurs des pulls, vestes et casquettes bariolées dansent devant mes yeux tandis que les odeurs de parfums, de déodorant et de transpiration agressent mes narines.
Le trajet de bus, c'est véritablement la dernière violence quotidienne que vit chaque adolescent après une dure journée à l'école. Une sorte de supplice de Tantale quotidien.
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Quelques mots d'amour
RomanceCeci est mon histoire, mon histoire d'amour. Celle que j'ai partagée pendant trois années avec lui, celle qui m'a forgée, celle qui m'a détruite. Ceci est mon exutoire et ma reconstruction. Ceci est mon remerciement à l'homme qui a fait de moi celle...