E L I S A B E T H
10 Juin 2006 – Huit ansJ'étais furieuse contre Elias. Nos parties de cache-cache dans le bois du mercredi étaient les nôtres, jamais personne n'était venu jouer avec nous. Nous n'avions besoin d'aucune compagnie, parce qu'on se complétait. C'est ce que font les jumeaux, non ?
Mais pour une raison inconnue, il a fallu qu'il invite ce garçon qui était devenu depuis peu son « meilleur ami ». C'était absurde. Il n'avait pas besoin de meilleur ami, puisqu'il m'avait moi. Il avait sa jumelle, et jamais nous n'avions cherché à nous faire des amis auparavant pour la simple et bonne raison que l'on était bien mieux tous les deux.
Je ne l'aimais pas beaucoup, ce garçon. Et ce garçon ne m'aimait pas beaucoup, lui non plus. Je passais mon temps à lui souhaiter malheur, il faisait de même.
Appuyée contre le mur du couloir, je tapai du pied devant Elias, lui faisant comprendre mon mécontentement. Le garçon, Ashley, était posté à côté de lui, mais je l'ignorais.
- Je ne veux pas qu'il vienne avec nous.
Chaque mercredi après-midi, après avoir déjeuné, mon frère et moi allions jouer à cache-cache dans le bois qui se trouvait tout au fond de notre jardin. Il était immense, ce bois, et Maman ne voulait jamais qu'Elias ou moi y allons seuls, ce qui était bizarre, en soi, parce que nous n'allions jamais nul part l'un sans l'autre.
- Il viendra avec nous, Elisabeth, me répondit mon frère. Il vient d'emménager dans la ville, il faut que tu sois gentille avec lui.
Je regardai froidement Ashley. Il me regarda encore plus méchamment, et s'il avait pu me tuer par ses yeux, je crois que j'aurais été morte.
- Nos parties de jeu ne sont qu'à nous, Elias, et il est hors de question que quelqu'un d'autre joue avec nous.
- Mais cache-cache, c'est nul à deux !
Du haut de mes huit ans, je pus quand même ressentir le coup de poignard dans ma poitrine. Il n'aimait pas jouer avec moi ? Il avait besoin de se chercher un ami pour jouer parce que je n'étais pas assez bien ? J'étais si nulle dans le rôle de sœur ?
Je sentis ma gorge se serrer. Maman appelait cela de l'hypersensibilité, et d'ailleurs chaque fois qu'elle en parlait, Papa la faisait taire en lui disant que je suis comme je suis et qu'il ne faut pas chercher plus loin.
Moi, je voyais juste cela comme des coups de couteau incessants.
Je levai mes yeux humides vers mon frère, et immédiatement je vis une lueur de culpabilité dans les siens. Il finit par détourner le regard.
- Allez viens Ashley, on y va.
Ashley fronça les sourcils en me regardant, et pendant une seconde la haine s'échappa de ses yeux marrons pour laisser place à de la douceur. Puis la seconde suivante, il dévalait les escaliers en suivant mon frère pour aller dans les bois.
L'avait-il vu ? Le coup de poignard ?
Je retournai dans ma chambre en me triturant les doigts. Je détestais cette facette de moi qui me faisait me sentir si faible. Je n'avais pas le droit d'être si meurtrie par ces coups de couteau à seulement huit ans.
Je les regardais par la fenêtre de la petite pièce éclairée par la lumière du dehors. Ashley comptait tandis que j'essayais de trouver Elias au milieu de la forêt. J'avais du mal à voir correctement parmi tous ces arbres lorsque soudain je remarquai une tête blonde dont le propriétaire était caché derrière un sapin. Je me mordis les joues quand Ashley, qui avait fini de compter, se mit à la recherche de mon frère. C'était moi qui devait le chercher, pas lui.
Et pourtant, une envie incontrôlable me poussa à sortir de la maison pour les rejoindre.
Tout a commencé par des mercredis après-midi dans les bois, non plus à deux mais à trois.
Hello ! Voici une nouvelle histoire que je suis heureuse de commencer ! Il faut dire qu'avec Dis-le moi, vous m'aviez motivée à fond, et cela me manquait terriblement de ne plus écrire sans vous faire lire ! Je vais m'impliquer à fond dans cette romance, j'espère qu'elle va faire palpiter vos petits coeurs. À bientôt !
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L'eau reste silencieuse
RomanceEnfants, Elisabeth et Ashley se détestaient. Depuis le jour de son traumatisme et de la mort de son frère jumeau, Elisabeth, neuf ans, ne parle plus. Elle n'a plus rien à dire. Elle préfère se perdre dans le silence de l'eau qui était à la fois sa...