Obsession.

Chapitre 9. L'amant.

Je te tuerai de mes mains, sale garce.

    À la vue des mots qui lui étaient adressés, Riley fondit en larmes. Elle ne supportait plus de recevoir des lettres de ce psychopathe. Elle ne supportait pas qu'il puisse la menacer de mort à présent. Elle ne supportait pas de s'être faîte rejeter par Ezra.

L'enchaînement des mésaventures auxquelles elle devait faire face la chamboulait. Riley n'était plus que l'ombre d'elle-même. Roulée en boule sur son canapé, le mot lui était parvenu dans un bouquet de fleurs, des œillets blancs. La jeune femme savait pertinemment que celles-ci avaient pour signification la mort en Europe du Sud.

On était mardi matin, et elle refusait de se rendre au travail. Riley estimait qu'elle avait enduré assez d'épreuves pour le reste de l'année, elle pouvait se permettre de ne plus sortir de chez elle. Molly, prête à partir travailler, essayait en vain de la convaincre de bouger. La blonde non plus n'était pas au meilleur de sa forme. Elle qui redoutait de croiser Dan au travail, se trouvait bien malheureuse qu'il ait choisit de poser des congés. Molly finit par s'asseoir aux côtés de son amie en soupirant, les deux femmes étaient au bout du rouleau.

« Au pire, on se fait porter pâle toutes les deux et on passe la journée dans le canapé à maudire ces sales types qui nous brisent le cœur ? »

Riley ne put lui rendre qu'un pâle sourire. Penser à Ezra lui donnait toujours la sensation que son palpitant chutait dans sa poitrine. Tout ce qu'elle demandait, c'était que le brun lui ouvre son cœur. Qu'il lui conte son histoire, ses douleurs, ses peines. Tout bonnement qu'il la laisse entrer dans sa vie, s'installer confortablement dans un coin pour ne plus en bouger. Riley avait besoin d'un protecteur, d'une personne qui n'en avait rien à faire de son passé, tant qu'il pouvait la rendre heureuse. Ezra avait semblé pouvoir remplir ce rôle à merveille, illusions. 

Mais ce qu'il s'était passé deux semaines auparavant ne cessait de rejaillir dans son esprit. La musique, l'alcool, la puissante intimité entre elle et son voisin. Puis inéluctablement, la tristesse, le chagrin, l'abandon. Riley ressassait sans relâche le déroulement de la soirée et se demandait comment tout avait pu autant se détériorer. La vision des cicatrices au creux des coudes d'Ezra lui serrait le cœur. 

La jeune femme savait pertinemment que cela correspondait à des injections de drogues. Mais lesquelles? Depuis quand? Pourquoi? Autant de questions et de doutes qui planaient dans l'air comme une fumée noire. Ça piquait les yeux, ça prenait à la gorge mais ça ne donnait pas de réponses. 

La seule personne qui pouvait répondre ne daignait pas donner signe de vie. Ezra se planquait dans son appartement, insensible ou au contraire trop à la peine de Riley. Elle avait guetté en vain ses sorties quotidiennes pour ses pauses cigarettes. Elle avait cherché à le croiser à nouveau dans les bois de Central Park. Elle s'était même laissée aller à tambouriner à sa porte pour qu'il lui ouvre. 

Mais Riley se heurtait à un mur de silence. Et ça la tuait. 

L'imaginer cloîtrer dans son loft à broyer du noir, se flagellant à l'idée d'avoir baissé sa garde, lui minait le moral. Alors la rousse se trouvait là, recroquevillée sur son canapé, à attendre que le monde suive son cours. Et à un moment donné, elle reprendrait le train en marche. Mais pas sans Ezra.

*

     L'avion venait de se poser sur la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Jaksonville. Les quasi trois heures de vols avaient permis à Riley de se reposer un peu : le ronronnement du moteur berçait ses songes. Harry fit un sourire à sa collègue et lui tendit son sac à main qu'elle avait mis dans les rangements prévus à cet effet. Elle la remercia d'un sourire et suivit le fil continu d'usagers sortant de l'appareil.