La Maternelle

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Les années 2000... On a surmonté la peur du bug, on a tous changé de millénaire. Mais ça veut dire quoi quand on a trois ans ? Pas grand chose.

Nous vivons aux Loges, dans une jolie longère à 3 kilomètres d' Etretat en Haute Normandie. Nous avons un très grand jardin, et Oscar, mon grand beauceron, me suis dans toute mes aventures d'enfant. On passe nos journée a jouer aux aventurier, où nous devions trouver les grands dragons ( qui n'étaient que les moutons de notre voisin, Gilbert) et leurs proposer d'être nos amis plutôt que de les combattre. On allait chasser les sauterelles et les escargots, parfois on tombait sur un petit campagnol que l'on ramenait à la maison, malgré que ma mère me demandait de le remettre dehors car "ces bestioles bouffent le polystyrène dans les murs".

Quand je n'étais pas à l'extérieur, je regardais mon père faire la cuisine, bien que j'était à peine assez grande pour pouvoir regarder le dessus de la table. Un de mes meilleurs souvenirs de cette époque, c'est quand nous avions décidé de faire un gâteau basque avec mon père, vu que ma branche paternelle est originaire de cette sublime région. Etant trop petite pour cette immense table, il m'avait poser le saladier sur la chaise, pour que je puisse participer, sans être debout sur une chaise ce qui est dangereux pour une petite fille (ou même un enfant tout court). Pendant ce temps là, maman nous filmait avec le vieux caméscope. Il y avait Tigrou aussi, notre gros chat de gouttière, en train de nous observer. Il devait surement se dire que nos actions ne rimaient à rien , et que nous ferions mieux de le servir, comme doivent faire les esclaves du grand maître chat.

Un jour Oscar est tombé gravement malade et nous avons du le faire piquer. Pour me préserver, on m'avait dit qu'il avait eu une maladie a cause d'une tique. J'ai su bien longtemps après qu'il avait été empoisonné par un chasseur a qui on avait refusé l'accès de notre terrain malgré les nombreux terriers de renard et de lapin. Ce fut ma première perte d'animal de compagnie, mais je ne comprenais rien à trois ans. J'étais triste mais sans vraiment comprendre pourquoi.

Un matin, ma mère m'a annoncé qu'elle m'avait inscrite à l'école. Ah oui. L'école. On m'en avait parlé. J'avais envie d'y aller mais je pouvais m'en passer quand même. Je préférais accompagner maman à son travail, une association pour les enfants. On y faisait beaucoup d'activité mais ce que je préférais là bas, c'était l'activité cirque. on s'amusais vraiment bien et j'apprenais beaucoup de choses.

L'école n'était pas ma priorité mais bon c'est toujours bien d'apprendre de nouvelles choses. Donc pourquoi pas ? Nous sommes donc parti me chercher un sac , et toute les petites fournitures qui vont bien.

Puis arriva mon premier jours d'école. Ma prof s'appelait Chantal, une rousse au visage doux et aux cheveux bouclés, toujours domptés par un foulard ou un serre-tête. Nous étions une vingtaine dans ma classe, mais personne n'avait envie de me parler. Je me suis dit que c'était de la timidité, c'est pas grave ça arrive.

La première récréation fut mouvementée, car je ne savais pas ce qu'était une "récréation". Pour moi, la journée était finie. Il était temps de rentrer chez moi. Ah mince ! La barrière est fermée! Pas grave ils ont dû oublier de l'ouvrir... Bon bah je vais faire comme au cirque !

Je me suis donc retrouvée à escalader la barrière qui faisait facilement trois fois ma taille, passer de l'autre côté, atterrir, et essayer de retrouver le chemin de chez moi.

C'est 5 minutes plus tard que la prof et la surveillante, paniquées, m'ont retrouver à saliver devant la vitrine de la pâtisserie du coin de la rue. Je me suis pris un énorme savon, ils ont appeler mes parents. Mon père, qui était à Paris pour le travail, ne m'a pas engueuler. il m'a demander pourquoi j'avais fait ça. Après lui avoir expliquer ma version des faits, il m'a dit que les routes étaient dangereuses pour une petite fille de 3 ans, avec toute ces voitures. "Oui mais j'ai fait attention, comme tu m'as montré!" Mon père éclate de rire. Il doit se dire que ça petite à du répondant. A partir de ce moment là, la Chantal nous déteste, mon père et moi.

Pour elle , un gosse qui fait une connerie, ça se fait engueuler. Comme pensent toute les personnes qui n'ont pas encore compris qu'un enfant est un être qui pense et réfléchit différemment. Que tout ce qui nous parait normal ne l'est pas pour lui. Une autre chose qu'elle ne supportait pas non plus: le fait que je sache déjà lire, écrire, compter, et le fait que je ne fasse plus de sieste depuis longtemps.

"Merde, une gamine qui va m'empêcher de fumer ma clope dans la cour pendant qu'ils doivent tous dormir, et qui n'a pas besoin de moi. Elle va me foutre des battons dans les roues, à me poser des questions trop intelligentes pour son âge, en plus avec son père qui laisse tout passer je ne pourrais rien dire". Je pense que c'est ce qu'elle a penser sur le coup.

Donc sa solution: me faire passer directement en grande section. Mes parents ont refusés. Donc quand les autres allait faire leur sieste "obligatoire" j'allais dans les classes supérieures.

Cette stupide prof m'a pas aider pour ces trois premières années de scolarité car pour tout arranger: c'était aussi la directrice !

Je n'avais pas plus d'amis que ça, les parents d'élèves et leurs enfants ne m'aimaient pas parce que j'avais une allure de pauvre. Maison pas aux normes, le papa jamais à la maison, la maman qui avait l'air de ne rien faire de ses journées, des vêtements trop grands et usés, récupérés de mes nombreux cousins et cousines... mais c'est facile de juger quand on a pas toute les infos.

Il a souvent fallu que je reprenne ma mère sur certaines choses. Parfois elle m'appelait Kiona, bien que je savais de qui il s'agissait , souvent je ne disais rien, je laissait couler. Et un jour j'en ai eu marre. J'avais passé un cap. Je commençais a comprendre que j'étais une personne à part entière. Une entité.

J'ai passé ma maternelle avec succès, mais quelque chose commençait a changer à la maison.

Quelque chose d'immense allait arrivé. Une chose qui me semblait encore abstrait a cette époque. C'est a ce moment là que mon calvaire a commencé, que j'ai vraiment commencer à vivre.

Ca va, je gère !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant