Le loup du manoir

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Ma louve se ressaisit et propulsa Jeff contre le canapé. Ben me regarda le visage décomposé par la peur. Il se retourna et ouvrit la porte qui menait dans la forêt. Il courut de toutes ses forces. Ma louve boitait légèrement à cause de la balle qui lui infligeait une blessure grave. Mais elle se faisait violence pour ne pas ralentir. Je sentais sa douleur dans mon être et je savais qu'elle ne s'arrêtait qu'après avoir vu Ben mort. Il fallait que je trouve un moyen de l'arrêter.

Il avait plu. La terre encore humide absorbée chaque choc de chaque pas que faisait Ben indiquant précisément à ma louve par où il était passé. Elle suivait les traces, folle de rage. Bientôt, j'entendais le hurlement de Ben qui n'avait cessé de crier depuis le début.

Ma louve était une très bonne chasseuse. Elle n'eut aucun mal à l'intercepter et bientôt, mon ami se retrouva coincé entre un arbre et mes griffes. Sans aucune hésitation ma louve se jeta à son cou. Ses crocs se plantèrent dans sa chair alors que Ben tentait de se dégager en vain. Je fermais les yeux pour ne pas voir le massacre.

Ma louve se retrouva dans le noir, elle aussi. Elle ne pouvait pas ouvrir ses yeux sans ma permission. D'une certaine façon, nous étions liées, connectées. Prise au dépourvu, elle lâcha Ben et secoua sa tête. Elle était perdue, ne savait plus discerner les alentours, n'arrivait plus à associer les bruits à leur provenance. Une lutte entre elle et moi venait de débuter.

Des bruits de pas se rapprochèrent et je compris que Ben n'étais plus seul. Ma louve se retourna au aguet. Elle essaya de distinguer qui était venu, combien de personnes devrait t-elle encore tuer. Elle n'y arrivait pas.

Laisse moi faire, petite fille. Laisse moi nous venger des hommes.

Ma louve avait du mal à parler. Elle était faible et je compris que c'était le moment idéal pour reprendre possession de mon corps.

Je réussis à lui faire tourner la tête. Elle ne se laissa pas faire et grogna. Je marchais à l'aveugle alors que ma louve voulait rester et se battre. C'était notre force mental qui allait être mise en évidence. Je ne devais pas céder.

Elle, elle se défendait avec rage. Elle prennait des chemins différents t des miens, et notre corps ne savait pas comment réagir. Je finis par la laisser prendre le contrôle quelques secondes. Notre corps était totalement déstabilisé. On trébucha et on se cogna contre un arbre. On s'écroula sans arriver à se relever.

Ma louve était toujours déchaînée mais en piteux état. Elle avait toujours cette incroyable envie de meurtre, cette irrésistible soif de sang. Elle n'était pas du genre à abandonner. Elle se releva, toujours les yeux fermés et se concentra sur ce qui l'entourait.

Elle entendit quatre cœurs et devina que Jeff, Masky et Hoodie étaient venus en renfort. Elle arriva à imaginer leur position et avança jusqu'à Jeff. L'odeur du sang la guida. Elle l'avait blessé et pensait pouvoir le tuer plus aisément que les autres.

Elle imagina la scène dans notre esprit. J'ouvris les yeux en grand, dégoutée de ce qu'elle avait prévu de faire. Elle profita de mon moment de faiblesse pour mordre Jeff à la jambe. Sa lame de couteau glissa le long de ma fourrure arrachant un hurlement bestial de ma part. Ma louve serra sa mâchoire plus fortement et j'entendis l'os de Jeff se briser. Satisfaite, ma louve balança une nouvelle fois Jeff qui s'écrasa brutalement contre un arbre.

Dernière moi, Masky se préparait au combat. Je ne voyais Hoodie nul part. Ma louve s'était trompée, il n'y avait que trois personnes. Masky me lança un regard indéchiffrable. Il semblait savoir que ce n'était pas moi. Ma louve retroussa ses babines et fonça sur son adversaire. Je cherchais un moyen de l'empêcher de commettre un acte irréparable.