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-Kate? Tu es réveillée ?

-Non je suis actuellement en train de dormir avec mes yeux ouverts, c'est devenu un hobby ces derniers temps.

Masky se leva en réprimant une mine agacée mais soulagée. Il s'apprêta à quitter cette salle qui m'était devenue si familière ces derniers jours mais je lui saisis sa main. Il sursauta à ce contact imprévu.

-Je voulais te parler depuis un moment déjà.

-Ouais ouais. Une prochaine fois, peut-être.

Je le lâchais sans comprendre sa réaction idiote. Il m'évitait, ne voulait plus me parler, ne souhaitait pas m'écouter. C'était donc ça son véritable comportement? Après tout, il n'était pas un creepypasta pour rien. Il devait avoir commis des crimes terribles qui le rongaient intérieurement.

-Bien. Alors j'attendrai le temps qu'il faudra. Mais crois moi sur paroles. Je te parlerai et tu m'écouteras.

Il haussa les épaules sans même daigner me regarder. Il ouvrit la porte et tomba sur Hoodie qui était dans un sale état. En me voyant, ce dernier poussa gentiment son ami sur le côté et s'approcha de moi en titubant. Masky le regarda faire en adoptant une attitude lassée et désobligeante.

Une fois à mon niveau, Hoodie posa une de ses mains contre mon front et le tapota doucement comme on toquerait contre une porte.

-C'est étrange ça sonne moins creux que je l'aurais pensé.

-Il n'y a rien de bizarre quand on sait que je possède moi aussi ce qu'on appelle un 'cerveau'.

Hoodie croisa ses bras autour de son torse et sembla rire jaune sous sa cagoule. Il se pencha légèrement vers moi sous le regard que je devinais étonné de son partenaire de crimes.

-Première nouvelle. Dans ce cas, tu pourrais peut-être m'expliquer ce que tu ne comprends pas dans : «Laisse moi me charger de cette ordure tout seul»

Je reculais vivement mon visage du sien et affichait un air confus. Je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il essayait de me dire. Il souffla et se redressa de tout son long.

-Tu aurais pu me dire que tu ne te sentais pas bien. Je n'aurais pas engagé un combat perdu d'avance. Heureusement que Sally et Laughing Jack nous ont trouvé avant qu'on ne soit réduit en chair à pâté.

Un combat? Mais de quoi pouvait-il bien parler? Du massacre au bar? Mais nous n'avions pourtant pas perdu. Toutes ces questions me donnèrent un gros mal de crâne et je fus forcée de me tenir la tête pour ne pas hurler.

Masky se précipita aux côtés de son meilleur ami en hurlant un prénom qui m'était impossible de comprendre. Ne soutenant plus la douleur, je me levais et m'appuyais contre le mur pour maintenir mon peu d'équilibre.

Mon cœur battait dans mes tympans qui vibraient à chaque pulsation. J'entendais chaque mouvement, percevais chaque petit bruit de manière décuplée. Tout ce brouhaha emporta mon esprit et fit chavirer mon monde. La douleur grandissait de plus en plus alors que je sentis deux bras m'empoigner fermement.

Je me débatais pour maintenir mes deux mains des deux côtés de mon visage. Cette douleur, elle m'était totalement inconnue. Même ma louve semblait surprise et souffrante. Elle ne pouvait pas m'aider en me prenant ma douleur comme elle le faisait quand je me blessais. Tout simplement parce qu'elle souffrait tout autant que moi.

-Bordel Masky! Il faut que tu lui tiennes le bras si tu veux que je lui injecte un tranquillisant!

-T'es marrant toi. Avec sa force intérieure elle est difficile à maîtriser!

Je me concentrais sur le son des voix qui m'entouraient, dans l'espoir d'atténuer mon mal de tête. Je reconnus la voix de Eyeless Jack, celle de Hoodie, Masky et même celle de Ben en fond. Je me laissais manipuler mais ma louve semblait réticente à l'idée de faire confiance à mes amis. Elle ne se laissait toujours pas faire, bien qu'elle ai accepté de me laisser le contrôle à temps partiel.

-C'est juste sa louve qui lui procure une telle supériorité. Si on vient à la lui retirer, Kate devient aussi faible que Ben.

-Je suis pas faible, enfoiré.

-Tu veux séparer Kate et sa louve? Ça reviendrait à lui enlever une partie d'elle. Je suis désolé, mais je ne peux pas t'aider à faire ça.

-Je veux juste séparer leur subconscient. Si, durant un laps de temps, même court, on y parvient, alors la maîtrise des deux sera beaucoup plus simple. La louve, sans coquille pour être protégée, sera obligée de répondre à Kate, qui sera donc maître de tous ses mouvements.

Mes membres se bloquèrent instantanément. Cette idée de EJ paraissait parfaite, mais elle ne pourrait pas aboutir au résultat voulu. Si on venait à séparer nos subconscients, nos deux corps le seraient également. Et alors, cela engendrerait soit nos morts, soit la libération d'un esprit de destruction. Celui de ma louve.

Si elle se retrouvait à nouveau libre, je ne donnais pas cher de la peau de mes amis. Je ne pouvais pas l'envisager. Même cette garce de Jane. Si elle devait mourir, c'était de mes mains. Pas des griffes du démon qui vivait en moi.

Je donnais un coup de coude dans le vendre de celui qui me maintenait et me retournais vivement pour faire face aux autres. Les larmes se déversaient sur mes joues. Je tendis mes bras droit devant moi, leur demandant tacitement de ne pas approcher.

-Ça..ça ne fonctionnera pas. Vous risquez juste de la mettre en colère. S'il vous plait, vous devez trouvez un autre moye...

Je n'eus pas le temps de finir que Laughing Jack me plaqua violemment contre le mur. Son sourire monstrueux sur les lèvres, un regard fou, il leva son bras jusqu'à ma tête. Il déposa ses longs doigts tranchants contre mon front et commença à prononcer des paroles incompréhensibles.

Avant même que je n'ai pu protester, je me retrouvais plongée dans le noir total. Je gardais les yeux grands ouverts, mes oreilles dressées mais rien n'y faisait, je n'arrivais pas à distinguer quoi que ce soit. La seule chose que je parvenais à deviner, c'était ma chute. Mon corps volait librement, attendant le choc de l'impact contre le sol.

Comme un reflex, je me débattais, bougeant bras et jambes dans l'espoir de ralentir ma chute. Je voyais, au bout, ce qui semblait être un parterre. Je fermais mes yeux, m'apprêtant au pire. Pourtant rien ne vint. Je fus accueillie avec délicatesse par un sol moue et redondant.

J'ouvris les yeux et restais bouche-bée devant le spectacle qui s'offrait à moi. Je voyais mes amis, tous accroupis autour d'un corps inerte. Seul Laughing Jack était debout, dressé comme un poteau, son eternel sourire démoniaque collé au visage. Le clown aussi regardait le corps. Ce corps qui m'appartenait.

Le loup du manoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant