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Je me relève de mon siège et tout en jetant un coup d'œil circulaire sur la salle, - qui se retrouve à nouveau éclairée par de faibles lumières-, je m'étire longuement après être resté assis pendant plus d'une heure et demie. Mon regard se pose sur une jeune fille, le visage enfoui dans le cou de son amant, je souris, amusé par la situation. Les films d'horreur, ça rapproche vachement, enfin, seulement lorsqu'un des deux se trouve être un peu fragile et de nature peureuse. Dans mon cas, ça ne fonctionne pas. J'adore ce genre de film et l'ambiance glauque qui peut en découler. Cependant, il n'y avait rien d'extraordinaire au scénario, en fait, c'était même plutôt mauvais.

Une main se pose dans le bas de mon dos, je tourne alors la tête vers Georg qui s'est aussi relevé et qui se tient désormais à mes côtés.

Son geste me provoque quelques frissons, ravivant en moi des sensations que je n'ai plus ressenties depuis bien longtemps. Pourtant, c'est tellement innocent et simple, mais je n'y peux rien. C'est ainsi depuis ce fameux soir où on a retrouvé ses amis à lui.

Après une longue hésitation, j'avais fini par accepter son invitation et je ne regrette pas.

Je n'ai pas eu à cacher qui j'étais, ni ce que je faisais, Georg m'a présenté et leur a parlé de ma profession avec une aisance déconcertante, j'ai même décelé une sorte de fierté dans sa voix.

Avec Gustav, j'étais obligé de mentir, parce qu'au fond, je savais qu'il ne l'accepterait pas, ni lui, ni ses proches. Quant à mes propres amis, j'ai cessé de les voir pour ne pas à avoir à le présenter à ces mêmes personnes travaillant essentiellement dans le monde de la nuit. Je me suis isolé du reste du monde pour m'enfermer dans ma relation avec Gus. Et depuis qu'on a rompu, c'est comme si je n'avais plus aucune relation sociale, alors sortir comme ça et rencontrer de nouvelles personnes, ça m'a fait un bien fou. Je pense renouer avec mes anciens amis, je n'avais pas réalisé avant ça à quel point ils pouvaient me manquer.

J'offre un sourire joyeux au barman et rapidement, le brun réduit la distance entre nous pour se pencher vers moi et me souffler quelques mots à l'oreille.

- On y va ?

- Ouais.

Agilement, je me glisse entre les sièges encore occupés et gagne rapidement la sortie avant de m'arrêter dans le grand hall du cinéma. Je me sens quelque peu confus, ça m'embête que Georg ait payé pour voir une daube pareille.

Je me retourne une nouvelle fois vers lui et me gratte l'arrière de la nuque.

- Le film était pas terrible, je suis désolé, m'excusé-je.

La petite moue naissante sur son visage suffit à me donner raison quant à la qualité de ce "chef-d'oeuvre", me poussant une fois de plus à m'excuser.

- J'étais pas vraiment là pour le film. Tout ce qui compte à mes yeux c'est de passer du temps avec toi.

Lentement, il attrape ma main et la serre dans la sienne, je me fige sur place, des sentiments contradictoires m'envahissant de tous côtés. Ce geste venant de lui m'électrise sur place, il me fait autant de bien que de mal. Je n'ai pas envie qu'il me lâche et en même temps, j'aimerais m'éloigner au maximum de lui et ne plus avoir à sentir sa main dans la mienne. Une infime partie de mon cerveau espère qu'il ira plus loin dans ses actions alors que tout le reste veut lui crier de cesser immédiatement. Alors je ne bouge pas, bataillant avec moi-même pour mettre mes idées au clair.

J'ai l'impression que tout est au ralenti, je le vois se rapprocher de moi, mon coeur bat la chamade et une sueur froide me parcourt l'échine, mais rien, je ne fais rien. Je reste là, et ne bouge pas d'un poil, jusqu'à ce que ses lèvres entrent en contact avec les miennes. Je suis surpris par leur douceur et la chaleur qui en émane. J'ai la sensation que cette même chaleur envahit tout mon corps, me traverse de part en part pour finir par se loger au creux de mon ventre. Puis, lentement, cette chaleur me quitte au fur et à mesure qu'il s'éloigne de moi. Mes yeux papillonnent, sous le choc tandis que le sourire de Georg apparaît comme un mirage face à moi. Il semble...comblé par ce baiser et certainement de voir que je ne l'ai pas repoussé. Mais j'en été tout bonnement incapable, ou peut-être que je n'avais pas envie de le repousser. Je n'arrive pas à savoir.

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