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Malgré la chaleur accueillante de mon appartement, je tremble des pieds à la tête, je suis gelé, à l'extérieur comme à l'intérieur et je sais que le froid n'est pas l'unique raison à mon état.

Je referme la porte derrière moi et m'y adosse, l'esprit embrouillé par tout ce qui vient de se passer.

Mes lèvres me brûlent encore après le baiser qu'on a échangé avec Gustav et j'ai l'estomac toujours en vrac. Notre conversation d'après n'a pas effacé toutes ces sensations. En effet, nous avons encore parlé une dizaine de minutes avant qu'il ne rentre chez lui par obligation.

Je ferme les yeux et garde la tête appuyée contre la porte, prenant une grande inspiration, puis les rouvre subitement. Je jette un regard circulaire à la pièce, recherchant la présence de Georg dont je me souviens à nouveau de l'existence. J'ai l'impression de me prendre un coup de poing dans le ventre, me coupant le souffle.

C'est comme si je me reconnectais au monde réel après une période de flottement total, comme si je venais d'atterrir et que j'avais à présent les pieds bien ancrés au sol. La réalité me frappe de plein fouet. Georg. Je l'ai lâchement laissé pour courir après mon ex, je ne lui ai accordé aucune parole et à peine un regard qui, pour être honnête, était fuyant. 

La pièce, dans laquelle nous nous trouvions avant l'entrée fracassante de Gustav, est vide et silencieuse.  Aucune trace du brun, aucun signe de vie. Une peur soudaine s'empare de moi, celle que Georg soit parti et qu'il ne m'en veuille à mourir. J'imagine que je l'ai déçu et ça, je ne le supporte pas. 

J'aimerais lancer son nom à travers l'appartement mais, je n'ose pas l'appeler, trop effrayé de ne recevoir qu'un simple silence en guise de réponse.

D'un pas hésitant, je traverse le séjour et me dirige vers la cuisine sans un bruit, à chaque pas, mon coeur tambourine dans ma poitrine tandis que mon estomac se noue de plus en plus en constatant l'absence du brun.

Finalement, mes yeux sont attirés par la porte vitrée ouverte d'où me parvient un courant d'air glacial.

Une fumerolle danse sur la terrasse, m'apprenant ainsi que le principal concerné est en train de fumer. Je suis soulagé et à la fois angoissé de le savoir toujours là. Angoissé car il va me falloir mettre les choses à plat avec lui.

Je m'avance lentement vers la terrasse mais n'arrive pas à sortir complètement, au lieu de quoi, je me plante dans l'encadrement et me repose contre la structure en aluminium pour me soutenir.

Georg, sentant ma présence, tourne légèrement la tête vers moi avant de regarder à nouveau droit devant lui tout en soufflant la fumée de sa cigarette. 

Je remarque à sa posture qu'il est un peu tendu et le pli sur son front montre qu'il est soucieux. Je n'ai qu'une envie, c'est de le prendre dans mes bras et de m'excuser, encore et encore, jusqu'à ce que son visage retrouve son air tendre et joyeux. Mais, je ne bouge pas, j'en suis tout bonnement incapable et je ne peux rien dire non plus parce que je ne sais pas quoi dire ni comment m'y prendre afin de lui faire oublier ce désastreux épisode.

Et dire que je suis responsable de ce visage fermé, de ses pensées tourmentées ! 

Ma vue se brouille alors que mes yeux se remplissent de larmes, prêtes à couler à tout moment. 

Au bout d'interminables secondes, il se tourne vers moi et me porte attention.

- Je vous ai vu...fait-il en recrachant sa dernière bouffée.

Je me prends ces mots comme s'ils avaient été une gifle pour moi. Je n'avais pas pensé une seule seconde au fait qu'il puisse nous voir depuis l'appart...je n'avais pas pensé à lui une seule seconde en fait ! Et je m'en sens terriblement coupable. Je ne peux que comprendre comment il doit se sentir en cet instant, même si je n'ai jamais vu Gustav agir ainsi avec Jérémy, juste de le savoir, cela me faisait horriblement mal.

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