-Comment je peux savoir si je peux te faire confiance?
-Je ne suis plus le même, c'est tout ce que je peux te dire.
-Des preuves, Takagi?
-Si je n'avais pas changé, je ne serais pas venu te sauver.
-Oui, mais après tout, ils sont venus me faire chier parce qu'ils ont entendu notre conversation. Qui me dit que tu ne l'as pas fait exprès pour qu'ils entendent?
-Tu crois vraiment que j'aurai fait du mal à ces cons si c'était mon plan depuis le début? Je ne sais pas si c'est les coups qui te font cet effet là, mais ta capacité de résonnement est vraiment limitée. Dit-il en riant.
-Tais toi, crétin... Pourquoi tu rigoles? Tu crois que c'est déjà gagner pour toi, que je t'ai pardonné? Ce n'est pas parce que je "crois" le fait que tes excuses soient sincères que je te pardonne. Je te l'ai dit, un pardon ne suffira pas à réparer ce que tu as bri-
-Sors avec moi, Fubuki.
Il me regarde en fronçant les sourcils, le regard sérieux. Je me fige sur place et le regarde, déconcerté. J'ai bien entendu?
-Tu... Quoi?
-Tu m'aimais, et je t'aimais. Mes sentiments pour toi n'ont fait qu'accroître maintenant que je t'ai revu... Sors avec moi, je veux te donner l'amour que je n'ai pas eu le courage de te donner autrefois...
-Hors.de.question.
-Quoi...?
-Je ne t'aime plus moi, Takagi. Je suis censé te haïr, au plus profond de mon être.
-Je t'ai sauvé, je doute que ça soit encore le cas.
-Tu es arrogant.
-Je sais. Dit-il en souriant.
Je soupire, il est vraiment stupide à un point... Je lève les yeux au ciel. Je ne veux pas sortir avec lui, ni rien. Si je venais à accepter ses excuses, je n'ai pas envie que l'on devienne amis ou je ne sais quoi d'autre. Juste des inconnus. Chacun ferait sa vie de son côté. Je sais qu'en ce moment j'ai besoin de compagnie et que je commence à en avoir marre d'être seul. Mais c'est sûrement pas avec lui, mon ancien harceleur, que j'ai envie d'être... Si vous avez du mal à comprendre mes sentiments, imaginez simplement que quelqu'un vous a harcelé dans le passé, vous le revoyez plus tard et il se dit être désolé, qu'il a changé et tout le bordel. C'est dur à avaler, n'est-ce pas? Il a été stupide pendant notre année de cinquième, avant que je ne change finalement d'établissement. Je ne vois pas pourquoi il changerait. Je soupire et le regarde d'un air passif.
-Je ne sortirai pas avec toi, je veux continuer à être seul.
-Menteur. Tu as peur de la solitude.
-Que!? Qui te permet de parler comme si tu savais quelque chose de moi et de ma façon de penser?...
Il a raison, je suis un pitre menteur. Mais ce n'est pas avec lui que j'ai envie d'être. Enfin, ce n'est pas que j'en ai pas envie, c'est surtout de la frayeur, j'ai peur. Je n'ai plus envie d'être blessé à nouveau. J'ai peur que si je reste avec lui comme ça, je pourrais souffrir. Je ne veux pas, je ne veux plus... Mais c'est vrai que je vais avoir du mal à rester seul maintenant. Je suis un vrai trouillard en fin de compte...
-Ça fait juste assez longtemps que je te connais et que j'arrive à lire en toi comme dans un livre ouvert.
-Sixième, cinquième, après j'ai changé d'établissement. Deux ans, tu appelles ça longtemps? Tu es bizarre...
-C'est toi qui est bizarre Fubuki. Tu dis ne pas vouloir de moi, mais il y a deux secondes tu étais dans mes bras en pleurant comme une madeleine. Tes gestes et tes paroles sont assez contradictoires.
-La ferme...
Je rougis légèrement de honte et détourne le regard. Il est chiant, il n'a vraiment pas changé... Je soupire et tente de me lever, mais en vain. J'ai mal... Je grogne et reste par terre. Il me regarde un moment désespéré avant de se mettre à rire.
-Qu'est-ce qu'il y a de drôle!? Crétin!
Il me sourit et il me porte. J'affiche une tête étonnée, ce qui le fait bien rire. Je grince des dents et me débats.
-Lâche moi, clébard.
-Clébard? Le chien en ce moment c'est toi. J'ai l'impression d'avoir sauvé un petit chiot tout frêle des mains de gosses de maternelle.
-Je vais vraiment finir par te frapper... Si fort que tu auras du mal à t'en remettre...
-Ah oui? Si tu me frappes aussi fort que tu as pu frapper l'autre con, je n'ai pas à avoir peur, vraiment pas. Dit-il en arquant un sourcil.
Je grogne et je croise les bras. Il me fait chier... Et d'ailleurs il m'emmène où comme ça!?
-On va où là? Dis-je méfiant.
-Chez moi, je vais te soigner, c'est l'appartement derrière l'arbre là. C'est juste à côté.
Je le regarde méfiant. Je peux vraiment lui faire confiance?
-Hey me regardes pas comme ça, je vais pas te violer...
Il soupire et marche lentement. Quand il marche, la moitié de mon corps touche un court instant son torse. C'est extrêmement gênant... Vivement qu'il me dépose que je puisse marcher par moi même... Parce que là... Je peux aussi sentir le rythme de son cœur, il bat étrangement vite. Il y a quelque chose qui le stresse? Il est vraiment bizarre, et très con... Ah pour ça il n'a pas changé, du tout. Mais je dois avouer qu'il est plus doux qu'avant dans sa façon de parler, dans sa façon de faire. Même si parfois ses gestes restent brutes...Je secoue négativement la tête et me mets une claque intérieurement. Pourquoi je me mets à penser des choses comme ça? C'est idiot! Niais! Dégoûtant! Je soupire et souris nerveusement. N'importe quoi... Et puis finalement, je n'aurai plus jamais de sentiments pour lui, ni pour personne. Alors je ne vois pas pourquoi je m'inquiète autant... Si jamais je venais à l'aimer, teignez moi les cheveux en vert!
On arrive enfin à destination, il me lâche et me dépose délicatement par terre. Il ouvre la porte et il entre.
-Viens, fais comme chez toi.
-...
Je mets un pied hésitant dans l'appartement d'Hideaki. Je vais regretter d'être venu ici... Non, je le regrette déjà. Il soupire et me tend la main en me regardant en souriant légèrement.
-Fais pas ton timide, j'habite seul, il y a personne d'autres à part nous deux.
-Cette phrase est censée me rassurer!? Crétin!
J'entre une fois pour toute. Il me porte à nouveau après avoir fermé sa porte. C'est mon fauteuil roulant ou...? Je le regarde en soupirant.
-C'est bon, je suis pas un handicapé, je peux marcher...Il m'ignore et me dépose doucement sur le canapé. Il se dirige dans les couloirs et je regarde autour de moi. Pour un gars extravagant, sa déco est assez sobre. C'est...étonnant. Je plonge ma tête dans mes mains. Putain mais qu'est-ce que je fous chez lui moi!? Ce matin, je voulais le défoncer, je le détestais au plus haut point. Je voulais le tuer, qu'il souffre, qu'il chiale, qu'il en bave, je voulais être seul. Après, je commence à avoir peur de la solitude, je n'avais plus envie d'être seul. Il m'a sauvé et j'ai l'impression de lui faire en quelque sorte..."confiance". C'est quoi cette journée de merde... Je soupire et commence à réfléchir. Il m'a manipulé pour que je vienne ici, j'en suis sûr... Il va me faire quelque chose de pas net, il va me faire manger un truc empoisonné, et je vais mourir, ou ça va m'endormir et il va me vendre dans un marché humains. Wouah. J'en imagine des choses. Mais je trouve quand même ça bizarre qu'il m'accueille comme ça chez lui, qu'il s'excuse de manière insignifiante, qu'il me sauve. Il aurait vraiment... Changé?
Il revient avec des pansements et du désinfectant.
-Désolé j'ai mis du temps à les trouver... Ils étaient tous au fond de mon placard. Dit-il en riant.
Je ne dis rien et soupire. J'enlève mon t-shirt et détourne le regard.
-Grouille toi, faut que je rentre chez moi, mes parents vont s'inquiéter.
Il me sourit et commence à me désinfecter les blessures que j'ai. Qu'est-ce qu'il a à sourire comme ça? Il est crétin ou quoi?... Il m'énerve et m'exaspère... Il s'est passé tellement de choses aujourd'hui, je suis... Perdu. Il termine de me soigner.
-Dis moi Fubuki... Est-ce qu'il y a une chance, même infime, pour que tu puisses me pardonner un jour? Me dit-il sur un ton grave et sérieux.
Je le regarde un moment, méfiant, puis neutre, puis confus. Tout ça, c'est ce que je ressens. Je suis tellement confus que je n'arrive même plus à me méfier ou à être énervé. Je m'en fous de lui, je m'en fous...
J'en suis sûr?
Je mentirais si je disais que le fait qu'il me soigne, qu'il me sauve, ne me touche pas un petit peu... Aujourd'hui j'ai ressenti, j'ai pensé tellement de choses différentes et contraires à ce que je pense et fais d'habitude... Et puis, d'habitude, je ne dévoile pas mes émotions comme ça, alors pourquoi devant lui? Ça me perturbe. Il me perturbe...Vraiment. Je suis perdu, confus, effrayé... Je me gratte l'arrière de la nuque et je regarde sur le côté.
-Je...Je suis perdu. Je ne sais pas si je peux te répondre honnêtement maintenant, je suis plongé dans une confusion incompréhensible... Mais, je suppose... Que je peux commencer par te faire confiance?... Dis-je hésitant.
Il me regarde les yeux ronds puis il me sourit doucement. Il me caresse la tête en me regardant d'un air doux et protecteur, c'est extrêmement gênant.
-Arrête de me regarder comme ça, ou je te castre... Et ne me caresse pas la tête comme ça, je ne suis pas un petit chiot frêle que tu as sauvé des mains de gosses de maternelle...
Il rit et me prend la main, heureux. Je panique.
-Qu-Qu'est-ce que tu fous bordel!? Lâche ma main!
-Je suis heureux... Ça faisait si longtemps que j'attendais ce moment...
Je tourne la tête, rouge. Pourquoi il dit des trucs comme ça!? C'est super gênant... Je retire sa main de la mienne et le frappe au torse.
-Crétin! Fais pas comme si on était potes!
Il grimace puis il rit. Je baisse la tête, rouge, extrêmement gêné. Je le hais... Je le déteste! Quand je pense que je lui ai dit un truc gentil, ça me dégoûte! Je me lève, nerveux.
-Mmh... Je vais rentrer chez moi, maintenant.
Je me dirige vers la porte.
-Fubuki?
-Qu'est-ce que tu me veux? Dis-je en me retournant.
-... Merci. Me dit-il en me regardant de la même manière qu'avant.
Je deviens rouge et je fronce les sourcils.
-Je te hais! Sale con!
Je me presse de sortir de chez lui. Je n'ai plus mal, enfin, plus trop... Je marche rapidement, il commence à faire nuit. J'arrive chez moi et ma mère vient vers moi.
-Tu as vu l'heure Fu... Oh mon dieu! Que t'est-il arrivé pour que tu sois dans cet état??
-Rien de grave, je me suis juste battu... Ne t'en fais pas.
Elle me regarde en faisant la moue. Je lui souris pour qu'elle ne s'inquiète pas d'avantage. Je salue mon père qui est dans le salon puis je monte dans ma chambre. Je m'allonge sur lit et regarde le plafond.
On verra ce qu'il va se passer à partir de maintenant. On verra si j'ai bien fait de lui confier... Une confiance aveugle.
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Heart is breakable
RomanceFubuki Fujiwara, un adolescent de 17 ans, était un enfant persécuté... Par le garçon qu'il aimait. Et ce, parce que Fubuki est gay. Ce passage de sa vie, l'a marqué à vie. Il ne croit plus en ce que les autres appellent "amour". Il entrait dans son...