VII. Naïveté

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La confiance aveugle est une chose que je ne comprendrais jamais. Vraiment. Finalement, je dis ça, mais c'est ce qu'il s'est passé avec Hideaki. Aveuglément, je lui ai fait confiance. Et je l'ai regretté. Avec ce qu'il s'est passé, je vais avoir de plus en plus de mal à le pardonner. Le peu de confiance que je commençais à avoir en son égard, il a réussi à le faire disparaître en une action irréfléchi. C'est idiot, il est idiot.

Le lendemain, je me réveille. Je n'ai presque pas réussi à dormir, après ce qu'il s'est passé. Cet idiot me fait réfléchir, comme aucun autre idiot m'a fait réfléchir. Pourquoi quelqu'un d'aussi insignifiant vient hanter mes pensées du jour au lendemain?... Cela m'énerve. Oui je grogne dés le matin. La journée promet d'être fabuleuse... C'est ironique, bien évidemment.

Je ne la sens vraiment pas.

Je me lève de mon lit, du mauvais pied. Je me dirige à moitié endormi, dans la cuisine pour prendre seulement une tranche de brioche. Je la mets en bouche et je me redirige vers ma chambre, où m'attends mon uniforme de mauvais goût. J'entre dans ma chambre et j'enfile mon uniforme. Je n'ai pas la motivation de prendre ma douche chaude du matin... Vraiment pas motivé. Je ne suis même pas motivé pour travailler, tout court. Je n'ai pas envie d'y aller... Mon rhume n'aura duré qu'une journée, finalement, je pense plutôt que c'était un manque de sommeil, sinon, j'aurai été malade un peu plus longtemps quand même... Je me regarde dans le miroir et soupire. Je n'ai pas de cernes, heureusement. Hier, j'ai dormi pendant une bonne partie de la journée. Au moins, ça rattrape les heures de sommeil que j'ai manqué cette nuit à cause de...L'autre. Je vais à l'entrée, et enfile mes chaussures.

-Je m'en vais. Dis-je dans le vide.

Oui, c'est idiot, je préviens que je m'en vais alors qu'il n'y a personne. 

Je marche tranquillement en direction du lycée, en étant sur mes gardes. Pourquoi? Parce qu'à n'importe quel moment, il peut surgir de nulle part. Je ne suis pas paranoïaque, juste... Prudent. Je n'ai vraiment pas envie de le croiser aujourd'hui, je suis de mauvaise humeur à cause de lui. Je marche, regardant pour une fois autour de moi, de manière méfiante. Oui, d'habitude, je regarde le vide. Je trouve le vide plus intéressant que mon entourage en général, mais là, je prête attention à ce qui m'entoure, pour une fois. Je ne sais pas si c'est positif, ou si c'est négatif en pensant que je m'attarde sur des choses inutiles. Je soupire et arrive finalement devant le lycée. Normalement, les cours aujourd'hui se font en groupe. Je suis dans le groupe A, et lui dans le groupe B. Tant mieux. Ça veut dire que je peux essayer d'éviter de le croiser, je suis content, enfin une bonne nouvelle. Je soupire de soulagement et j'entre doucement dans la cour quand j'entends soudainement des voix derrière moi qui m'appellent, où qui hurlent mon prénom d'une manière stupide, je n'en sais rien. Je me tourne légèrement et vois un groupe de garçons, accompagné de filles qui sourient d'une manière mesquine envers moi. Ça y est... Les ennuis continuent. Je soupire et ils me prennent à part, derrière le bâtiment du lycée.

-Alors comme ça t'es gay Fubuki!?

-C'est dégueulasse! Renchérit une des filles.

Je soupire et leur fais un regard noir. Je suis de mauvais poil, ce n'est pas vraiment le moment de me chauffer... Je grince des dents et serre les poings.

-Laissez moi tranquille.

-On n'en a pas env...

-Laissez le.

Hein? Une voix qui intervient de nulle part? On dirait un vieux scénario cliché de film à l'eau de rose... Je soupire et regarde vers la source de la voix. Je hausse un sourcil. C'est Kazuko Busuji, il est dans ma classe. C'est un garçon populaire auprès des filles, à cause de son apparence surtout. Enfin, je ne le connais pas personnellement. Il est grand, et a une peau parfaite hâlée. Il a des yeux clairs et des cheveux bruns, normaux. Ce qui fait son charme d'après ses groupies, c'est ses fossettes. Enfin, je le trouve normal. Ce n'est pas vraiment mon genre, mais bon. Les personnes qui m'avaient pratiquement agressés s'en vont sans broncher. Je soupire et prends mon sac qui était tombé par terre.

-Merci. Mais je n'avais pas besoin d'aide. Dis-je sèchement.

-De rien! Me dit-il avec un grand sourire. Si ils t'embêtent tu peux venir me le dire si tu veux, je m'en occuperai!

Je grogne.

-Je n'ai pas besoin de toi...

-Dis le moi. Je m'inquiète pour toi... Tu sais... Tu es solitaire depuis que tu es là, ça fait pratiquement un mois que tu es là et tu ne t'es toujours pas "intégré"... Tu as des problèmes chez toi? Ou en dehors?

-Est-ce que ça te regarde? Mon problème en ce moment, c'est toi.

-...Fujiwara... J'ai envie... De t'aider... S'il te plaît...

Il rougit et se frotte l'arrière de la nuque. Je hausse un sourcil. Pourquoi il est gêné comme ça? C'est débile. Mais je sens soudainement ma mauvaise humeur s'évaporer, il me met de bonne humeur, cet imbécile. Je soupire et le regarde.

-C'est bon. Je te dirai quand ils viendront me faire chier...

Des étoiles illuminaient ses yeux. C'est gênant comme situation... Je soupire et rougis très légèrement. Il est bête d'être euphorique pour si peu... Je marche et il me suit.

-Tu vas me suivre encore longtemps?...

-On est dans le même groupe je te signale! Dit-il en riant.

Je soupire. Je vais devoir me le coltiner toute la journée. J'ai voulu éviter Hideaki, je me retrouve avec Kazuko, le garçon populaire du lycée... Si on me voit avec, on va me charrier c'est sûr. Mais bon, finalement ça ne me dérange pas plus que ça, j'aime bien sa présence.

Même si il dégageait une certaine chaleur, je sentais que quelque chose n'allait pas.

Mais bon. Il était gentil avec moi, il faudrait que j'arrête d'être parano, et il faut que je commence à m'ouvrir aux gens et à leur faire confiance, sinon, je resterai pour toujours avec ma meilleure amie; la solitude. Je me retourne vers lui et il me fait un sourire. Je grogne et je rougis. Je suppose... Que je peux lui faire confiance? Enfin, il ne m'a pas fait du mal dans le passé, lui. Je marche en direction de la salle de maths.

-Fujiwara! Cet après-midi on a quatre heures de libre. Ça te dit de sortir en ville avec moi? Ça va être cool si tu viens!

-Euh...

Je réfléchis un moment. C'est un peu trop tôt pour ça, non? Je soupire et m'apprête à dire non, mais je croise Hideaki, qui me regarde d'un air surpris. C'est quoi cette tête... Il s'approche de moi, je me mets sur mes gardes, il me chuchote à l'oreille.

-Pourquoi tu traînes avec lui? Il est...

-Ferme là Takagi. Je traîne avec qui je veux. Dis-je froidement.

-Mais... Fubuki...

-Dégage. Ne t'approche pas de moi après ce que tu as fait hier.

Il me regarde d'un air triste et je le pousse. Je le contourne et Kazuko me suit.

-Qui c'était?

-Un imbécile. Je veux bien sortir avec toi après, en ville. Dis-je sur les nerfs.

-...

Il me prend par le bras et je me retourne, surpris. Il me regarde d'un air désolé.

-Tu vas bien? Tu es sûr?...

-Oui oui. Ne t'inqu-

Je n'eus même pas le temps de terminer ma phrase, qu'il me prend dans ses bras. Il m'a parlé il y a quelques minutes, et il me prend déjà dans ses bras? Je fronce les sourcils, méfiant et rougis. C'est quoi ce déroulement illogique... Il sent bon...
Il se retire et me fait un sourire.

-Je suis content que tu veuilles bien sortir après. Me dit-il en me caressant le haut de la tête.

Je ne suis pas un chien... Mais bon, il est gentil... Je lui souris légèrement et nous arrivons à la salle de la première heure.

Finalement, la matinée passe assez rapidement. Comme on est dans le même groupe, nous avons passé la matinée ensemble, à parler, à rire. J'ai vraiment l'impression de m'ouvrir de plus en plus. C'est positif. Peut-être que finalement, je ne vais plus être seul... Nous sortons du lycée pour l'après midi. On mange dans un fast-food, et on passe notre après-midi dans les différents magasins et on s'arrête même dans une salle d'arcade. C'est une super journée. Cela fait tellement longtemps que je ne me suis pas autant amusé... Je me sens si bien... Je pense que je peux lui faire confiance, il est peut-être mon sauveur, ce Kazuko...
Nous arrivons finalement en fin de journée. Il m'a acheté beaucoup de boissons cet après-midi, chaudes ou pas, c'est étrange. En tout cas, j'ai envie d'aller aux toilettes, ça presse... Je le regarde en souriant d'un air gêné.

-Hum... On peut s'arrêter à un café? J'ai besoin d'aller aux toilettes... Dis-je en rougissant.

Il rit et hoche la tête d'un air joyeux. On marche donc vers un café non loin. Je vais dans une cabine et je fais ma commission. Je soupire de soulagement et j'attends la porte s'ouvrir et un rictus, sinistre.

-Kazuko?

Je lève la tête et je vois une ombre. Un seau? Je n'eus pas le temps d'analyser quoi que ce soit, qu'un liquide épais et d'un bleu sombre s'écoule sur moi, et des flashs illuminent ma vue. Des rires, beaucoup de rires. J'écarquille les yeux et reconnais les têtes au dessus de moi; Kazuko, avec les filles et les garçons qui m'avaient "agressés". Kazuko éclate de rire.

-Regarde le! C'est pathétique...Tu croyais vraiment qu'on allait être amis?? Tu es vraiment con et naïf ma parole! Je vais poster ces magnifiques photos sur mon mur insta. C'est trop drôle, si tu voyais ta tête! Petit pd. Comme si quelqu'un allait s'intéresser à toi, c'est bête et cruel hein?~

Les larmes montent. Je n'aurai pas dû lui faire confiance... Comment j'ai pu y croire une seconde... Je tremblote et regarde dans le vide. Ils rient et s'en vont. Je n'ai pas la force de sortir des toilettes, je me sens mal. Je veux mourir... Je le savais, cette journée allait être merdique... Puis des choses me reviennent...

Pourquoi tu traînes avec lui? Il est... homophobe.

J'étais si obstiné à l'idée que quelqu'un puisse s'intéresser à moi, j'ai complétement ignoré ce qu'il avait dit. Comment j'ai pu y croire... Vraiment...

Si j'avais fait plus attention, si je ne lui avais pas fait confiance aveuglément... J'aurai vu que, quand il était derrière moi, il esquissait des sourires mesquins.

La confiance aveugle est une chose que je ne comprendrai jamais. Pourtant, j'en fais les frais en ce moment... Après une heure, je suis toujours dans les cabines de toilettes. Je ne veux pas sortir, j'ai beaucoup trop honte... Je me mets en boule dans les toilettes et j'entends quelqu'un entrer, très faiblement. Mon regard est perdu, j'ai du mal à entendre. Je veux mourir... Après un moment, je me réveille de mes songes et j'entends un fracas sur la porte des toilettes.

-Fubuki!! Tu es toujours là?? FUBUKI!?

Cette voix... Je la reconnais, j'arrive à dire, la gorge nouée;

-Hi...deaki?...

Il est là...

-J'ai vu la photo sur insta... Je vais les frapper, je te le jure...

J'ai fait confiance à la mauvaise personne.
J'ai rejeté la seule personne en qui je pouvais faire ne serai-ce que légèrement confiance.
J'ai ignoré la seule personne qui me donnait raison.
Et j'ai accepté, aveuglément, un inconnu éprouvant de la haine envers moi.
Je suis l'agneau qui a rejeté le loup qui essayait de se faire pardonner, et je me suis jeté dans la gueule d'un requin aux douces apparences.

Je suis vraiment naïf.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 05, 2017 ⏰

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Heart is breakableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant