Chapitre 4 : Comportement... oppressant.

104 12 1
                                    

Chapitre 4 : Comportement... oppressant.

Ce fut ma première nuit blanche. Je n'ai pas eu peur de ce que m'a dit Hiro, franchement, des habitants qui s'amusent à tuer des gens s'ils sortent, qui croirait ça ? Mais j'ai eu peur du fait que toute la nuit, comme pour montrer la véracité de ses propos, j'ai entendu des grattements, des rires, j'ai même cru voir une paire d'yeux jaunes à travers ma fenêtre. Comme si cela ne suffisait pas, tout s'est arrêté à six heures piles du matin. Hiro a intérêt à me rappeler ce soir pour tout bien m'expliquer. Bref, je n'ai pas pu fermer l'œil de la nuit, je suis on ne peut plus fatiguée, avec d'énormes cernes sous les yeux. Je vais avoir l'air fraîche aujourd'hui, tiens !

Quoi qu'il en soit, je dois m'habiller pour aller voir Marie, même si l'idée de rester au lit toute la journée pour récupérer ne me déplait pas du tout. Je m'habille en vitesse, fait ma toilette, déjeune et sors de chez moi. Il doit être sept heures du matin. Et je préfère voir Marie en premier et aller dormir après plutôt que l'inverse. On ne sait jamais, la mairie pourrait avoir fermée quand je me réveillerai. La vue sur la mer est encore plus belle qu'hier soir grâce au soleil qui lui donne des teintes orangées. Il commence tout juste à se lever.

Je me perds dans le dédale de chemins, de fleurs et d'arbres, somnole en marchant mais arrive tant bien que mal à la mairie. Je pousse la porte, elle n'est pas fermée. Marie est déjà à l'intérieur, derrière le premier comptoir que j'ai vu la veille, en train de trier une montagne de papiers. Dès que j'arrive, elle lève la tête et dit :

- Bonjour Madame le maire ! Oh, vous n'avez pas l'air en forme... Le dépaysement peut-être ?

- Oui, on peut dire ça comme ça...

- Suivez-moi ! Je vais vous expliquer comment devenir maire de notre magnifique petit village ! s'exclame-t-elle en m'entrainant vers le deuxième bureau, au fond de la pièce.

Comment fait-elle pour être aussi vive à cette heure-ci ? Même en temps normal, à sept heures et demie du matin je suis toujours dans mon lit...

- Voici votre bureau ! reprit-elle, avec un grand sourire. Je vous en prie asseyez-vous.

- Je m'affale de tout mon poids sur le fauteuil en cuir.

- Donc, avant de pouvoir faire quoi que ce soit, il vous faut un permis de construire. Il faut simplement que vous ayez une côte de confiance de 100%, c'est la règle. Pour l'instant, d'après un sondage tout récent, la votre est de 30%. Pour l'augmenter, vous pouvez parler avec les habitants, écrire des mots sur le panneau d'information situé juste à coté de la gare, changer l'hymne et le drapeau de la ville, arroser les fleurs... Vous y arriverez en un rien de temps c'est certain ! Si vous avez besoin de quelque chose, venez me voir à mon comptoir et je vous dirai ce que vous pouvez faire pour améliorer votre côte de confiance, pour la consulter asseyez vous ic... Madame le maire ? Vous allez bien ?

- Hein ? Euh, quoi ? dis-je.

- Oh rien, vous sembliez dormir... Bon, je vous laisse, j'ai encore énormément de papiers à trier.

- Merci Marie, on se revoit bientôt !

Je me lève avec peine du fauteuil, je crois bien que j'ai fait une micro-sieste pendant qu'elle parlait, je ne me souviens que du début et de la fin de la conversation. Enfin, ce n'est pas grave, je parie qu'elle serait ravie de me réexpliquer quelque chose pourvu que ça parle de Prineli.

Je quitte la mairie et pars en direction de chez moi. Sur le chemin, je croise Mangle qui ne manque pas de me faire remarquer :

- Hey Azari ! Tu n'as pas l'air bien ce matin...

- J'ai très mal dormi, c'est vrai.

- Ca arrive, des nuits où c'est impossible de trouver le sommeil, je compatis... Tu m'accompagne chez moi ? J'ai changé ma déco tout récemment et j'ai besoin de l'avis d'une experte !

Je n'ai pas le temps de protester qu'elle m'emmène chez elle. Comme si ça ne suffisait pas, sa maison est à l'autre bout du village et il me semble qu'on met une éternité à y arriver. L'aspect extérieur de la maison me paraît très raffiné, et porte les couleurs de Mangle. Le toit et la porte sont roses pales, de la même couleur que l'intérieur de ses oreilles, son museau, son ventre, ses pattes de derrière et le bout de sa queue tandis que les murs sont blancs, comme le reste de son corps. Elle pousse la porte et m'entraine à l'intérieur.

- Bienvenue chez moi ! dit-elle avec des yeux pétillants.

Le canapé rose, à droite, me fait de l'œil. Faire une sieste dessus doit être tellement agréable...

- Alors, qu'en penses-tu ?

- C'est vraiment très joli, la décoration te ressemble vraiment.

Tout chez elle est soit rose, soit blanc, Mangle se fond parfaitement dans le décor.

- Merci ! Tu verras, les maisons de mes amis sont beaucoup plus jolies que la mienne. Ils te les feront visiter d'ici quelques jours ou quelques semaines pour les plus timides.

- Ah... Ouais ce serait sympa mais c'est que je ne compte pas rester ici très longtemps tu sais... J'ai laissé ma famille et j'aimerai les revoir...

Cette lueur dans ses yeux... Je peux jurer qu'elle n'était pas là avant...

- Prineli ne te plait pas ?

Son ton est devenu beaucoup plus froid, plus distant. Je me sens mal à l'aise...

- Ah si si ! C'est magnifique ici ! Bon... Il faut que je rentre chez moi, j'ai beaucoup de choses à faire....

J'essaye de couper court à la conversation. Finalement, le canapé ne me plaît pas tant que ça...

- Oui je comprends. Au revoir.

Mangle ne m'accompagne même pas jusqu'au pas de la porte, elle se contente de me suivre d'un regard... oppressant.

Je rentre chez moi précipitamment et ferme la porte à clé. Je ne vois pas la raison du soudain changement d'attitude de Mangle. Pourquoi est-elle devenue si froide tout à coup ? Je me glisse dans mon lit. Il est déjà midi, mais je n'ai pas faim. J'espère ne pas rater l'appel d'Hiro... S'il me rappelle. Je pense que l'horaire est trop précis pour que la légende en parle. Peut-être même qu'il n'y a qu'Hiro, et maintenant moi, qui le connaissons ? Cela expliquerait que personne ne puisse appeler et que les lettres restent le seul moyen de communication. Je commence sérieusement à croire ce qu'il m'a dit la nuit dernière. Vu l'état de fatigue dans lequel je suis, accentué en plus par le rendez-vous avec Marie et la visite de la maison de Mangle, il me suffit simplement de poser la tête sur mon oreiller pour sombrer au pays des rêves ou ... des cauchemars.

Animal Crossing at Freddy'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant