Chapitre 6: Isolement

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Chapitre 6 : Isolement.

Je fais tout mon possible pour que les habitants ne sachent pas ce que j'ai appris à leur sujet. Après avoir passé la matinée et la moitié de l'après-midi à pêcher une bonne dizaine de poissons, je vais aller les vendre chez « Reventes et Retouches ». Risette tient ce magasin avec son petit copain, Serge, et achète tout ou presque. Ce sont deux alpagas adorables. Risette est rose et s'occupe des ventes et achats. Serge, quand à lui, est bleu et rénove les meubles qu'on lui présente. Je ressors avec quelques milliers de clochettes dans mon porte-monnaie et une chaîne Hi-Fi. Je retourne chez moi pour la mettre dans la pièce principale. Il est 17h30 quand je rentre et je remarque que j'ai du courrier. J'avais oublié qu'Antoine, le facteur, un pélican blanc, faisait une autre tournée à 17 heures. Ma mère m'aurait-elle écrit ? Je sors la lettre de son enveloppe et reconnais de suite son écriture élancée. Je rentre chez moi pour la lire :


Ma petite Azari,

Coucou mon cœur ! Je ne sais pas si cette lettre va te parvenir mais normalement j'ai bien respecté les conditions. J'espère que tu es arrivée et que tu ne seras pas partie pour rien. La maison est beaucoup plus vide quand je suis toute seule... Je compte sur toi pour me ramener un souvenir du village s'il existe vraiment. J'ai l'intime conviction qu'il est bel et bien réel, je ne saurai pas te dire pourquoi. Si c'est le cas, je sais que tu le trouveras. Bon je n'ai bientôt plus de place pour écrire, je t'embrasse très fort.

Ta môman.

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'écrive si tôt... Cela fait à peine quatre jours que je suis partie... Je dois lui manquer. Il faut que je lui réponde ! Direction les Galeries Méli-Mélo pour acheter du papier à lettre, ils en font de très joli.

Quand je rentre, je suis toujours émerveillée de voir cette pièce. Moquette bleue au sol, tapisseries dignes d'un château. Elles donnent l'impression qu'il y a des voutes creusées dans les murs. Méli me souhaite la bienvenue, ou peut-être est-ce son frère Mélo ? Je n'arrive pas à les différencier. Je prends un « papier astral » et du papier cadeau, comme ça, ma mère aura quelque chose de Prineli même si je ne suis pas encore rentrée. Je paye, sors du magasin et m'assois sur un banc près de la gare et commence à écrire.


Salut maman !

Je suis bien arrivée, le village est magnifique ! Il s'appelle Prineli. Les habitants sont sympas et je ne manque de rien. Je rentre dès que possible. J'ai quelques petits soucis à régler mais rien de grave. Je t'envoie un cadeau, tu pourras le montrer aux autres. En attendant de rentrer, j'habite dans une très belle maison qui appartenait à l'ancien maire du village. Je ne suis pas la seule à être venue ici ! Je te laisse et te fais de gros bisous.

Azari.

Ca ne sert à rien de lui dire que les habitants se transforment en monstres la nuit, elle ne me croirait pas. Et si c'était le cas, elle se ferait un sang d'encre. Je ne tiens pas du tout à la mettre dans cet état. Je vais au bureau de poste. Celui-ci est tenu par un pélican différent selon le jour de la semaine. Aujourd'hui, c'est Opélie qui est au comptoir, dans sa traditionnelle robe rose et violette qui tranche avec son plumage blanc.

- Bonjour Azari ! Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? me demande-elle

- J'aimerais envoyer une lettre.

- Bien sûr ! Nous sommes là pour ça. A qui désires-tu l'envoyer ? A un habitant de la ville ou à ton futur toi ?

- Mon futur moi ? Non, je veux l'envoyer à ma mère, à Haïwan. L'adresse est sur l'enveloppe de toute manière.

- Ah... Je suis désolée mais c'est impossible...

- Hein ? Comment ça ?

- Eh bien... Il est impossible d'envoyer du courrier à l'extérieur de Prineli... Tu imagines le travail que devrait faire Antoine si tout le monde envoyait des lettres autre part qu'ici ? Il est tout seul pour distribuer le courrier. Je regrette mais je ne peux pas satisfaire ta demande, annonce-t-elle, navrée.

- Oh... D'accord. Désolée du dérangement... Au revoir.

- Au revoir !

"Tout le travail que devrait faire Antoine si tout le monde faisait ça." Encore faut-il que les habitants connaissent quelqu'un en dehors de Prineli. Bon, je suis déçue mais je peux essayer de l'appeler, ça perdra juste de son charme.

De retour chez moi, je pose ma lettre sur la table de nuit et compose le numéro de son portable. C'est un téléphone cœur, je crois... C'est le seul téléphone qui existe à Prineli. Je décroche le combiné et une voix robotique me dit :

- Bienvenue sur le service automatisé de voyance par téléphone ! Voici les prédictions du jour pour le signe de la Vierge. Amitié : Une invitation innocente pourrait mal tourner. Renseigne- toi bien avant d'accepter ! Aujourd'hui, tu peux compter sur... l'épingle hibiscus pour te porter chance !

Quoi ?! J'ai dû me tromper en composant le numéro. Je recommence, une fois, deux fois... Rien à faire, c'est le même message qui se répète. Je suis abasourdie. Il n'y a donc aucun moyen pour contacter le « monde extérieur » ? Ma mère peut m'envoyer des lettres mais moi je ne peux pas ? Je ne peux pas non plus l'appeler sur son téléphone ? Si seulement j'avais un téléphone portable... Peut-être qu'Hiro sait comment il faut s'y prendre...

Le jour commence à se décliner, et bien vite, la Lune remplace le Soleil. J'espère que je n'aurai pas rendu les habitants plus actifs en confirmant ma décision de partir... Si les bruits que j'entends chaque nuit sont plus fréquents, cela signifiera que je n'ai fait qu'empirer les choses. Si c'est le cas, je pourrais tenter d'endormir leur méfiance en leur... mentant. Après tout, j'ai maintenant un argument pour « ne pas repartir ». Il me suffira simplement de leur dire que la lettre de ma mère m'a rassurée, qu'elle me manque moins et que jamais mon village natal ne sera aussi beau que Prineli. Je leur glisserai un petit compliment et ça devrait largement suffire pour qu'ils baissent leur garde. Du moins... je pense.

Je devrais arriver à tenir jusqu'à minuit, je ne suis pas trop fatiguée et l'idée que je dois absolument poser des questions à Hiro me suffira à rester éveillée. J'ai vraiment besoin de lui demander comment on peut communiquer en dehors de Prineli et... si mon mensonge sera suffisant pour calmer les habitants. En attendant, je me prépare un bon repas. Je prends mon temps. Après l'avoir fini, je m'installe sur mon lit, le téléphone à ma gauche, la table de nuit et la lettre à ma droite, puis commence à bouquiner. Le héro est en plein dans une bataille qui décidera quel royaume héritera des terres magiques quand le téléphone sonne. J'éteins précipitamment toutes les lumières et décroche le combiné.

Animal Crossing at Freddy'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant