Chapitre 14: La traversée.

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Chapitre 14 : La traversée.

Ainsi ils ont tout prévu... Dès que quelqu'un entre dans l'enceinte du village, ils font en sorte que sa mort survienne. Tôt ou tard. Et mon tour viendra cette nuit. Je n'ai pas le choix, il faut que je me sauve au plus vite. J'ai eu énormément de chance de trouver la porte de sortie, d'après ce que je vois, cela n'a pas été le cas pour nombre d'entre nous. Je tourne le dos à cet endroit morbide et repars vers le village. Il faut que je prenne le strict minimum pour le voyage retour qui m'attend. La grotte est beaucoup plus sombre qu'à mon arrivée. Quand j'accède au deuxième côté de la cascade, je constate qu'il fait nuit noire, sans aucune étoile brillant dans le ciel. Déjà !? Mais il faisait encore jour quand je suis allée dans la grotte ! Me serais-je plus reposée que ce que je pensais ? J'ai l'impression que je suis seule, je suis tranquille.

J'arrive chez moi sans problème, je regarde le réveil : 23h30. Je n'ai pas de temps à perdre, j'attrape mon sac et fourre tout ce que je juge de première nécessité à l'intérieur : carte, boussole, nourriture, vêtements ... J'enfile ceux que j'ai acheté un peu plus tôt dans la journée. Je n'ai pas acheté le pull nordique pour rien. Les nuits sont fraîches. N'étant jamais sortie à cette heure, je suis bien contente de porter quelque chose de chaud. Mon sac n'est pas trop lourd, ça devrait aller. 23h50. Plus que dix petites minutes ! Je ne prends pas le mémo qui a causé ma perte, je le connais par coeur, mais il me faut la tablette, sans quoi je n'ai aucune chance ! Je trouve le bouton de la remise du premier coup, elle s'ouvre, toujours silencieuse. Je sors tout ce qu'il y a à l'intérieur sans prendre le temps de le ranger quelque part dans la pièce. Je prends la précieuse tablette. 23h58. J'esquive du mieux que je le peux tous les objets à présent par terre et me dirige vers la fenêtre qui donne sur l'arrière de la maison. Emprunter la porte serait se jeter directement dans la gueule du loup, ils ne doivent pas être bien loin. Je l'ouvre et sors précipitamment. A quelques mètres à peine se trouve un bosquet, un groupement d'arbres, de buissons et de bambous, parfait pour me cacher de mes tortionnaires. Je m'y réfugie et allume la tablette. Je zappe sur la caméra la plus proche de ma maison, personne. L'heure en haut à droite de l'écran indique 00h01. Le temps de la transition entre leurs deux... personnalités me laisse un peu d'avance. Il faut que je l'utilise au mieux. Je sors du petit bosquet, Prineli est plongé dans le noir total. Aucune lumière n'est là pour éclairer un tant soit peu le village, ni lampadaire, ce qui est étrange, ni lampe à l'intérieur des maisons.

Je fais quelques pas et tends l'oreille : j'entends des brindilles craquer sous des pas. Pour la discrétion, on repassera ! Quoi qu'il en soit, je ne suis plus seule, ils sont là. Je me cache derrière une rangée de buissons, on ne peut plus bien placée. Il n'y a que la mer derrière moi, aucun risque de me faire surprendre. Des chuchotements s'ajoutent aux pas, je n'arrive pas à discerner distinctement ce qu'il se dit. Soudain, un grand bruit retentit, suivi de près par son écho et un vacarme épouvantable. 00h07. Ma maison est aux mains de l'ennemi. Cette fois, ils crient, j'arrive à comprendre certaines phrases mais je ne sais pas qui les prononce :

- Azari , on est là !!

- Pas la peine de te cacher, on te trouvera !

Bientôt suivi par :

- Hé les mecs ! La fenêtre est ouverte, elle est dehors !

- T'iras pas loin, fillette ! Bon, nous on se disperse et on la coince !

- Nous on peut te voir, mais tu ne remarqueras même pas qu'on est juste à côté de toi ! Ah si, à la douleur que tu ressentiras, autant pour moi.

Eh bien... Ils ont l'air motivé... Ils n'ont raison que sur un point : maintenant, je ne vois rien. Il peut y avoir un rocher juste devant moi et je m'étalerai de tout mon long sur le sol. Il va falloir que je fasse attention à l'endroit où je pose mes pieds, ce qui va considérablement me ralentir. Il faudrait que j'atteigne la falaise et que je la remonte jusqu'à la cascade. Longer la rivière est trop risqué, il n'y a aucun endroit où je peux me cacher. Ma vie est entre mes mains.

La tablette dans une main, l'autre devant moi et la lampe torche dans ma poche, je tente tant bien que mal d'avancer en silence. J'ai l'impression de progresser à la vitesse d'un escargot lobotomisé, ce qui est pour le moins handicapant. La rangée de buissons s'étend presque sur toute la largeur du village. Elle ne s'arrête qu'à à peu près dix mètre de la falaise. Dun côté, c'est une cachette très efficace, de l'autre... une cachette très dangereuse étant donné que la plage se trouve quinze mètres en dessous de moi. Je fais une pause et regarde quelques caméras. Il n'y a personne près de moi. D'après les écrans, ils sont éparpillés dans la moitié nord du village. Le rire de Freddy le confirme, il est très éloigné mais me donne quand même la chair de poule. J'ai peur. J'ai peur de tellement de choses... d'eux, d'échouer, de mourir, de ne jamais revoir un être humain, de rester ici... Au fond de moi pourtant, subsiste un espoir d'en réchapper. Mais il n'enlève rien à la peur. J'ai la chair de poule et je commence à trembler. Il faut que je me ressaisisse, je n'ai pas le choix.

J'avance à pas de loups, m'arrêtant régulièrement pour épier le moindre bruit. Je suis presque arrivée à la falaise. Je sors la tablette et me retrouve nez à nez avec Bonnie. Le lapin regarde la caméra, comme s'il savait que je fais de même avec mon écran. Ses orbites sont devenues noires, un point blanc brillant au milieu, une vraie vision d'horreur. Je m'empresse de changer de caméra mais quelque chose bouge à côté de moi. Je me retourne et aperçois une pupille blanche à quelques mètres. Malheureusement, aucune caméra ne surveille cette partie du village. Mais je connais assez les habitants pour savoir que seuls Foxy ou Mangle n'ont qu'un œil. Et pour s'en débarrasser, il faut les aveugler. Je sors ma lampe torche. La silhouette se rapproche, toujours plus. J'attends qu'elle ne soit qu'à un mètre ou deux, je ne sais pas si elle sait que je l'ai repérée. Le moment fatidique arrive, je braque la lampe à hauteur de ses yeux et je l'allume. La réaction ne se fait pas attendre. Cette mystérieuse ombre était Mangle. Celle-ci pousse un hurlement des plus stridents, comme ça, ma position est maintenant très clairement signalée. Elle se frotte les yeux et s'en va en courant. Je pense qu'elle est « hors-service » pour un petit moment. Mais peu importe, j'en ai encore sept autre sur le dos. J'appuie sur « Play-Audio » et un « Hi ! » crépite dans un haut parleur, à proximité. Les pas de Bonnie, Toy Bonnie, Chica et Toy Chica se dirigeant vers cette direction se font entendre. Plus que trois.

Je cours droit devant moi, en espérant qu'il n'y ait pas de piège, (ces petites boules blanches avec un point d'exclamation rouge) et que je ne me retrouve pas enfoncée dans le sol, ni rocher, ni quoi que se soit d'autre. Quelques secondes plus tard, j'atteins la falaise. Je n'ai plus qu'à la longer pour arriver à la cascade. Pour l'instant, je ne m'en tire pas trop mal, malgré la peur qui me noue le ventre. Celle-ci est amplifiée à chaque rire, à chaque bruit qui trouble le silence de la nuit. Je regarde ma tablette, 00.32. J'ai l'impression que je suis ici depuis une éternité. Je vois les quatre animaux attirés par le bruit, tous plus ou moins à l'endroit où le son a été déclenché, en train de fouiller partout. Foxy est plus près d'eux que de moi. Toy Freddy est à une bonne distance d'ici. Je ne vois pas Mangle, elle a sûrement eu son compte pour aujourd'hui. Bon ils sont tous là. Ou pas. Un, deux, trois... Ils y en a sept sur les caméras, pourtant ils sont huit ! Il manque Freddy. Son rire ne se fait plus entendre. Je fouille les alentours du regard. Deux yeux blancs qui luisent la nuit, ça ne passe pas inaperçu quand même !

Le bruit de la cascade est de plus en plus proche, mais mon stress est de plus en plus grand. Je transpire. Où se cache-t-il ? La réponse ne se fait pas attendre. J'entends tout à coup une respiration dans mon dos. Qu'est-ce qu'il faut faire déjà ? Ne plus bouger, ne plus respirer. C'est plus facile à imaginer quand on est tranquillement assise sur son lit que lorsque le danger est tout près ! J'essaye au mieux de calmer ma respiration pourtant haletante et de réduire au maximum mes tremblements. Pourtant, ce fichu animal n'est pas décidé à partir.

Animal Crossing at Freddy'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant