Chapitre 10: Découragement.

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Chapitre 10 : Découragement.

Après quelques minutes de marche et de bavardage, nous arrivons à la caravanerie. On aurait dit qu'un pan entier de la falaise avait été enlevé pour faire de la place et nous permettre d'y accéder. Devant nous, à droite d'un présentoir où étaient exposés deux objets, se tenait celui que je pensais être le gérant : Joe. Chica et moi nous rapprochons. Le chien lève la tête et me regarde avec des yeux fatigués :

- 'lut toi. J'pense pas avoir déjà senti ton odeur. T'es nouvelle ? me demande-t-il. 

 - Euh... Ouais on peut dire ça. Disons que je suis arrivée ici il y a quelques jours mais c'est seulement hier qui j'ai découvert l'existence de cet endroit, grâce à Chica, réponds-je en me tournant vers cette dernière. Elle hocha la tête pour confirmer mes propos. 

 - Alors j't'explique, ce petit coin de verdure est une caravanerie ! On y accueille toute sortes de véhicules. Les campeurs accepteront souvent de céder un article qui te plaira contre des bons de commerce. Ah, je vois que t'en as déjà quelques uns, parfait ! poursuit-il en regardant mon sac d'où dépassait un morceau de bon de commerce. Il n'y en a qu'un par jour qui vient vendre ses articles. Aujourd'hui, c'est Rodolphe qui est là, tu peux voir sa caravane, juste ici.

Je tourne la tête dans la direction qu'il m'indique et détaille une caravane que je n'avais qu'entre apperçu en arrivant. Le véhicule est plutôt petit, sa carrosserie est rouge avec deux sapins verts et des points blancs représentant des flocons. Les fenêtres et le pare-brise sont teintés, détail intéressant...

- On va aller lui faire coucou ! dit Chica en me tirant par la manche.

Elle m'entraîne vers la portière de la caravane et toque. Elle entre sans attendre l'autorisation. Rodolphe, un petit cerf, nous regarde arriver mais ne nous salue même pas. Tant pis. La caravane est joliment décorée. On dirait un vrai décor de Noël, des piles de cadeaux, des guirlandes, des meubles et de la nourriture de fête sont disposés un peu partout à l'intérieur. J'aperçois un catalogue, je l'ouvre. Toute les décorations présentes ici s'y trouvent. Du coin de l'œil, je vois Chica qui part faire la causette au cerf. Le pauvre, il ne sait pas ce qui l'attend... Ils me tournent presque le dos, j'en profite pour regarder l'agencement de la caravane, tout en faisant mine de m'intéresser à ce que je tiens entre les mains. Il y a deux sièges, les commandes ont l'air d'être basiques. Le problème... c'est que je n'ai jamais conduit. Et même si je savais le faire, comment pourrais-je voler une caravane ? Je n'ai pas les clés, elles doivent être bien à l'abri dans les poches de Rodolphe. Impossible de les lui prendre. Et si, en plus de savoir conduire, je les avais, par où je partirais ? Il n'y qu'à qu'une seule et unique sortie pour sortir de la caravanerie. Joe se douterait de quelque chose si la caravane quittait les lieux à une heure inhabituelle. Et les habitants... Eux aussi verraient quelque chose,. Je n'ai remarqué aucun véhicule circuler le jour, et ce n'est même pas la peine de tenter de conduire la nuit... Je ne sais absolument pas me servir des pédales, des manettes, des boutons.... A Haïwan, tout le monde se déplace à pied... 

Donc, récapitulons : je ne sais pas conduire, je n'ai pas les clés, si je m'en vais le jour, tout le monde se doutera de quelque chose, ils pourront faire je ne sais quoi pour arrêter le véhicule et je ne peux pas partir la nuit étant donné que je ne connais rien à la mécanique d'une caravane. Géniaaaaal... Autant dire que ce n'est pas grâce à ça que je pourrais m'enfuir. En plus, une fois dans le village avec la caravane, par où est-ce que je pourrais m'en aller ? Je dois traverser la rivière afin de parvenir jusqu'à la voie ferrée, les ponts sont trop étroits et les rives trop hautes pour que je puisse les gravir. Mais comment font les commerçants de la caravanerie pour venir jusqu'ici ? Je ne peux pas leur demander, ce serait trop indiscret et bien flagrant. Je ne me sens pas le courage de passer une autre nuit blanche pour le savoir. Venir ici seule n'est pas compliqué, j'entre le soir, avant que les habitants se « transforment ». Et puis trouver une cachette, ne dois pas l'être non plus... mais je suis vraiment trop fatiguée pour attendre toute la nuit que quelque chose se passe. Déjà qu'il faudra que je reste éveillée une nuit entière pour partir d'ici le jour J. Je suis... anéantie. J'avais placé tout mes espoirs sur la caravanerie et finalement, je ne pourrais rien faire. Je suis revenue à la case départ, sans aucune idée pour pouvoir quitter Prineli.

Je repose le catalogue là où je l'ai trouvé et remarque que Chica parle toujours à Rodolphe. Vu sa tête, il a l'air de vouloir qu'elle s'en aille, il doit en avoir assez de l'entendre raconter sa vie ou je ne sais quoi d'autre. J'appelle celle-ci et lui dit que je n'ai rien trouvé qui me plaise, qu'on peut partir. Le cerf me regarde, plein de reconnaissance, il me ferait presque rire si je n'étais pas aussi déçue. Chica et moi sortons de la caravane et lui adressons un petit signe de la main en guise d'au-revoir. Une fois retournées à Prineli, elle me demande :

- Alors, qu'est-ce que tu en as pensé ? C'est chouette hein ? 

 - Ouais... J'aime bien le principe, c'est sympa ! Je fais de mon mieux pour éviter à ma voix de flancher, mais je ne tiendrai pas longtemps. 

 - Je le savais ! A Prineli on peut faire tellement de choses. Par exemple, moi pour occuper mes journées je vais souvent faire un brin de shopping dans les Galeries Méli-Mélo. J'y croise souvent Toy Bonnie, en général on...

Ça y est, elle recommence à blablater. Je hoche la tête de temps en temps comme si je l'écoutais. Et tout ça s'arrête enfin lorsque qu'on arrive devant chez elle. Le matin est déjà bien avancé. Il faudra que je trouve à m'occuper pour l'après-midi. Une sieste ne serait pas de trop. Chica me remercie pour « cette matinée d'enfer » et rentre chez elle. Oh oui, un vrai enfer cette matinée... A mon tour de rentrer chez moi.

Je pousse ma porte d'entrée et m'affale sur le lit. Mes yeux rencontrent le mémo pour la nuit posé à côté de mon lit. Je le prends et le fixe longuement... à la recherche d'un détail qui m'aurait échappé, un indice me permettant de trouver une issue, n'importe quoi pouvant m'aider... Mais rien. Heureusement que j'ai noté tout ce que m'a dit Hiro, je ne m'en rappelle déjà plus. Je m'entraînerai à manier la tablette cette nuit, histoire de na pas être prise au dépourvu le jour venu.

Je récupère la lettre à ma mère que j'avais cachée sous mon matelas et commence à la lire. Je n'aurais pas dû. Elle renforce ma volonté de vouloir partir d'ici mais renforce aussi le sentiment que je ne le pourrais pas. Tout ce que j'ai essayé depuis le début n'a pas marché... La gare, Amiral, et maintenant la caravanerie. Escalader la falaise serait de la pure folie, il n'y a aucune prise, je ne pourrais même pas faire deux mètres. La rue commerçante est sans issue. J'ai même visité le « village témoin », tout au nord d'ici. Il est tenu par Max, le frère jumeau de Marie. D'après ce qu'il m'a dit, lors des rencontres avec d'autres visiteurs, les maisons et les décorations sont copiées ici. Mais... aussi étonnant que cela puisse paraître, le village témoin est tout ce qu'il y a de plus vide. C'est un vaste espace, composé en plusieurs parties, toutes plus vacantes les unes que les autres. Il semblerait que je sois coincée ici, dans ce village idyllique qui s'est bien vite transformé en prison.

Je sens mes paupières devenir de plus en plus lourdes. Au bout de quelques minutes à peine, je ferme les yeux et m'endors. Dans un sommeil vide, où les rêves sont aussi inexistants que les espoirs de pouvoir m'échapper...

Animal Crossing at Freddy'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant