Ma Faucheuse

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Chapitre 4 : La Mort est un vampire ?

C'est avec toutes ces pensées morbides (et c'est le cas de le dire) que La Mort rentra chez elle, lasse mais en assez bonne forme. Elle rangea ses affaires, fit la vaisselle-pour une fois- et remit ses armes dans leur cachette. Elle prit sa douche et mangea, pour le plaisir. La Mort n'avait pas besoin d'acheter des aliments, elle les volait à l'occasion. Elle alluma la radio et se dirigea vers la cheminée. Elle craqua quelques allumettes contre le paquet et les jeta dans l'âtre. Les bûches s'embrasèrent presque aussitôt et La Mort regarda le feu lécher les bouts de bois déjà calcinés. Sa chanson préférée passait à la radio, elle se mit à chanter doucement, envahie par la nostalgie et captivée par la beauté du feu :

Paroles ( quand j'aurai du wifi)

La Mort, toujours en chantant, entra dans une sorte de transe, son regard fixé sur le feu. Elle se débarrassa de son pyjama de soie et se leva lentement. Elle était complètement nue. La Mort fit un pas, passa par-dessus la petite grille noircie par les cendres, se retrouva dans le feu et sentit les flammes lui réchauffer tout son corps. Envahie par une douce quiétude, elle ferma les yeux et entra
en méditation.

Elle fut réveillée le lendemain par des petits coups frappés à la porte. Elle regarda autour d'elle, hébétée, encore étourdie par sa méditation. Il n'y avait que des cendres autour du feu désormais éteint. Les petits coups reprirent, insistants. La Mort pesta et sortit du feu. Elle éteignit la radio, essuya ses pieds couverts de cendres et nettoya la cuisine. Elle alla ensuite prendre sa douche, non sans lâcher quelques jurons au passage. Elle s'habilla comme à l'accoutumée et descendit les marches de l'escalier. On était samedi matin, quelqu'un avait toqué à sa porte, elle était à la bourre et avait tenté de se suicider hier soir. Bien ! Elle jeta un coup d'œil discret par le judas de la porte. Elle vit l'homme-cigare, vêtu d'un manteau rouge foncé doublé de fourrure attendant sagement qu'on vienne lui ouvrir. La Mort se méfia instantanément de lui. Personne ne connaissait son existence et personne hormis ses collègues et ses patrons ne venaient lui rendre visite. Cela faisait bien une heure qu'il l'attendait dans le froid. Immobile et silencieux, il ne paraissait pas humain. Il ne l'était pas, pensa La Mort. Elle mit ses chaussures, passa les bretelles son sac sur ses épaules et sortit par la porte de derrière, à côté de l'escalier. Par chance, son vélo se trouvait posé contre le mur juste à côté de la porte. Elle l'enfourcha et donna de grands coups de pédale, jusqu'à ce qu'elle ait quitté la ville. Sa première victime logeait à une vingtaine de kilomètres de là et en chemin, elle réfléchit à la raison de sa présence matinale. Que faisait-il devant chez elle ? Obéissait-il à quelqu'un ? Si oui, qui ? À un de ses collègues lui faisant une farce ? Son oncle adoptif ? Cela pouvait être lui, il avait un humour très particulier : quand tout le monde pleurait, il riait et quand tout le monde riait, il pleurait. Il avait un goût prononcé pour les mauvaises blagues, et les coussins péteurs, les perruques et moustaches postiches, les tasers cachés dans la poignée de main et les tire-sur-mon-doigt-tu-verras-c'est-marrant étaient ses meilleurs amis. Mais enfin, de là à aller jusqu'à chercher l'adresse de sa maison, ordonner à quelqu'un de venir devant chez elle et de l'attendre une heure dans le froid pour une simple blague c'était un peu trop non ? La Mort, perdue dans ses réflexions, rata la bonne sortie et refit la route dans l'autre sens. Elle croisa le regard de l'homme-cigare qui conduisait sur la route inverse et, ô surprise ! Il fumait même au volant ! Elle se demanda s'il ne la suivait pas et s'il pouvait la voir. La Mort n'eut pas le temps de se poser plus de questions, étant arrivée. Elle longea une haute clôture électrique surmontée de fils barbelés, cherchant un moyen d'entrer. Après avoir fait le tour du bâtiment, elle sortit une pince coupante de son sac et entreprit de sectionner le métal de la clôture. Cela aurait électrocuté n'importe qui, la clôture étant électrifiée, et la pince avec laquelle elle la coupait étant en métal. Mais pas La Mort. La Mort n'était pas n'importe qui ! Elle se faufila par l'ouverture qu'elle venait de créer et leva la tête. Des nuages gris s'ammoncelaient au-dessus de sa tête, signes d'un orage imminent. Elle se dépêcha de se mettre à l'abri avant qu'il ne se mette à pleuvoir. La Mort traversa le bâtiment d'un pas rapide et se retrouva dans un jardin à l'anglaise, qu'elle détestait particulièrement. Elle s'approcha de sa victime, Tom Bedanslespommes, âgé de vingt ans à peu près, qui était affairé à tailler les buis. Elle se rendit visible, lui tapota l'épaule, et alors qu'il se retournait, surpris, plongea la main dans sa poitrine et lui serra le coeur. Elle sourit en le regardant s'effondrer par terre, tel une chaussette échouant dans le panier à linge sale. Les médecins lui diagnostiqueraient une crise cardiaque. La Mort repartit, satisfaite et invisible.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 15, 2018 ⏰

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