A moins de deux kilomètres de là, rue de la porte d'Andin, un estomac émit un gargouillement si puissant qu'il s'invita dans les songes du dormeur. La douleur fulgurante qui l'accompagnait, réveilla la femme en une fraction de seconde. Dans un premier temps elle crut reconnaître une crise aigüe d'aérophagie comme elle en faisait dans son enfance mais elle se rendit vite compte qu'il s'agissait d'autre chose. Son estomac la brûlait, elle ne put faire autrement que de se plier en deux. Cette technique lui avait été apprise par sa mère lors des précédentes crises et permettait selon elle de libérer des gaz pour soulager l'estomac. Une fois qu'elle eut le menton entre ses genoux et les bras autour de ses jambes, elle ferma les yeux et pressa de toute ses forces. Les larmes emplirent ses yeux et coulèrent le long de ses joues, les secondes puis les minutes s'écoulait mais rien ne se passait.
Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, une dizaine de minutes plus tard, elle tenta de se concentrer sur sa respiration. Elle prit de grandes inspirations par le nez qu'elle expira par la bouche plusieurs fois de suite. Les règles les plus douloureuses qu'elle avait subie n'étaient rien comparé à ce qu'elle ressentait à ce moment.
Sa concentration revint peu à peu et ses yeux se posèrent sur la forme qui gisait à côté d'elle. Impossible de se rappeler de la soirée de la veille. Où était-elle ? Qui partageait son lit ? Ses seuls souvenir était lorsqu'elle s'était préparée pour sortir en boîte de nuit avec Charlène et Camille puis d'être entré dans le Pacha mais après c'était le trou noir. Elle avait la réputation d'être une vraie fêtarde et il lui arrivait souvent de n'avoir que des flashs de la soirée mais jamais d'amnésie totale. Elle en vint à une conclusion sordide mais qu'elle ne pouvait écarter, avait-elle été droguée ?
La silhouette à côté d'elle bougea et se tourna dans sa direction sans pour autant se réveiller. La lumière du jour qui filtrait à travers les rideaux illumina le visage de l'inconnu. L'homme brun, avec une barbe de 3 jour et était plutôt mignon, ils devaient avoir plus ou moins le même âge. Elle se félicita de sa conquête de la veille ou du moins d'être tombé sous son charme.
Les maux d'estomac la coupèrent dans ses pensées et la ramenèrent à la réalité. Cette fois ils furent accompagnés d'une sensation de faim intense.
Ce ne fut que lorsqu'elle se leva qu'elle remarqua que le seul vêtement qu'elle portait en guise de pyjama était une chemise bleu ciel beaucoup trop grande pour elle et qui ne faisait pas partie de sa gare robe. Elle appartenait surement à l'homme à côté d'elle.
Les meubles qui l'entouraient ne ressemblait en rien à ceux de sa chambre, deux solutions lui vinrent à l'esprit, soit elle se trouvait chez l'homme ou bien dans une chambre d'hôtel. Elle se dirigea vers la porte de la chambre et l'ouvrit. La pièce suivante était une sorte de salon avec une cuisine à l'américaine. Il s'agissait à coup sûr d'un appartement, d'autant plus qu'une photo géante de l'homme était encadrée au-dessus du canapé.
Afin d'apaiser sa faim, elle se mit en quête de nourriture. Dans le premier placard, elle saisit une boite de corn flakes dans laquelle elle piocha allégrement. Elle enchaîna des poignées entières sans se rendre compte que les céréales étaient périmées depuis plusieurs mois. La plupart des pétales de maïs tombaient au sol. Pour finir la boite, elle la positionna au-dessus de sa bouche grande ouverte et la renversa. Les céréales ne suffirent pas et elle jeta son dévolu sur quelques boites de sardines et de maquereaux qu'elle goba toutes entières sans même retirer la queue. L'huile qui coulait le long des poissons finit sa course sur la chemise, elle créait des auréoles de gras. Les récipients gisaient à même le sol et déversaient leur liquide sur le parquet.
Son estomac fut soudainement pris de convulsion si violentes qu'elle les pensa semblable aux contractions d'une femme enceinte lors de l'accouchement. Elle rendit immédiatement le contenu de son estomac sur le sol.
Alerté par tout ce bruit inhabituel, l'homme se leva et resta stupéfait dans l'entrebâillement de la porte.
« Putain, c'est quoi tout ce bordel ? »
Sans même se retourner vers l'homme, Lana ouvrit le frigo comme une furie, la porte claqua contre le mur. La bouteille de lait qu'elle prit, fut englouti en quelques secondes. Du liquide coula le long de la commissure de ses lèvres et termina sa course sur la chemise déjà souillée par ce qu'elle avait régurgité. Le tissu imbibé faisait apparaître sa poitrine.
La bouteille vide fut envoyée à travers la pièce en direction de l'homme. Elle se brisa contre le mur dans un son cristallin avant d'éclater en un millier de morceaux qui retombèrent sur le sol. L'homme était choqué d'assister à un tel spectacle.
« Dégage ou j'appelle la police ! » Il se dirigea vers son téléphone posé sur la table de la cuisine mais lorsque son pied se posa sur les débris de verre, il ne put réprimer un cri de douleur.
Sa boulimie ne semblait pas avoir de fin bien qu'elle eût ingéré plus en quelques minutes que toute la journée de la veille. La porte du frigo fut ouverte pour la seconde fois avec une telle violence qu'elle percuta de plein fouet le mur et revint cogner le bras de la jeune femme sans qu'elle n'esquisse la moindre grimace de douleur. Un seul aliment trônait au centre sur l'étagère, une barquette de viande qu'elle prit.
L'homme essaya de s'interposer mais il fut envoyé avec violence contre un mur.
Lana utilisa ses ongles pour percer la pellicule de plastique et attrapa le morceau de viande. Elle déchiqueta des morceaux à pleine dent.
L'homme pris son téléphone portable et composa le 112. La veille, Lana l'avait attirée avec ses yeux vert émeraude mais à cet instant ils étaient noirs de haine. Son regard le terrorisa. Le sang remplaça le lait sur son menton de la jeune fille.
« Vous êtes en relation avec la police nationale, veuillez patienter en attendant qu'un agent se libère. Votre appel sera enregistré. Tout abus sera puni ... Gendarmerie Nationale j'écoute.
— Elle est folle, venez vite !
— Monsieur calmez-vous. Commencez par décliner votre identité/
— Elle est folle je vous dis, elle est pleine de sang !
— Comment vous appelez vous et ou êtes-vous ?
— Je m'appelle Thomas Vignal, j'habite au 2 rue de la porte d'Andin, 3éme étage, venez vite elle est pleine de sang et ses yeux sont ... Au mon dieu ses yeux ! »
Du côté de Lana, le steak disparut en quelques bouchées. La faim se calma enfin, elle en déduisit qu'elle était en manque de chair et de sang.
« Nous envoyons immédiatement une équipe sur place. Pouvez-vous vous enfermer dans une pièce ?
— Elle me fixe, je crois qu'elle va me tuer ...
— D écrivez la moi, que porte-t-elle comme vêtement ?
— Elle est brune, yeux verts, à peu près un mètre soixante. Elle porte ma chemise bleu ciel mais elle est pleine de sang ! Elle me fixe ! Dépêchez ... »
Le regard de Lana se tourna vers Thomas qui ne portait qu'un boxer et qu'elle avait envie de croquer. S'en suivit un bruit sourd.
Un hurlement traversales ondes jusqu'aux oreilles du gendarme. Tous ses poils se hérissèrent en unefraction de seconde. Malgré ses efforts pour garder le contact, l'opérateurn'entendit plus jamais la voix de Thomas Vignal.
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Haiti
Mystery / ThrillerPlonger au coeur d'une enquête qui vous emmènera au plus profond de l'horreur.