CHAPITRE 4

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C'est à leur prise de poste quelques heures plus tard que Samuel trouva sur son bureau un dossier cartonné sur lequel était inscrit « affaire 71021116 ».

La jeune femme avait été prise en charge par un médecin dès que les pompiers l'eurent déposée à l'hôpital. Elle resta inconsciente pendant plus de deux heures, le gendarme qui avait été envoyé pour la surveiller décida tout de même de la menotter au lit. Le procureur demanda pour les besoins de l'enquête une prise de sang et une analyse d'urine. Il espérait y déceler d'éventuels traces de drogue ou d'alcool ce qui pourrait constituer un début d'explication. Si elle n'était pas dans son état naturel, peut-être qu'elle ne se contrôlait plus au moment où elle s'était attaquée à l'homme. Les prélèvements furent effectués par le médecin de garde malgré sa réticence à faire des analyses sur une personne inconsciente. Selon lui, les résultats devraient leur parvenir sous 48 heures.

Une patrouille s'était rendue à l'hôpital afin d'interroger la jeune femme à son réveil mais ses propos étaient incohérents et ils n'apprirent rien de plus. La seule chose qu'elle répétait en boucle c'était qu'elle avait eu tellement faim qu'elle n'avait pu faire autrement. Elle était incapable de donner son nom ou quelconque renseignement sur elle.

Une carte d'identité et un ancien passeport au nom de Thomas Vignal furent retrouvés dans l'appartement, cela coïncidait au patronyme qu'avait donné le requérant au central. Les photos étaient de mauvaise qualité et pouvaient très bien correspondre avec la victime comme avec un grand nombre de personne. Les techniciens avaient pris les empreintes digitales. Le logiciel ne trouva aucune correspondance, il n'était donc pas fiché.

La dernière solution afin d'être sûre de l'identité était de contacter la famille afin de leur demander de faire une identification visuelle du cadavre. C'était un moment très éprouvant pour les familles entre l'attente à la morgue et les dernières secondes, qui paraissaient interminable, où l'on découvrait le visage de la personne et la culpabilité du soulagement qu'elles ressentaient quand ce n'était pas l'un des leurs. Parfois venait aussi le déni, elles ne voulaient pas croire que le cadavre devant eux était leur fils, leur fille ou encore un ami. La rigidité cadavérique pouvait parfois déformer les traits du visage et rendre méconnaissable une personne que l'on côtoyait tous les jours.

Les techniciens de l'identité judiciaires avaient trouvé un sac à main qui contenait un nombre incalculable d'objets aussi hétéroclites que des bouchons de stylo, des tampons, une boite de préservatifs ou encore un portefeuille avec une somme importante d'argent en petite coupures. Selon le procès-verbal elle représentait plus de 300 Euros. Il y avait également une pièce d'identité au nom de Lana Lang née le 18 Décembre 1999. Ce nom n'était pas inconnu à Samuel mais il ne se rappelait plus ou il l'avait entendu. Le reste de la quarantaine de scellés qui avaient été collectés et listés par les techniciens contenait des vêtements féminins retrouvés au domicile.

Les empreintes digitales de la jeune femme furent également passées au Fichier Automatisé d'Empreinte Digitales appelé FAED mais elle n'y était pas référencée. Elle non plus n'avait donc jamais eu affaire à la police.

Qui était cette Lana Lang ? Que faisait elle dans cet appartement ? Pourquoi avait-elle commis cet acte abominable ? Tant de questions sans réponses.

Lors de sa venue dans l'appartement, le gendarme adjoint volontaire qui accompagnait le lieutenant avait rendu son petit déjeuner en entrant dans la chambre, c'était la première fois qu'il se trouvait si près d'un cadavre.

La plupart des personnes qui se trouvait pour la première fois face à un mort vomissait surtout quand le corps avait été amoché ou qu'il avait entamé son processus de décomposition. L'odeur de la mort incommodait même les gendarmes les plus aguerris, certains mettais du baume de tigre mentholé juste sous leurs narines pour la rendre plus supportable.

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