Comme dans un drôle de rêve, elle ouvre brusquement ses yeux. Sa tête s'était appuyée contre des cailloux. Il faisait noir, mais quelques lampadaires illuminaient assez le chemin. Elle regarde ses jambes et vit qu'une de ses chaussures lui manquait, et que la semelle de l'autre s'était arrachée. Du sang frais coulait de son bras où se virent des égratignures. Ses mains étaient aussi rouges, beaucoup plus qu'au départ. Cette fois-ci, ses ongles avaient pris cette couleur. Que s'était-il passé ? Elle regarde autour d'elle, affolée à l'idée que le meurtrier s'était rapproché d'elle. Où était-elle ? Toujours au même endroit que lorsqu'elle avait aperçu le petit homme ? C'était bien le même endroit, mais le petit homme ne s'y trouvait plus. Un petit frisson lui parcourut, puis l'angoisse revint. Elle commençait aussi à avoir froid. Très froid, et son mal de tête ne cessait pas. Le vélo du petit homme se tenait à sa gauche. Ne voyant pas d'autre solution, elle se jeta dessus. Et c'est là qu'elle vit le corps du petit homme dans le fossé. La bouche ouverte, les yeux écarquillés. Du sang plein le ventre, le petit homme était dénudé, et il dégouttait. Elle cria brusquement de terreur. Elle ne savait plus où regardait et elle avait peur de se retourner. Peut-être était-il derrière ? Elle restait quelques minutes là, sans un mot, sans un moindre bruit, pétrifiée par le corps de l'homme. Il était plus horrible que celui de sa tante. Comment son meurtrier a-t-il pu ? Comment, A quel moment ? Que s'était-il passé ? Pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Pourquoi était-elle encore en vie ? Qui lui en voulait autant pour lui faire subir un gros cauchemar psychologique, au point de vouloir la rendre complètement folle, complètement morte de trouille ? Elle ne pouvait pas rester ici une seconde de plus, elle savait qu'il était toujours là, en train de la regarder, de voir ce qu'elle faisait. Il examinait tous ces faits et gestes, pour sans doute vouloir taper plus fort.
Elle pédale avec le peu d'énergie qui lui reste et dans des yeux aveuglés par le noir. Elle ne sait pas quelle route elle a pris, elle ne sait pas où aller, elle ne sait non plus pas si quelque part, on l'attendait. Elle pédale juste, pour amuser son bourreau, elle ne peut pas faire autrement que de fuir ce dangereux. Puis, l'idée lui vint de retourner chez elle. Sa maman et la police devaient être sur les lieux depuis un petit moment. Ils seraient déjà à sa recherche. Là-bas, elle avait une chance. Mais, retourner chez elle signifiait faire le chemin arrière, et peut-être que c'est cela que voulait l'assassin, peut-être que depuis le début, il essayait de la faire fuir, pour qu'elle revienne sur ses pas, pour qu'il puisse terminer ce qu'il voulait, comme il le souhaitait. C'était de la grande manipulation, et sans doute une idée stupide, mais on était sûr de rien. Alors ? Devrait-elle rebrousser chemin, ou pédaler jusqu'à trouver une ville, dans cette profonde obscurité ?
Sa réponse, elle l'avait trouvé. Elle devait retourner sur les lieux. C'était sa seule chance de survivre, il fallait tenter. Plonger dans cette nuit n'allait l'emmener nulle part. Avec le vélo, elle avait dû prendre de l'avance sur lui. Et puis, de toute manière, elle avait une chance de l'esquiver. Ce qui était évident, c'est qu'il était à pied. Alors, c'est partit. On change de direction, on revient sur nos pas, et on fonce dans la gueule du loup.
VOUS LISEZ
L'homme
General FictionCours ! Cours ! Ne te laisse pas rattraper par l'homme ! Tu ne sais pas où tu vas, mais on s'en fout, cours ! Il a tué tout le monde, il va te tuer. Cours ! Même si tu n'as plus la force de courir, ne t'arrête pas, ou tu mourras.