Prologue : Retour longtemps attendu

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Loin au-delà des montagnes froides et embrumées

Vers des cachots profonds et d'antiques cavernes,

Il nous faut aller au lever du jour

En quête de l'or pâle et enchanté.

Ainsi ces paroles occupaient encore l'esprit de notre cher ami Bilbo Baggins. Ce dernier était assis confortablement sur son vieux fauteuil à contempler le vide face à la cheminée qui abritait en son sein une ardente flamme qui ondulait vivement.

Cela faisait maintenant deux semaines que le Hobbit était rentré chez lui, à Cul-de-Sac. Il repensait à tout ce qu'il avait vécu, aux amitiés qui s'était liées, aux paysages sublimes qu'il n'aurait peut-être jamais cru voir un jour si il avait décliné l'invitation donnée la veille de son départ.
Bilbo se demandait encore comment il avait survécu à ce périple. Il croyait à un miracle sûrement. Accompagner Thorïn Écu-de-Chêne et ses compagnons tuer un dragon n'est pas chose qu'il est très courant de faire, encore moins chez les Hobbits.
Le semi-homme se sentait pour la première fois comme quelqu'un d'important. Il savait qu'il avait trouvé une place dans ces terres ainsi qu'une des places les plus importantes dans le cœur de ses compagnons. Cela le rendait si heureux mais fut pris d'une grande tristesse en y repensant.

Bilbo prit son courage à deux mains et se leva de son siège, si confortable, pour rejoindre la cuisine, à quelques pas d'ici. Bien que Bilbo aimait prendre des repas de naturels copieux, environnants les six repas par jours pour être précis, tout en comptant le premier ainsi que le second petit déjeuner, le déjeuner, le goûter, le dîner pour terminer par le souper. Ce soir là il ne ressentait pas la moindre envie de quoique ce soit. Rien que cette pensée lui faisait mal au cœur. Peut-être s'est-il finalement habitué au maigre festin qui satisfaisait son appétit durant les mois de marches et de errances parmi les routes sinueuses en direction de la Montagne Solitaire.

Il abandonna vite l'idée de se préparer quelque chose et saisit sa veste afin de sortir dans le jardin. Une fois dehors il sentit la légère brise lui caresser ces joues rosées par le froid. Il ne sentait presque plus la sensation des galets sous ses pieds velus tellement la marche avait eu raison de lui. Bilbo s'avança vers une petite pousse qu'il contempla sereinement pendant plusieurs minutes. Une simple petite pancarte de bois plantée à côté de cette dernière indiquait : ''Chêne''. Bilbo en avait planté le gland le soir de son retour chez lui. Il en prenait grand soin, tous les jours, le Hobbit l'arrosait et le chérissait. Pour lui, cette merveille de la nature était plus qu'un simple cadeau.

Toutefois l'aventure lui manquait. Il rêvait encore des grandes et majestueuses montagnes, des chants au coin du feu, des rires et des aventures contées soigneusement par chaque Nain, tous aussi attachants les uns que les autres, seul Thorïn restait silencieux. Il se souvenait aussi des petits-déjeuners au bord du lac nappé de brume ou encore des longues et périlleuses randonnées.
Bilbo se sentait bien seul à présent. Il alla s'assoir sur le banc à l'entrée de Cul-de-sac, voulut fouiller dans ses poches pour y prendre sa pipe mais il toucha autre chose. Son regard changea subitement au contact de l'objet contre sa peau.

Ce n'était pas sa pipe qu'il sortit mais bien un anneau d'or ; assez petit certes, mais de bonne taille pour que Bilbo puisse le glisser à son doigt. Il le prit entre ses mains et l'approcha de ses yeux noisettes, puis admira le bijou.
Cela faisait maintenant un an et trois semaines exactement que l'anneau était en sa possession. Depuis que Bilbo l'avait, il se sentait étonnement moins seul. Une sensation de chaleur étrange émanait de cette anneau. Bilbo était comme fasciner par celui-ci. Plus le temps passait, plus, progressivement, il le rapprochait de ses pupilles rondes dans l'obscurité de la nuit.

Un hennissement de poney le fit subitement revenir à la réalité. La bête surprit Bilbo qui sursauta et rangea immédiatement l'anneau dans la poche d'où il l'avait sorti quelques minutes plus tôt. D'un geste, il se leva en lançant un regard des plus noir à l'animal, puis se dirigea vers la porte d'entrée toujours entrouverte.

Avant de rentrer, il regarda d'un regard las la fine marque que le magicien avait laissé le jour de son arrivé. Quand il la poussa, Bilbo soupira ; ce pauvre Hobbit avait besoin d'un peu de compagnie ou, du moins, d'avoir une conversation ne serait-ce quelqu'un. Il pensa tout de suite à Gandalf son vieil ami magicien nomades qui arpentait toute la Terre du Milieu à la recherche de savoir sûrement ou alors aux Elfes de Rivendell, mais il se rappela vite que Hobbitebourg se trouvait loin de tout ce qui empêche les visites régulières.
Une fois la porte de Cul-de-sac passée, il observa longtemps le hall pratiquement vide et sale. Le Hobbit n'avait pas le cœur à se mettre au ménage. Indécis à l'idée trouver une occupation, Baggins parcourra la maison du regard. Alors, Bilbo prit un siège parmi les quelques affaires qu'il avait pu récupérer de la vente de sa maison et l'installa devant l'entrée puis s'assit.

Il se rappela du soir où il s'apprêtait à dîner. Un soir comme les centaines d'autres soirs qu'il avait vécu. Un soir des plus normal jusqu'à ce qu'il entendit frapper à la porte, alors qu'il n'attendait aucune visite particulière. Et puis, delà, douze nains débarquèrent. Tous encore plus aimables les uns que les autres. Bilbo esquissa un léger sourire au coin des lèvres quand il se remémora la panique qu'il laissait apparaître. Le ''cambrioleur''. C'était ainsi que les Nains l'avait surnommer.
Il repensa aussi au chant qu'avait entonné Thorïn le soir de leur venue. Il se surpris à la fredonner lui-même. Un air si triste mais si beau à la fois.

Lorsque Bilbo repensait à tous ces souvenirs, il ne put s'empêcher de verser une larme. Assit, seul, à se remémorer ces images d'un passé douloureusement réel.
Bilbo avait risqué sa vie pour sauver celle de ses proches mais n'avait visiblement pas réussi à le faire pour tout le monde. Juste cette pensée lui procurait une tristesse profonde. Cela lui fit un pincement au cœur, quand il se tenait auprès de son ami lors de son dernier souffle. Oui, le Hobbit avait fini par le qualifier d'ami finalement.
Il le regrettait encore plus de jours en jours. Bilbo avait vécu tellement de choses incroyablement difficiles ces derniers mois, qu'il aurait presque préféré ne jamais en revenir.

Plus rien n'était redevenu pareil après tout cela. Depuis la fin de son périple, il espérait encore nuit et jour que quelqu'un frappe à sa porte. Alors il restait là, à sombrer dans une profonde dépression et à scruter l'arrivée, qui sait, d'une nouvelle aventure.

Par delà les montagnes [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant