Chapitre premier : Un peu plus loin à l'Est

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La forêt abritait une diversité de petits animaux. Le Soleil brillait, les montagnes s'élevaient d'une hauteur inégalable, et de leurs sommets, nous pouvions presque voir l'intégralité de la Terre du Milieu se dessiner sous nos pieds. Il régnait paix et prospérité depuis que le royaume d'Erebor avait été reconquis. Le paysage aux alentours avait l'air de sommeiller.

Insouciantes et innocentes créatures, les oiseaux sont des animaux fascinants. Leur liberté fait bien des envieux. Juste le fait d'entendre leurs chants matinaux nous donne le sourire.
Cet oiseau là était un petit faucon pèlerin, pas très lourd. Il n'avait surement pas mangé depuis quelques jours. Le malheureux était blessé et en piteux état, il pouvait à peine bouger.

Tandis que le faucon périssait au creux d'un arbre un bruit se fit entendre. L'oiseau tourna brusquement la tête en direction d'où provenait le son. Ses yeux ambrés se posèrent sur deux silhouettes humaines, dont l'une bandait un arc armé d'une flèche taillée dans du bois, visant le pauvre animal sans défense. Ce dernier ne pouvant rien faire, observa la silhouette sans bouger, sachant que c'en était fini pour lui. Il sentit une vive douleur le traverser. Ses yeux devinrent vitreux puis son petit corps glissa pour tomber gracieusement sur le sol.

« Je l'ai eu ! s'écria le jeune archer s'approchant de l'oiseau, surexcité.

« Bien joué. Tu peux être fier de toi Baìn ! Ta première prise d'aussi loin, je suis impressionnée ! »

C'était une Elfe qui avait prononcé ces paroles. Elle s'avança vers le gibier, le prit dans ses mains afin de retirer la flèche plus facilement, puis le tendit à Baìn. Le jeune homme, fier comme un paon, prit l'oiseau entre ses doigts, rouges et griffées par les feuillages, pour ensuite l'accrocher à sa ceinture.

« La prochaine fois, fais moi penser à te fabriquer des gants en cuir. Si tu reviens continuellement de la chasse avec des blessures, ton père va commencer à se poser des questions, voire t'interdire de m'accompagner. » reprit l'Elfe sur un ton sérieux.

La jeune femme qui l'accompagnait se nommait Rowell. Elle appartenait à la race des Elfes Sylvestres. Fille du grand roi Thranduil, elle a aidé le peuple d'Esgaroth (dit aussi ''Lacville'') lors de la Bataille des Cinq Armées.
Elle apprit à Baìn, fils de Bard, la chasse et bon nombre de connaissances. Ses cheveux sont d'un noir profond et ses iris de couleur prairie. Elle est d'une sagesse et d'une générosité miraculeuse.
Depuis que sa mère n'est plus, Rowell est dotée d'un grand instinct maternelle qu'elle a pu développer au fil du temps au côté de son plus jeune frère, mais elle peut être aussi d'une agressivité débordante.

« Veux-tu que je te prête les miens pour que tu les essayes ? questionna Rowell. À moins que tu veuilles déjà rentrer ? »

« Ne t'en fais pas Rowell, il comprendra, il sait bien ce que c'est que de tirer à l'arc. »

Baìn scruta le ciel puis répondit :

« Le soleil sera bientôt à son zénith, il sera sous peu midi, rentrons, sinon mon père risque de s'inquiéter. »

Tout deux ramassèrent quelques derniers champignons qu'ils rangèrent dans un sac commun. Puis se mirent en route en direction de Dale, l'ancienne citadelle des nains.

                                ***

En chemin, Rowell remarqua que Baìn marchait de plus en plus lentement, le regard dans le vide, perdu dans ses pensées.

« Tu crois que, un jour, nous pourrons revivre comme avant ? se demande le garçon songeur.

« Avec cet escroc pour maître et son impitoyable second ? Rowell avait prononcé ses mots en ricanant mais au fond d'elle se cachait une véritable haine. Venant de toi cela m'étonne. Tu ne crois pas qu'il faudrait mieux se préoccuper du présent, jeune homme ? »

Elle lui ébouriffa les cheveux en le regardant, amusée. Il gloussa tel un enfant de quatre ans.
Son regard se tourna vers la Montagne Solitaire, il poussa un profond soupir affichant un visage triste. Il s'arrêta un instant pour contempler le paysage, son regard défilait jusqu'à se poser sur les Monts Brumeux au loin.

« Qu'il y a-t-il derrière ces montagnes ? » s'interrogea Baìn.

Ce dernier se tourna vers Rowell en arquant un sourcil. L'Elfe semblait d'abord surprise par sa question puis observa à son tour les silhouettes des Monts.

« Tu sais très bien que... » Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que Baìn la coupa :

« Savoir ce qu'il y a au-delà ces montagnes ne signifie pas forcément que je souhaite y aller, répondit-il sur la défensive. Et puis, de toute façon, à quoi bon. Je sais que mon père a besoin de moi et que mes sœurs également. »

Rowell lui adressa un sourire bienveillant, déposa leurs affaires à terre, puis l'invita à s'assoir sur une souche d'arbre sans lâcher la chaîne de montagnes du regard. Elle reprit :

« Sais-tu qu'un jour elle seront assez grandes pour se débrouiller seules ? Tu ne pourras pas toujours être derrière elles pour les protéger. »

« Je sais. » marmonna le garçon à vois basse.

Une larme à peine visible perla sur sa joue glacée et rougeoyante à cause du froid. Il l'essuya vivement d'un revers de la main. Rowell se redressa et se posta devant Baìn. Elle lui afficha un regard emplit de tendresse puis prit un ton grave, elle hésita un instant :

« Baìn, je profite de ce moment pour te parler sérieusement. Le concerné tourna la tête afin d'écouter Rowell. J'ai bien remarqué que ces derniers jours n'ont pas été très faciles pour toi. Je vois... Je vois bien que depuis..., elle hésita, ...que depuis que nous nous sommes installés dans l'ancienne citadelle, quelque chose te tracasse. »

Rowell respira un grand coup avant de reprendre :

« Le choc a du être difficile et je comprends complètement. D'ailleurs cela nous a tous affecté. Mais je m'inquiète surtout pour toi. Tu ne nous parles pratiquement jamais ne serait-ce à la chasse... et encore. Saches que tu peux me faire confiance, à moi ou même à ton père. La meilleure chose que tu puisses faire est d'en parler à quelqu'un. »

Sur ces mots Baìn grimaça discrètement. Cette dernière bataille l'avait grandement affecté. Le garçon ne put s'empêcher de se remémorer ces images à jamais graver en sa mémoire. Il se mit à sangloter.
Rowell le prit dans ses bras en le bercent doucement et lui murmura à l'oreille ; « Pardonne-moi. »  Puis elle lui déposa un baiser sur le front. Ils restèrent là, longtemps, à contempler le ciel bleu glace.
Après de longues minutes. Rowell mit un terme à ce silence :

« Il serait peut-être temps de rentrer, tu ne penses pas ? » questionna l'Elfe à Baìn.

« Oui, tu as raison, il se fait tard. »

Il remonta son col en fourrure jusqu'à son nez afin de se réchauffer. Tout deux se levèrent sans un mot puis se dirigèrent vers le lac. Là bas, une barque les attendait. 

Par delà les montagnes [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant