Chapitre second : Les rescapés d'Esgaroth

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« Alors, la pêche a été bonne ? » s'interrogea Bard en observant les kilos de poissons.

« Assez pour tenir encore quelques semaines avant la prochaine récolte, affirma un homme à bout de souffle. Tous ces poissons sont bien lourds, il nous faudra plus de paniers où les ranger. »

« Très bien. Nous ferons d'abord manger les femmes, les enfants et les malades. Nous attendons encore les trois autres groupes qui doivent revenir de la chasse, en espérant que celle-ci se soit tout autant bien déroulée. »

Sur ces mots Bard mit sa main sur l'épaule de l'homme en lui affichant un sourire encourageant. Celui-ci le lui rendit mais Bard savait que derrière son regard, l'homme était peu serein.
Le vent balayait encore les dernières poussières des décombres des anciennes bâtisses de Dale. Malgré les cendres qui étaient venues noircir la citadelle et le manque cruel de nourriture, les rescapés d'Esgaroth avaient fini par trouver refuge dans son enceinte.

Bard et ses compagnons survivaient tant bien que mal et devaient à présent s'adapter à leur nouvelle vie.
Tandis que Bard tentait chaque jour d'encourager ses hommes, plus de la moitié d'entre eux avait déjà perdu espoir. Par chance, l'autre partie du groupe tenait bon. Ils étaient tous là, coûte que coûte à reconstruire leur passé enfoui sous les cendres du puissant dragon Smaug, qui avait causé leur perte.

Les Elfes sylvestres leur apportaient une aide précieuse depuis la bataille. Sans eux, Bard ne savait pas comment ils en seraient arriver là. De plus, les Hommes devaient aider les Nains afin de remettre sur pied les grandes et majestueuses statues du Royaume sous la Montagne en échange d'un peu d'or (dont les Nains ne manquaient pas).
Ils avaient maintes et maintes fois essayé de cultiver, mais le temps ne leur était pas favorable. Des pluies diluviennes s'abattaient sans cesse sur la citadelle (ce qui n'aidait pas la motivation des travailleurs, vous vous en doutez bien). Lorsque le soleil posait un rayon de chaleur sur les montagnes, ils en profitaient pour aller chasser. Surtout au printemps, quand les feuilles sont vertes, les oiseaux chantent et que les lapins ainsi que les renards osent sortir leurs museaux hors de leurs terriers.

Seulement là, l'ancienne troupe d'Esgaroth sentait que le monde lui ouvrait une nouvelle porte emplie de paix et de prospérité. Seulement là, Bard savait qu'ils avaient encore une chance, infime soit-elle, de reconstruire une nouvelle vie.


***

La nuit était tombée sur le lac, Bard rangeait soigneusement le poisson pêché la veille dans des paniers tressés. La journée avait été longue pour ce dernier, il attendait avec impatience et nerveusement le retour de son fils et de Rowell.
Des cernes s'étaient creusées sous ses yeux rouges. Malgré cela, il restait toujours debout s'obligeant à ne pas céder sous le poids de la fatigue.

Bard autorisa ses compagnons à faire une pose, ce qu'ils ne déclinèrent pas, évidement. Les deux hommes déposèrent leurs charges en essuyant une goutte de sueur sur leur front.
Bard les regarda s'éloigner en posant à son tour les paniers. Il s'assit puis s'adossa contre un mur à l'entrée de la citadelle. Perdu dans ses pensées, il scrutait le lac, épuisé. Il savait que s'il fermait les yeux, ne serait-ce que quelques secondes, il s'endormirait.

Hors l'homme se l'interdisait avant de s'être assuré que Baìn et Rowell soit bien rentrés. Un bruit de pas le fit subitement revenir à la réalité.
Tilda, sa plus jeune fille vint s'assoir à ses côtés :

« Tu devrais dormir, ma chérie. » lui chuchota doucement son père en lui caressant la joue.

Tilda ignora la réflexion et regarda, elle aussi, le lac.

« Baìn n'est toujours pas revenu ? » questionna-t-elle.

« Pas encore, reprit-il plus gravement. Mais ils ne devraient plus tarder, tu n'as pas à t'en soucier. »

Par delà les montagnes [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant