Chapitre troisième : Matin au bord du lac

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Les premiers rayons du soleil traversaient les fenêtres et venaient lécher le visage de Baìn. Il ouvrit lentement les yeux et fut éblouit. Il lui fallut une ou deux minutes avant de s'habituer complètement à la luminosité.
Il sourit, heureux de voir le beau temps revenir, tout en s'étirant. Le jeune homme avait une faim de loup, il décida de se lever – sans bruit – enfila son manteau et se dirigea vers la porte.

Une fois dehors, Baìn la referma délicatement et se tourna vers le soleil. Le garçon ferma les yeux et inspira un grand coup. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pris du temps pour lui.
Une odeur de porc grillé vint lui chatouiller les narines. Il entrouvrit la bouche afin de humer l'odeur appétissante de la viande sur le feux.

Baìn sentit le vent froid d'hiver lui caresser les joues, mais cela lui provoquait une sensation de légèreté, peu désagréable. Il commença à trottiner en direction du lac derrière lequel quelques collines se dressaient.
Il avait envie de voir les montagnes au loin. Rien que la vue des rayons du soleil se reflétant sur les écailles argentées des poissons l'émerveillait. Baìn gravit une colline d'où la vue était splendide.

Arrivé au sommet, le garçon s'assit et contempla les merveilleuses montagnes lointaines qui lui paraissaient inaccessibles. Suite à ces pensées, Baìn soupira. Malgré le regard mélancolique du jeune homme, son sourire restait figé. Il ne s'était jamais senti aussi bien.
Après quelques minutes interminables, Baìn se décida enfin à quitter son poste surélevé dans le but se joindre aux autres. Il dévala à grandes enjambées la colline, en manquant plus d'une fois de tomber, et se dirigea vers la Grand-Place.

Le garçon savait que là-bas l'attendait une part de viande tout juste grillée sur le feux. Rien qu'à cette idée, il en bavait déjà : cela faisait une éternité qu'il n'avait plus goûté à de la viande fraîche.
Baìn se précipita à travers les ruelles, sentant son cœur battre de plus en plus fort. Ses yeux devinrent vitreux et sa respiration se faisait de plus en plus rauque.

Arrivé à la moitié du chemin, il fut contraint de faire une pause. Le jeune homme ferma les yeux et pendant les secondes qui suivirent, une étrange sensation l'envahit.
Baìn avait la tête qui tournait et fut soudainement pris de vertiges. Une douleur intérieure grandit en lui et, très vite, elle fut suivie par des échos et des chuchotements qui résonnaient dans la tête du pauvre garçon.
Pendant un instant il pensa devenir fou.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, le paysage avait complètement changé. Il se tenait toujours à la même place, entre la citadelle et le lac, mais ce qu'il découvrit le terrifia plus encore.
Devant lui, se trouvait Dale, en ruine. Le ciel était rouge sang et le lac était devenu de feu. Un nombre incalculable de poissons, morts, flottaient à la surface de celui-ci.

Baìn, apeuré, tourna son regard vers la forêt de Mirkwood, au loin. Mais cette vision était si sombre qu'il voulut aussitôt détourner le regard. La forêt était à la merci des flammes dansantes sur les arbres.
Le royaume du roi Thranduil n'était plus et l'herbe avait tout bonnement été remplacée par un tapis de braise. La ruine et la désolation s'étaient emparées de la Terre du Milieu.

Baìn appela désespérément à l'aide, mais aucun signe de vie ne se manifestait. Il se mit à courir en direction de la Montagne Solitaire enflammée et s'aperçut rapidement que le sol était nimbé de sang.
Épuisé et à bout de force, il s'écroula à terre. Son mal crânien grandissait et ses muscles l'abandonnaient un peu plus chaque minute qui lui semblait être interminable. Un hurlement bestial le fit sursauter.

Le fils de Bard releva la tête et le vit planer au dessus du lac de feu se rapprocher dangereusement de lui ; Smaug.
Chaque battement d'aile du dragon était un ouragan, ses rugissements méprisants semblables à ceux du diable faisaient trembler le sol de ce décor apocalyptique.

Alors que le dragon volait en direction du garçon et gagnait chaque seconde un peu plus de terrain, Baìn eut juste le temps de fermer les yeux avant de percevoir la chaleur des flammes de la bête l'atteindre et commencer à le pénétrer et à le brûler jusqu'aux os.

Il sentit une main puissante le soulever vers le haut.
Quand il rouvrit finalement les yeux, le paysage était redevenu parfaitement normal, le garçon sentait encore les brûlures le grignoter. Son regard se posa sur deux ? Non : trois Nains à forte carrure et aux longues barbes soyeuses et coiffées :

« Tout va bien, mon garçon ? » s'interrogea le plus costaud.

« Dwalin ? S'exclama le garçon face au premier Nain, puis il se tourna vers les deux autres. Gloin ? Bofur ? Comme je suis heureux de vous voir ! » Baìn les enlaça un après l'autre.

« Qu'est-ce qui vous amène ici ? » demanda le jeune homme à Bofur.

« Nous voulions justement vous rendre visite, mais je vois que l'on a été distancé. » Ricana le Nain à l'attention de Baìn.

Gloin prit la parole -toujours avec son accent nordique- :

« Tu sais, depuis la Grande Bataille, nous avons été énormément occupés. Les funérailles du grand Thorïn nous ont menés jusqu'aux quatre coins du pays. Nous sommes navrés de ne pas avoir pu vous voir plus tôt. »

« Ça n'a pas d'importance, mon père comprendra cela. Ce qui compte, c'est que vous soyez ici à présent. Venez, je vais vous conduire à lui. »

Baìn jeta un dernier coup d'œil vers le ciel, puis les invita à le suivre.

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⏰ Dernière mise à jour : May 26, 2018 ⏰

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