8- Arrêter

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Deux de mes hommes sont cachés aux abords de la maison. Dès qu'il sort de la voiture, on l'intercepte. Il aura la jeune femme dans les bras et sera gêné dans ses mouvements. Il nous faut profiter de cette situation.

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Je sors de mon côté et viens du sien. L'idée de la porter, comme une mariée, dans sa future demeure me ravit. Sera-t-elle à la hauteur de mes attentes !

Alors que je me penche pour la détacher, elle m'explose le nez et le temps de réagir, elle est déjà en train de s'échapper.

Cette diablesse va payer très cher cette trahison  inattendue  !

Décidément elle n'était pas parfaite.

Et je rigole, en la poursuivant, me délectant à l'avance du reste de la journée.

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— Merde ! Elle s'échappe ! Il va la flinguer ! Feu !

La balle a stoppé net la course du prédateur. Le sang qui coule en abondance ne laisse pas beaucoup de doute sur l'issue finale. Je laisse John gérer les derniers instants, préférant m'occuper de la jeune femme.

Celle-ci est recroquevillée, tremblante.
Elle me voit arriver et semble se détendre en voyant mon brassard Police.

Je me mets à son niveau, pour la rassurer.

— Bonjour. Officier Lacan. Vous ne craignez plus rien. Une ambulance arrive, vous allez être emmenée à l' hôpital.

— Il...il est..

— Oui. Il est mort. Un médecin arrive. Il va vous examiner et je vous interrogerai après. Est-ce que vous pouvez juste me donner votre nom, s'il vous plaît ?

— Manon. Manon Tardez.

— Est-ce que je peux prévenir une personne, ou préférez-vous le faire ?

— Je ne comprends pas. Comment avez-vous su ?

— Nous le cherchions depuis un moment. Je vous expliquerai. J'entends l'ambulance, le médecin arrive. Venez.

Je l'aide à se relever, et la soutiens de peur qu'elle ne tombe. Le médecin pousse un fauteuil et l'aide à s'asseoir. Ces gestes professionnels sont là pour la rassurer mais aussi pour lui permettre de se poser.

— Nous allons vous examiner à l'hôpital, et après la Police vous questionnera. Vous êtes d'accord avec cela,  Officier ? demande le médecin.

— Évidemment, il s'agit juste de prendre un témoignage.

Je n'ai pas réfléchi, mais quand elle a aperçu le corps au sol, le sang...elle est devenue blanche, encore plus qu'il y a cinq minutes, et les larmes qui inondaient ses joues m'ont troublé.

Le médecin lui a donné un cachet, et après l'avoir installée, l'ambulance est partie.

Entre-temps, l'équipe du légiste était arrivée et faisait son travail.

— Tu as l'air troublé, me demande John. C'est cette jeune femme ?

— Un peu, oui. Je crois qu'elle va faire des cauchemars un moment.

— Elle est vivante, les autres n'ont pas eu cette chance.

— Tu as raison et il ne paiera pas pour cela, dis-je en regardant le corps de cet homme. Allons voir cette maison.

— Le légiste l'embarque et une équipe de la scientifique arrive, mais je ne pense pas que l'on trouvera grand-chose ici.

— On s'en contentera.

La maison a été ouverte, grâce aux clefs dans la poche de l'homme.

Un intérieur propre, rangé, flippant, tellement il ressemble à la maison d'un monsieur tout le monde.

Derrière une porte, des photos au mur, lugubres. Des visages que je connais pour la plupart, des yeux hagards ou terrorisés, des postures de femmes enfermées. Rien de sexuel, mais une sensation malsaine persistante.

Et une table et un écran.

Une autre porte avec une pièce, sans fenêtre, un matelas au sol et un pot de chambre dans un coin.

Après une fouille plus complète, nous avons découvert six cahiers appelés A, E, I, O, U, Y.

A l'intérieur de ces cahiers, des photos de six jeunes femmes dont Mlle Tardez. Des descriptions malsaines ne laissant aucun doute sur l'état d'esprit de cet homme. Il exprime clairement qu'il a choisi Y pour son allure enfantine et dans le but de tout lui apprendre.

Et dans un autre meuble, nous avons trouvé des clé usb avec des vidéos de certaines des jeunes femmes retrouvées mortes. Huit sur les dix.

Il reste tout un tas de cahiers, de carnets où il a écrit sa folie. Il est mort mais l'enquête n' est pas finie. Il reste à étudier pour comprendre et permettre à des familles de faire le deuil.

ELLE SERA PARFAITE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant