9- J'ai failli mourir

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Dans l'ambulance, je réalise que j'ai failli mourir. Cet homme était un pervers. Je pleure, je tremble sous l'œil attentif du médecin qui m'a brièvement examiné.

Le médicament qu'il m'a donné commence à agir, je sens que je perds le contrôle.

À mon réveil, je découvre le médecin et le policier de tout à l'heure.

- Bonsoir Melle Tardez. Vous sentez-vous prête à me raconter ce qui s'est passé. Le docteur va rester ici.

- Oui.

- Je vais d'abord vous poser des questions et après je répondrai aux vôtres dans la mesure du possible. Je vais enregistrer, vous viendrez signer votre déposition plus tard, d'accord ?

- Oui.

- Est-ce que vous connaissiez, Monsieur Sert ?

- C'est son nom ? Je l'ai juste rencontré cet après-midi sur le campus.

-Vous a-t-il forcée à monter dans sa voiture ?

- Non. Il m'a abordée : il cherchait la bibliothèque. Il était tellement aimable. Poli, bien habillé, je ne me suis pas méfiée. Je ne sais pas pourquoi...je ne fais jamais cela.

- Vous n'avez pas essayé de vous débattre, vous a-t-il menacée ?

- Non. Il était souriant, très aimable. Je n'arrivais pas à attacher ma ceinture, il m'a proposée son aide...et j'ai aperçu la seringue.

- Il vous a droguée ?

- Non, mais il a cru l'avoir fait. Sous mon pull, mon brassard pour y loger mon mp3... Il a piqué dedans. Quelle chance, hein ? dit-elle en éclatant de rire nerveusement. C'est mon mp3 qui a évité qu'il me drogue. Mais, être à côté de lui, j'étais morte de trouille, vous savez ! Mais je devais simuler, et il parlait, il parlait.

- Que disait-il, mademoiselle ?

- Il m'expliquait ce qu'il avait prévu...il disait nous, il parlait de l'avenir de notre couple, puis il divaguait, il parlait d'une Yseult, il fredonnait, raconte-t-elle d'une traite presque en apnée. Pour ne pas hurler, j'ai réfléchi à comment je pouvais me sortir de là. Il est grand, hein ? Face à lui, je n'avais aucune chance... Je ne voulais pas être enfermée avec lui...

Le médecin fait signe d'accélérer, elle est à bout. Tout lui remonte à l'esprit. Sa peur, sa bêtise pour avoir fait confiance à un inconnu, beau parleur et courtois.

- A-t-il prononcé d'autres noms à part ce prénom ?

- Non. Il m'a caressé la joue, en disant "dors petit ange". Sa voix était si douce, pleine de tendresse. Pourquoi il a fait cela ? demande-t-elle en colère. Vous avez dit, que vous le recherchiez ? Il a déjà..

- Oui. Cela fait longtemps que nous le cherchons. Nous attendions de le prendre sur le fait. Nous allions l'arrêter.

- Avant qu'il me touche ?

- Bien sûr. Nous avons découvert cet endroit grâce à la filature. Votre évasion a précipité les choses. Nous ne pouvions pas prendre le risque qu'il s'échappe.

- C'est à cause de moi qu'il est mort ?

- Non. Il a été abattu par un policier. Votre fuite était inattendue, nous ne savions pas s'il était armé. Le cri qu'il a poussé et son rire à votre égard était suffisamment explicite. Nous aurions préféré qu'il réponde à nos questions.

- Il m'aurait tuée ?

- Sans aucun doute. À un moment ou à un autre.

- Il l'a déjà fait ?

- Je ne suis pas sensé vous le dire, mais les médias le diront alors...
Avant vous, il a enlevé d'autres jeunes femmes.

- Il les a... violées ?

- Non, jamais. Il les a tuées. Vous auriez été sa onzième. Vous étiez Y, il vous a choisie après avoir étudié le profil de cinq autres femmes du campus.

- Pourquoi Y ?

- Oh, je peux bien vous le dire. Il a été très précis dans les carnets qu'il a laissé. Comme les six voyelles tout bêtement.

- Yseult. C'était moi ?

- Il y a de fortes chances. Pourquoi par contre, je n'en ai aucune idée.

- Il m'a dit qu'il se prénommait Tristan.

Cela éclaire un peu plus la personnalité de cet homme. Il s'était mis dans la peau d'un personnage, et pas des moindres. Un couple mythique : Tristan et Yseult.

- Une dernière question. Comment avez-vous fait pour vous échapper ?

- C'était le seul moment possible. Il ne m'avait pas attaché la ceinture de sécurité. Le temps qu'il fasse le tour de la voiture, je me suis préparée. Quand il s'est penché sur moi, j'ai mis toute ma force dans mon poing. L'effet de surprise a fait le reste. Sans votre intervention, il m'aurait attrapée...

- Oui. Pourquoi vous êtes vous jetée au sol ?

- Quand j'ai entendu le coup de feu, j'étais persuadée qu'il tirait sur moi.

ELLE SERA PARFAITE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant