Just like a bird

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OS moderne sans magie

Une nuit de vingt-quatre décembre. Il avait fallu que ce soit la nuit du vingt-quatre décembre. Et pourtant, il n'en pouvait plus, il ne pouvait plus résister, il ne voulais plus jamais avoir à endurer toutes ces souffrances, toute cette douleur, toutes ces injures, toute cette haine. Il n'avait pas le choix, c'était la seule issue possible, sa seule échappatoire, plus rien ne le retenait si ce n'est son instinct de survie qui le poussait encore à ne pas sauter. Pourtant, le temps pressait il le savait. Si il attendait trop longtemps, un automobiliste finirait par s'arrêter et là ça serait trop tard, tout recommencerai. C'était ce qui s'était passé la dernière fois. Les gens pensent faire une bonne action en empêchant un homme de s'envoler, ils pensent l'aider en lui sauvant la vie. Mais parfois, la vie ne vaut pas la peine d'être sauvée. C'est comme quand on achève un animal qui souffre pour abréger ses souffrances. C'est exactement le même principe, sauf qu'à la place d'un animal c'est un être humain. A la réflexion, c'est presque plus terrible d'ôter la vie à un animal car lui, il ne choisit pas, peut être qu'il a une belle vie qu'il veut continuer à vivre, peut être que, dans ses derniers instants, lorsqu'il voit la main s'approcher de son cou, il supplie en silence qu'on l'épargne. Alors qu'un homme, c'est lui même qui choisit d'en finir, de mettre un terme à une vie qui n'est pas heureuse et dont il n'a plus envie. Alors, n'est ce pas plus cruel encore de lui interdire cette délivrance ? Parce que si la mort, événement dont tout les êtres vivants ont naturellement peur, est devenue la seule option que cet homme a jugé bonne d'emprunter, alors c'est que la vie est devenue bien plus terrible que le fait de mourir. La mort n'est pas un ennemi et lorsqu'elle pointe le bout de son nez alors il vaut mieux l'accueillir comme une vieille amie. Et si certains hommes ont envie de la serrer dans leur bras avant l'heure, eh bien laissons les partir.

L'homme regarda en bas. Il regarda l'eau de la Tamise clapoter tranquillement à plusieurs dizaines de mètres en dessous de lui. Quel bel endroit pour mourir. L'homme avait toujours aimé l'eau. Il se souvenait qu'une fois, étant enfant, il était parti en pique-nique à la campagne avec son meilleur ami et ses parents au bord d'une rivière. Ils avaient lancé des cailloux en tentant de faire des ricochets et s'étaient fabriqués des cannes à pêche avec des bâtons. C'était sûrement l'un des meilleurs souvenirs qu'il gardait de sa vie. Il se souvenait d'une autre fois où, toujours au bord de cette même rivière, il avait construit une cabane dans un arbre. Si il avait pu, l'homme se serait jeté dans cette rivière à la campagne, mais le temps pressait, et puis, il ne se serait pas permis de souiller un si bel endroit de son sang. De plus, il ne connaissait même pas la' emplacement précis de ce lieu, et il n'allait certainement pas aller le demander aux Potter. Ils avaient bien d'autres choses à penser. Se souvenir d'un lieu que son fils adorait n'était pas la meilleure chose à faire lorsqu'on venait de l'enterrer. Lorsque la police était venu frapper chez lui et que la voix acide et haineuse de sa génitrice l'avait appelé du bas de l'escalier, il avait sût que quelque chose de terrible était arrivé. Et il avait raison. James, son meilleur ami, son frère, la seule personne qui comptait pour lui dans ce monde, avait été poignardé par un gang de Londres, les Death Eater , ou quelque chose comme ça. C'était à partir de ce moment où il avait sût que rien ne pourrait jamais plus aller, que sa vie n'avait plus aucun sens, qu'il avait perdu définitivement et irrévocablement l'envie de vivre.
Et le voilà sur ce pont, huit mois et deux tentatives de suicide plus tard. Jamais deux sans trois. L'homme releva la tête et inspira un grand coup. Il enjamba la rambarde. Ça y est, le plus dur était fait. L'homme ferma les yeux, fit un pas en avant et...

-"Excusez moi ? " Une main s'était accrochée à son épaule. L'homme se retourna, fou de colère. Encore un homme qui pensait le sauver en lui évitant la mort ! Mais lorsque son regard croisa le sien, il sût que ce n'était pas le cas. L'homme qui se tenait devant lui était grand, il avait des cheveux ondulés châtains, portait des vêtements miteux et avait des cicatrices sur le visage. Et son regard était rempli de douleur, la même douleur qui brillait constamment dans ses propres yeux.

-"Est ce que je peux...t'accompagner ?" repris l'autre, d'une voix tremblante. 

L'homme ne répondit pas, il continuait de détailler cet inconnu. Il essaya de deviner le pourquoi. Enfant battu ? Non, cela ne ressemblait pas à des coups, plutôt à de l'auto-mutilation, elle même causée par un profond mal-être.

-"J'ai le sida. dis l'autre, comme si il avait lu ses pensées. J'ai le sida et tout le monde autour de moi m'a abandonné. Il m'a tout pris. Mais je ne le laisserai pas choisir ma mort." L'homme ne dit rien. A vrai dire, il était impressionné, impressionné par le courage et la bravoure dont cet homme faisait preuve.

-"Seulement, je ne suis pas sûr d'y arriver seul...

-Comment tu t'appelles ?

-Remus.

-Eh bien Remus, je serai honoré d'accomplir une dernière bonne action en t'aidant à enculer la maladie. Je suis Sirius.

-Et ça sera un honneur de t'accompagner dans ce dernier voyage.

-Es-tu prêt Remus ?

-Et toi ?

-Je n'ai jamais été aussi prêt de toute ma vie."

Et en cette nuit du vingt-quatre décembre, à minuit précise, si vous aviez regardez le Tower Bridge, vous auriez pu voir deux étranges oiseaux s'envolant vers la liberté.

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Bonjour, bonsoir,
Si j'ai écrit cet OS aujourd'hui, ce n'est pas simplement pour vous divertir. En effet, c'est aussi pour passer un message. J'ai souvent entendu autour de moi que le suicide n'était jamais la bonne solution et que seul les lâches décidaient de se donner la mort pour échapper à leur problèmes. Or, ce n'est pas mon avis. Il faut beaucoup de courage pour se donner la mort. Je pense que l'on ne peut pas toujours être aidé et que parfois, lorsqu'on est à bout de souffle et que la douleur devient insupportable, alors le suicide devient une issue possible. Attention, je ne dis pas que le suicide est la solution à tout les problèmes et qu'il ne faut pas essayer de s'en sortir coûte que coûte, je dis simplement qu'il ne faut pas juger trop vite ceux qui ont le courage d'abréger leurs souffrances.

Si un jour vous ressentez le besoin de vous confier à quelqu'un, qui que vous soyez, sachez que je pourrais toujours essayer de vous aider.

N'oubliez pas que la vie est belle et qu'il restera toujours quelqu'un pour vous aimer dans ce monde.

SliceOfWolfstar

Wolfstar&CieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant