The fear

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C'était une nuit noire et banale et la froideur de l'hiver enveloppait Poudlard dans son étreinte glacée. La neige tombait doucement du ciel, remplaçant les habituelles étoiles brillantes et lointaines par de minuscules flocons légers et délicats. Dehors, tout était calme, et tout menait à croire que tout les êtres vivants de ce pays gelé étaient endormis bien au chaud dans leur lit.

Seul un jeune homme restait éveillé, bravant la froideur de décembre emmitouflé dans un long manteau noir. Il était assis sur un balcon, ses longues jambes sculptées tombant délicatement dans le vide. Il n'arrivait pas à trouver le sommeil et passait une autre de ses nombreuses nuits d'insomnie assis là, seul.

Le jeune homme regardait tranquillement la neige tomber. Il aimait beaucoup ces petites étoiles si légères et si libres, si douces et si belles, qui s'amassaient en grande couche blanche et lumineuse.

Le jeune homme sourit au souvenir des nombreuses batailles de boules de neige qu'il avait eu en compagnie de ses amis. Il espérait qu'il y en aurait encore beaucoup mais rien n'était moins sûr. Il savait que, malgré son apparence tranquille, le monde dans lequel ils vivaient actuellement étaient loin de l'être. La guerre était bel et bien là et la peur régnait partout.

Le jeune homme soupira. Que n'aurait-il pas donné pour retrouver le Poudlard de sa première année, quand personne ne se méfiait encore de personne et que la seule source de préoccupation était les examens de fin d'année ! Mais on apprenait à vivre avec. Il l'avait toujours fait après tout, et il continuerait.

Il regarda le bout de ses orteils qui pointaient le vide. Le sol était plusieurs dizaines de mètres en dessous. Le jeune homme se demanda à quoi ressemblerait son corps après une chute de cette altitude. Serait-il complètement en sang ? En pièces détachées peut être ? Sûrement. Mais ce qui était d'autant plus sûr, c'est qu'il n'aurait plus à penser à l'avenir, à ce qu'il devrait faire, à quel camp il appartenait.

Car il était sûr d'une chose: il n'était pas courageux, ou du moins pas autant qu'il le voudrait.

James et Sirius savaient déjà qu'ils rentreraient dans l'Ordre du Phénix dès la fin de l'année, ils étaient prêts à tout pour vaincre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Eux, ils étaient courageux. Quand à Peter, il avait du mal à le cerner ces temps-ci. Il semblait se replier sur lui même, et ça attristait le jeune homme. Mais bon, il finirait par se ressaisir, comme toujours, et il redeviendrait le jeune garçon rieur et plein de ressources qu'il était.

Le jeune homme en était là dans ses pensées quand il entendit des pas dernière lui. Il se retourna et regarda son meilleur ami passer à côté de lui et s'installer à coté de lui sur l'étroit rebord de la fenêtre.

Il y eu un moment où ni l'un ni l'autre ne parla. L'un avait repris sa  réflexion sur l'état dans lequel serait son corps si jamais il tombait, tandis que l'autre l'observait regarder le vide. Pendant plusieurs minutes, le silence fut palpable, seulement troublé par le son de leurs deux respirations. Puis soudain, sa voix résonna comme un coup de feu. Pourtant, il n'avait pas parlé fort, mais le calme régnait depuis si longtemps que ce fut l'effet que produisit sa voix.

-"À quoi tu penses, Rem' ?

-Rien de spécial. " Il releva le menton et offrit un sourire rassurant à son meilleur ami, avant de replonger dans sa contemplation de ses orteils.

-"Tu mens.

-C'est vrai.

-Alors à quoi tu penses ?

-Tu tiens vraiment à le savoir ?

-Je ne l'aurais pas demandé sinon ! dit l'autre avec son petit sourire en coin plaqué sur les lèvres.

-Je pensais à l'état dans lequel serait mon corps après une chute de cette hauteur. répondit-il en désignant le vide du menton.

-Tu ne comptes pas sauter, rassure moi ?!

-Non, non ! Ce fut à son tour de sourire. Il faut être courageux pour faire ça. "

Le silence recommença. Remus recommença à fixer ses orteils tandis que l'autre l'observait désormais avec inquiétude. Il posa alors sa main sur son épaule et pris un air grave.

-"Remus, si tu penses que tu n'es pas courageux alors c'est que tu es vraiment un imbécile.

-Vraiment ? Alors tu peux m'expliquer pourquoi je suis mort de trouille à chaque seconde qui passe dans ce putain de monde ? Tu peux m'expliquer pourquoi je ne suis pas prêt à bondir face au danger pour vaincre Tu-Sais-Qui ? Tu peux m'expliquer pourquoi, hein Sirius ?"

Le ton était monté tellement vite que Sirius resta un instant muet face à son meilleur ami.

Ce dernier soupira et passa une main dans ses cheveux avant de fermer les yeux.

-Excuse moi, je n'aurai pas dû te parler sur ce ton, ce n'est pas ta faute.

-Remus, écoute moi bien. Bondir face au danger comme tu dis, n'est pas forcément synonyme de courage, comme avoir peur n'est pas synonyme de lâcheté. Parce que si c'était ainsi, alors je serais le plus grand des lâches.

-Comment ? Le grand Sirius Black connaîtrait la peur ? répondit l'autre, l'ironie pointant dans sa voix. Sirius éclata d'un rire froid, sans joie.

-Moi? Peur? Je suis terrifié tu veux dire !"

Remus ne répondit pas, continuant obstinément à fixer ses jambes.

-"Remus, tu n'es pas le seul à connaître la peur, James a peur, Peter a peur, j'ai peur. Il n'y a aucune honte à craindre Tu-Sais-Qui, c'est si tu n'avais pas peur qu'il faudrait s'inquiéter pour toi. Et il ne faut pas avoir honte de cela, parce que ça prouve que tu es humain. "

Le silence retomba sur la nuit. Remus avait relevé la tête et fixait Sirius. Les deux garçons s'entre-dévoraient du regard, une lueur nouvelle brillant de leurs yeux, à moins que elle n'ait toujours été là, mais cela, personne ne le savait et encore moins ces deux-là.

Puis tout s'arrêta. Sirius approcha sa tête de celle de Remus et posa ses lèvres sur les siennes.

Il n'y eu pas de feu d'artifices, pas de fanfare ni d'applaudissements. Il y avait juste eux, et rien ni personne d'autre.

Et la peur disparût, juste pour un instant.

Wolfstar&CieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant