Le journal d'une intello

Une petite nouvelle comme ça

Salut ! Récemment, avec la mort de Johnny j'ai eu l'idée d'une nouvelle qui sera publiée sur mon futur livre de nouvelles.  Je vous laisse avec ça :

Mort

C'est étrange, là-haut. Je nem'étais jamais vraiment rendu compte qu'on finirait tous par ypasser, que rien ne nous rattachait vraiment ici. La Vie n'est qu'unecorde tendue au dessus du précipice de la Mort, qui, quand elleretient le poids de plusieurs années passées lâche.

J'ai toujours profité de la vie àfond, sans penser à ce que je regrettais, j'ai bien fait. Ici, oncroise beaucoup d'âmes qui ont perdu toute raison d'exister carelles pensaient trop à leurs regrets de vie passée. Et dire qu'il ya quelques jours encore, j'étais sur Terre. Ici, le Temps n'existepas, ou plutôt ne s'active que lorsqu'on redescend, nos jours sontainsi comptés encore et encore, jusqu'à notre prochaine mort.

Ce n'est pas une réincarnation entemps-que-tel. Une âme n'a pas le poids de plusieurs vies à portersur ses épaules. La réincarnation n'est que du recyclage d'âme.Une âme commençant une nouvelle vie ne se souviendra jamais de sesvies antérieures : avant de repartir sur Terre, chaque âme passedans ce qui pourrait s'apparenter à un liquide, d'un point de vuehumain, qui lave l'âme de sa vie passée : cette vie disparaît àtout jamais dans le néant, ou plutôt le Blanc Infini comme onl'appelle ici, du moins, on se sait pas ce qu'il en est fait.Personne n'y a jamais vu Dieu. Même au Purgatoire, on ne sait pastout.

Il n'y a aucun Paradis, aucun Enfer.Juste une file d'attente avant de passer dans l'Eau. Elle est trèslongue. Le dernier arrivé n'est pas glorifié comme un nouveau-né,ne retrouve pas ses proches, c'est juste le dernier de la file. Onattend ici environ ce qui pourrait s'apparenter à un demi-sièclechez vous. Cela ne nous paraît ni long, ni court. Il faut justeattendre.

Aucun ange n'est là pour jouer de laharpe. Ici, tout est insonore. Les âmes font autant de bruit que leshumains, c'est juste qu'une chose nous pousse à rester silencieux,droits comme des piquets, à simplement nous remémorer momentsimportants de notre vie jusqu'à en oublier les plus insignifiants.

Depuis que je suis arrivé ici, denombreuses âmes sont arrivées. Je dirais, à vue de nez trois ouquatre centaines de millier. Devant moi, d'innombrables âmes sontdevant moi. J'arrive bientôt au niveau d'une Âme Blanche.

Ce sont les vieilles âmes qui ontvécu énormément de vie et qui commencent une vie ici. Ce sont lesseules parfaitement blanches ici, celles qui se souviendrontéternellement de leur ancienne vie, car n'étant pas passées dansl'Eau, rien ne l'efface. J'en ai rencontré plusieurs, seules ellespeuvent communiquer avec les autres âmes. Le pays des âmes estcomposé de nombreuses teintes allant du noir au blanc. Aucunecouleur n'est visible. Les âmes les plus foncées sont celles quiont eu une vie déplorable et les plus claires ont eu une viemeilleure. Il ne faut pas se méprendre : une âme ayant vécu unevie de tueur en série peut très bien être de couleur claire,contente d'avoir tué de nombreuses personnes.

Ici, personne n'est jugé. Les âmessont comme ça, surtout trop préoccupées par leurs vies qu'ellesoublieront bientôt. C'est triste, mais les âmes ne sont pasmeilleures au Purgatoire. Un je passera forcément un tu. Ma gloirepassée ne me sert à rien. Personne ne me reconnaît ici, pas mêmeles Âmes Blanches, trop vieilles pour m'avoir connu. Je ressensquand même de la fierté quand je vois le bonheur que j'ai pu vivre,les personnes que j'ai connue, la vie que j'ai eu.

Ici, je n'ai jamais exister en étantplus qu'une simple âme passant son énième Blanchissage, personnene me connaît et personne ne me reconnaîtra.

En bas, je laisse un souvenir, unemémoire, et peut-être que dans ma prochaine vie, je connaîtrais lesouvenir de celui que j'étais.