Chapitre 14

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Après une semaine de repos, sous les recommandations du médecin, Louane pu enfin poser son pied par terre avec prudence. Elle ne sentait presque plus rien. Seulement la douleur de la frustration. En effet, depuis quatre jours l'absence de Zakhar se faisait rare. Son prétexte d'avoir trop de travail ne passait pas aux yeux de la jeune femme. Et elle était bien décidé à lui en toucher deux mots. Sauf qu'elle avait beau parcourir le manoir du grenier à la cave Zakhar Slovovitsh avait totalement disparu. Peut-être essayait-il de mettre de la distance entre eux ? Une distance que Louane ne supportait pas. Elle était encore jeune, avec des espoirs et des rêves plein la tête. Zakhar était un homme qui n'avait plus besoin de faire ses preuves. Il s'était déjà marié, il avait son propre cabinet d'avocat, il était redoutable et il était son professeur. Mais au-delà de ça, Louane était séduite malgré le danger que pourrait lui apporter ce genre de relation. Prudemment, elle rejoignit la cuisine et y trouva Valérie en train de fredonner un air de musique.

- Bonjour, où est passé monsieur Slovovitsh ?

- Oh, il m'a chargé de vous dire qu'il partait pour New-York dans l'après-midi.

- Hein ? Mais pourquoi ?

- Son ami Monsieur Poloskhïa a eu un accident, il souhaite lui rendre visite.

Le cerveau de Louane se mit à tourner à plus de mille à l'heure. Hannah ! Sa meilleure amie était avec monsieur Poloskhïa !

- Pouvez-vous m'appeler un taxi ? Je vais me préparer.

Valérie écarquilla les yeux.

- Avec votre pied, il est préférable de...

- Ma cheville va très bien, coupa-t-elle fermement. Ma meilleure amie, ma sœur se trouve là-bas, j'y vais un point c'est tout.

Pour toute réponse Valérie s'empressa de saisir le combiné et lui appela un taxi.

- Sachez que monsieur Slovovitsh a un avion privé.

Sans blague !

- Et puis-je savoir comment y accéder ?

Hésitante, la gouvernante lui donna quand même toutes les informations possibles pour parvenir à ce jet privé. Louane saisit son sac pour y fourrer quelques affaires puis abandonna ses béquilles pour redescendre à l'étage. Quel mufle ! Pensa-t-elle en serrant rageusement les dents. Comment avait-il pu lui cacher une chose aussi grave ?

Sur le tarmac, Louane avança en boitant jusqu'au jet privé et se présenta à la bond décoloré qui lui servait d'hôtesse. Une pointe de jalousie lui saisit le cœur.

- Mademoiselle Jemena, si vous voulez bien entrer, dit la blonde après qu'elle se soit expliquer sur sa présence.

- Surtout, ne dites rien à monsieur Slovovitsh, c'est une surprise.

Louane monta les escaliers immaculés de blanc et pénétra dans le jet luxueux. Elle en resta d'abord bouche bée avant de s'installer sur l'un des sièges moelleux. Dix minutes plus tard le beau et redoutable Zakhar en personne émergea du passage qui les séparait et se figea d'abord puis son visage fissura.

- Puis-je savoir ce que vous faites ici ! Gronda-t-il jusqu'à en faire trembler les parois.

- Comme vous pouvez le voir, je m'apprête à m'attacher pour rejoindre mon amie, vous savez ? Hannah.

Il jura en russe en fonça droit sur elle comme un animal sauvage se fondant sur sa proie. Il lâcha ses affaires et appuya ses mains puissantes de chaque côté des accoudoirs.

- Vous allez rentrer tout de suite au manoir !

- Certainement pas ! S'écria-t-elle en l'affrontant du regard. Comment avez-vous pu me mentir ?

- Je ne vous ai pas menti, je vous ai seulement épargner, rectifia-t-il en serrant les dents.

Louane ne se sentait plus respirer. Il l'étouffait par son regard si proche du sien.

- Il s'agit de ma meilleure amie ! Est-ce qu'elle va bien au moins ? Depuis quand savez-vous pour votre ami.

- Hannah va bien ! Dit-il d'une voix grinçante, c'est elle qui a refusé que je vous informe de cet incident.

- Un incident ! Répéta-t-elle en serrant les poings : Silas s'est fait poignardé ! Votre gouvernante m'a tout expliqué ! Vous appelez ça un accident !

Sa bouche se déforma d'un rictus effrayant. Elle cilla mais garda ses yeux ancrés dans les siens.

- Hannah est comme ma sœur, murmura-t-elle plus doucement, j'ai besoin de la voir, vous ne m'empêcherez pas de venir.

Ses traits se détendirent légèrement. Alors elle rajouta :

- Ma cheville ne me fait presque plus mal, je suis apte à voyager.

Son torse se gonfla d'une respiration bruyante.

- C'est la dernière fois que vous me faites un coup pareil c'est bien comprit ?

- Je vous le promet, dit-elle en ravalant un sourire triomphant.

Il s'installa à coté d'elle, il semblait furieux mais elle s'en fichait.

- Du champagne monsieur Slovovitsh ? Proposa l'hôtesse avec une voix mielleuse.

Louane observa cette dernière avec un regard noir.

- Merci, dit-il d'une voix bourrue.

Louane prit la seconde en se gardant de commenter. Il devait bien s'amuser avec toutes ses femmes qui espéraient devenir la prochaine madame Slovovitsh. Elle but sa coupe d'un trait et se pencha pour en saisir une autre.

Une main ferme la stoppa en s'emparant de son poignet.

- Doucement, nous sommes même pas à mille pied.

Il avait raison. Boire du champagne ne l'aiderait pas à la calmer. Juste à la rendre saoul. Or elle n'avait pas envie de retrouver son amie dans un état second. Elle lui manquait tant.

- Vous avez raison, c'est puérile de ma part.

- Pas puérile, mais plutôt irresponsable.

Louane ne put échapper à son ton casanier. Pourquoi était-il si mécontent qu'elle soit avec lui ? Venait-elle de mettre ses projets à l'eau ? Peut-être qu'il voulait retrouver une femme à New-York. Voilà peut-être la seul raison valable qu'il avait eu de garder le silence. Déçue et en colère contre elle-même de l'avoir si tant de fois repoussé, Louane affaissa ses épaules et tourna la tête vers le hublot. Elle ferma les yeux et se terra dans un silence absolue jusqu'à la fin du vol. Zakhar de son côté ne comprenait pas la subite attitude de la jeune femme. Son regard était presque éteint. Pendant un instant une immense tristesse lui pinça le cœur. Peut-être s'était-il comporté un peu trop brutalement avec elle. Un peu trop odieux. Mais c'était la seule solution qu'il avait trouvé pour repousser le désir violent qu'il éprouvait pour elle. Seulement, il pouvait continuait d'être odieux ou bien même infecte, rien n'arrivait à éteindre ce feu qui coulait dans ses veines. L'avoir à coté de lui était une torture absolue et un cadeau. Il regrettait à présent son comportement. Il n'avait pas le droit de lui faire payer son incapacité à garder le contrôle de ses pulsions. Elle ne méritait pas un tel traitement.

- Vous voulez vous arrêter quelque part pour déjeuner avant d'aller chez Silas.

Zakhar avait parlé avec une délicatesse insoupçonnée.

Elle quitta des yeux le hublot pour lui décrocher un triste sourire.

- Non ça ira je n'ai pas très faim.

Il referma ses doigts sur la boucle de sa ceinture pour la lui retirer et se leva en récupérant ses affaires.

Pour la première fois de sa vie, Zakhar se surpris à se haïr.

Hannah Tome 3 ( Bonus ) Séduite malgré elle (  Retrouvaille orageuse )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant