La destinée d'Helena

Chapitre 2: Le Choix

Helena fut réveillée par un rayon de soleil qui lui caressa le visage. Avec un grognement, elle décolla sa joue de son bureau, avec l'intime conviction que sa nuque ne pourra jamais se remettre de cette nuit aussi inconfortable.

En se massant le cou, elle franchit la porte et descendit dans la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Ses parents étaient au travail, mais ils lui avaient laissé un petit mot lui souhaitant une bonne journée et lui rappelant de NE PAS SORTIR, sous AUCUN PRÉTEXTE. 

Avec un soupir, elle sortit son bol Diddlina de son placard et mit le lait dedans, puis enfourna le tout au micro-ondes. Une fois qu'il fut chaud, elle versa trois cuillères de Nesquik à l'intérieur.

Enfin attablée devant son Nesquik, son cerveau daigna enfin réfléchir à ce qu'elle avait lu la veille. En fait, il n'y avait rien de si compliqué, mais le choix était cornélien. La plupart des papiers étaient des formalités à remplir si elle acceptait de partir... Pour que ses géniteurs puissent prouver que non, ils ne l'avaient pas tuée dans son sommeil et fait fondre son corps dans de l'acide. 

Ah, la France et toutes ses paperasses !

Le seul document réellement intéressant (et aussi le seul qui venait directement d'Utopia) était une feuille toute simple, écrit sur le même papier crème que celui de l'enveloppe.

Il disait:

"Helena Jane Wind.

Vous êtes une Appelée.

Cela veut dire que vous êtes une terrienne invitée à venir vivre sur Utopia, ainsi que d'autres jeunes gens de votre âge. Bien sûr, il y aura certaines conditions que vous devrez respecter.

Une des raisons motivant cet Appel ? Utopia a besoin de sang neuf, et cela, de façon régulière."

La première partie l'avait vaguement courroucée: n'était -elle qu'une mère pondeuse ? De plus, la définition d'«Appelée» manquait cruellement de détails. Mais la suite était plus prometteuse :

"Les tests de routine effectués par votre médecin traitant étant prometteurs, ils nous ont été envoyés. Voici sur quoi se base, en partie, notre système de sélection (cafteur de médecin! Et le secret médical ?!):

1- Il se peut que vous ayez, peut-être à de nombreuses générations en arrière, un ancêtre utopien. Ce sang a des caractéristiques particulières qui, même diluées, peuvent resurgir chez certains individus. Notamment une certaine particule qui est très nécessaire à la vie sur Utopia (je n'ai pas la permission de donner de plus amples exemples ici). Cependant, certains terriens pur souche possèdent cette caractéristique, il n'est pas forcé que vous ayez des parents dans notre monde.

2- Votre intelligence. À ce niveau là, nos critères ne sont pas les mêmes que les vôtres, mais la façon très carrée de réfléchir donnée par l'éducation terrienne nous est aussi utile que des types d'intelligence plus méconnus chez vous. Vous êtes carrée, mais vous devrez apprendre d'autres manières d'appréhender les choses si vous acceptez notre offre.

3- Vos émotions sont également prises en compte. Pour ce qui est de votre analyse, vous êtes quelqu'un qui se met de très hauts objectifs à atteindre, et qui fera tout pour y parvenir. Cependant, cette ambition est contrebalancée par des qualités humaines, ce qui forme un bon équilibre, que nous recherchons."

Là s'arrêtait la partie du "pourquoi ai-je été choisie ?". Et de fait, de ce qu'elle avait pu comprendre, rien n'était sûr. Peut-être lui fera-t-on faire d'autres tests, avant son choix ? Elle devait bien admettre que l'idée d'avoir plus d'informations était loin de la rebuter...

Mais Helena savait que les gens à qui on proposait de venir à Utopia était presque à coup sûr des descendants d'utopiens; que des terriens pur souche soient sélectionnés était très rare. De plus, tous ces rejetons vivaient à la Capitale; des origines de cette qualité n'étaient jamais cachées, et les utopiens inspiraient une telle admiration sur Terre que'il était beaucoup plus facile pour un éventuel Descendant d'obtenir un poste haut placé. C'était donc eux qui dirigeaient le monde, du moins la France. Cependant, cela n'était pas forcément un mal: ils avaient en général une intelligence plus élevée que la moyenne, et cela servait pour gouverner un pays !