La destinée d'Helena

Chapitre 5

Petit rappel: Les parents d'Helena l'avaient emmenée à Exipia, la terre d'exil où des Utopiens avaient décidé de se mettre à l'abri, et surtout de protéger leurs enfants des Dystopiens, qui convoitaient leurs pouvoirs. Helena est désorientée par toutes ces révélations, mais elle s'est fixé un objectif: elle en apprendra plus sur l'endroit où elle se trouve.

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L'air entrait à flots par la fenêtre. Helena se retourna dans son lit et enfonça les poings sur ses yeux pour se protéger de la lumière. C'était le matin, déjà. La jeune fille avait dormi d'un sommeil sans rêves... Elle laissa les souvenirs de la veille l'imprégner, doucement. Quand elle avait appris à ses parents l'avertissement que lui avait donné Friedrich, ils avaient été surpris, et ne savaient pas eux non plus quoi en penser. Elle devait s'avouer que voir ses parents, d'habitude si infaillibles, aussi démunis l'avait perturbée...

Helena ouvrit les yeux, et plissa presque aussitôt les paupières. Sa nouvelle chambre était véritablement aveuglante. Tout dans les tons crèmes, il y avait un énorme lit à baldaquin aux montants en fer forgé noir qui tranchait au milieu de la pièce. Et une déroutante vision l'attendait lorsqu'elle regardait par la fenêtre... Alors qu'elle aurait dû voir l'avenue ombragée d'arbres, un immense jardin à la végétation luxuriante s'étendait à perte de vue. Des oiseaux gazouillaient, et elle entendait le murmure d'un cours d'eau, invisible. La veille, elle avait passé la tête au-dehors, pour voir si c'était bien réel, si ce n'était pas une simple illusion. Ç'avait été comme passer sa figure à travers un film d'eau glacée. Et effectivement, le jardin avait disparu, remplacé par les pavés luisants au clair de lune, et les immenses arbres, bien plus hauts que ce qu'elle avait l'habitude de voir. Cependant, elle ne s'attarda pas, car le film, qui se trouvait à présent au niveau de sa nuque, lui glaçait la peau. Helena avait alors cherché un dispositif quelconque, qui pourrait maîtriser l'illusion, et finit par tomber devant un petit boîtier tactile fixé au mur, qui lui proposait des dizaines de choix différents pour l'image qu'elle verrait par la fenêtre. Bizarrement, la présence de technologie l'avait immensément soulagée, et elle s'était endormie l'esprit plus calme.

Mais maintenant, à la lumière du jour, ses inquiétudes avaient repris le dessus. Encore et toujours cette anxiété, cette incertitude qui la rongeait avec toujours plus de férocité...

Helena balança ses jambes hors de son lit, et plongea les orteils dans l'épais tapis, bien moelleux, qui couvrait presque l'intégralité du sol. Elle repéra un fauteuil, près du mur, sur lequel son père avait posé des vêtements. La jeune fille s'en approcha. C'était une curieuse tunique fendue de chaque côté jusqu'à mi-cuisse, couleur ciel, dont les manches bouffantes étaient d'un beau dégradé qui atteignait le blanc aux poignets. Avec, des collants blancs d'une texture qu'elle n'avait jamais vue, et au pied du fauteuil, une paire de bottes chocolat qui devaient s'arrêter juste en-dessous du genou et qu'on devait lacer sur toute la longueur, un peu comme les corsets des femmes d'antan.

En somme, ce n'était certainement pas ce qu'Helena portait d'habitude, et encore moins quelque chose qu'elle aurait acheté. Elle partit donc en quête de son sac à dos, où elle était sûre de trouver une tenue à sa convenance. Mais alors que l'adolescente faisait glisser la fermeture éclair, elle entendit sa mère dire :

- Helena, je sais que ce n'est pas ton style, mais je te demande, au moins pour aujourd'hui, de porter cette tenue. Nous devons te présenter aux Impériums Auxiliaires ce matin.

Helena, qui ne l'avait pas entendue entrer, sursauta, puis fronça les sourcils en entendant la déclaration d'Ana.

- Qu'est-ce-que c'est que ça, encore ? fit-elle, ayant conscience que l'angoisse fêlait sa voix.