Chapitre 1

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Cet hiver est décidément long, les nuances mornes de la saison n'en finissent de dépeindre ce paysage autrement si vivant, en un noir tableau. Cela fait trois jours à présent que je suis cloué au sol, la météo nous apporte ainsi un court surci, semblant de paix dans ce chaos ambiant. Je comble ce vide dans le poker et le scotch qui me font oublier le temps d'un instant cette guerre interminable. Le camp James Cook, baptisé en l'honneur du célèbre découvreur britannique est depuis peu le lieu de ma nouvelle affectation qui suit ma montée en grade. Ensemble rudimentaire de tentes posées à même le sol, accompagnées de quelques appareils qui pour la plupart peinent à décoller. Il constitue pourtant l'unique terrain d'aviation à plus de 40 km à la ronde, autant dire que le lieu s'avère être hautement est stratégique pour l'Angleterre .

En dehors du service, les hommes occupent les pubs de la ville, Portsmouth dernier rempart avant l'inconnu de la Manche, et l'ennemi tapi au loin quelque part derrière ce vaste désert bleuté.

Cela fait trois ans déjà que j'ai rejoins les rangs tant estimés de la RAF et cette année 1940 met mon expérience à l'épreuve.
Lieutenant colonel Jim crawford, tel est mon nom. Je dirige à présent ma propre escadrille composée de deux pilotes , Harry et Peet tout deux novices dans le milieu , à peine sortis du centre d'entraînement , les voilà soumis aux combats, à l'angoisse et j'avoue que malgré leur jeunesse ils font preuve d'un sang froid à toute épreuve, Peet a frôlé la mort il y a de cela moins d'une semaine, son moteur gauche a pris feu dans un fracas et une brutalité étonnante, les chukas de la Luftwaffe ne pardonnent pas. Il a pourtant eu le temps de s'éjecter et d'ouvrir son parachute. Hélas tous n'ont pas cette chance nos services ont recensés la perte de 72 appareils rien que pour ce mois-ci.
Autant dire que le moral des troupes est au plus bas malgré le soutient des dirigeants qui n'ont de cesse de nous rappeler les enjeux de ce conflit, car
dans le ciel, masquée par les nuages , une lutte à mort est engagée, notre combat, dont l' issue déterminera notre sort à tous.

Il est presque six heures quand je m'apprête à rejoindre le centre ville, seule place où subsiste encore une once de vie et d'animosité. Ce soir j'ai à cœur de me détendre, mon choix se tourne vers le pub le plus proche où ma flotille semble avoir ses habitudes. Je remarque rapidement les carreaux de la porte d'entrée, fendus pour certains et qui laissent apparaître d'innombrables ombres qui ondulaient au rythme des cris et crissements de chaises. Je restai là immobile, une poignée de secondes, avant d'entrer. L'intérieur était simple, sans aucun superflu, quelques sièges, enchevêtrés dans une ribambelle de tables qui supportaient à elles seules le poids de ces guerriers. Je m'enquis de m'asseoir au comptoir, quand soudain à l'autre bout de la pièce, j'aperçus cette jeune femme...

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Les vagues s'abattaient sur la rive avec fureur, néanmoins, elles semblaient tenter de se raccrocher à nous avant de se faire ravaler lentement par les flots. La plage était calme en cet après midi, le soleil sublimait le sable fin de ses lumières chatoyantes et l'eau iodée embaumait l'air d'une légère senteur mêlant l'écume au doux parfum fruité qui émanait de mon foulard. Seul souvenir de mon fiancé, je le portais toujours sur moi, il me liait à lui en quelques sortes. Je me remémore parfois cette triste journée de printemps, le temps était maussade, le cerisier des voisins fleurissait malgré tout et nous réjouissaient de part ses couleurs. Je me souviens surtout de cet homme, grand, adossé sur sa jeep en face de la route, enrobé dans son uniforme et bardé de médailles, l'air grave. Il s'était approché, le regard bas, la casquette sous l'épaule.

- Madame j'ai le regret de vous annoncer que votre fiancé le soldat Phillip Thomson est tombé au combat, toutes mes condoléances madame.

Je ne lui avais offert aucune réponse, chancelante je m'écroulai à terre, ma vie venait de s'effondrer, j'y étais impuissante.

J'appris quelques jours après que Phillip s'était fait abattre il y a de cela plus de deux mois par une mitrailleuse de Panzer allemand. Le fonctionnaire responsable de son régiment fut réticent à l'idée que je lise son dossier mais devant mon insistance il céda. Un héros tel était désigné mon promis, aujourd'hui seul les mémoires hélas se rappellent du soldat Thomson et de l'homme qu'il était.

Le cœur lourd de ces souvenirs pas si lointains, je me décide de rentrer, Il se fait déjà tard et je dois prendre mon service avant que le soleil ne se couche. Je traverse quelques ruelles étroites, dédale de murs plus noirs que la nuit, la brise qui s'engouffrait dans la rue effaça mes dernières larmes qui perlaient encore sur mes joues rosées par l'air frais et l'émotion.
Ce soir encore, il y avait foule au pub, presque uniquement des soldats, j'étais débordée, les commandes s'accumulaient et j'avais peine à suivre. Tout ces hommes attablés m'inspiraient une profonde peine, la guerre se dépeignant jusque sur leur visage, en-dessous de chaque rire, chaque expression, on ressentait la mort, la peur, le courage...

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Elle semblait étrangère à ce monde régit par l'ordre, l'uniforme et la rigueur, elle était légère, souriante, d'ailleurs sa robe fleurie n'était à mon sens pas vraiment de saison mais qu'importe. La belle traversait le salon de long en large en accourant d'une table à l'autre. Sa chevelure brune reflétait avec éclat la lumière qui emplissait la pièce. J'admirais son visage qui, à moitié caché par ses cheveux révélait un sourire timide mais au combien charmant.
Je continuai à la fixer encore et encore dissimulé entre les têtes de soldats assoiffés ...
Soudain je me raidis, nos regards se croisèrent, elle posa ses yeux délicats sur moi, le temps d'un instant , j'étais ailleurs, avec elle loin de tous...

Mes pensées furent interrompues par de vives exclamations à l'extérieur, la lumière du soleil nous paraissait encore à travers les fenêtres, des hommes courraient, articulaient de grands gestes alarmant. Quand soudain la sirène retentit, signe de l'arrivée imminente de l'ennemi sur la ville.

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Salut tout le monde !!! Voici le premier chapitre de ma petite histoire ^^!!! J'espère que cela vous plaira , n'hésitez pas à commenter, me corriger ou même me conseiller, ( c'est la première fois que j'écris autant alors tout ne doit pas être parfait 😅). La suite viendra très prochainement 😉

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