Chapitre 2

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Le chaos régnait dans la salle, chacun hurlant le branle bas de combat. Des bris de verre s'étalaient partout sur le sol, piétinés par une foule qui cherchait désespérément la sortie, ou un abri. Je cherchai la jeune femme du regard sans résultats encore et encore, en me frayant un chemin à travers la cohue.
Quand soudain un léger  bruit sourd retentit, suivit d'une détonation, d'un fracas  assourdissant. La maison d'en face venait d'être pulvérisée, les fenêtres avaient littéralement volés en éclat sous la violence de la déflagration. Passé la porte  je courrai vers le camp, mais arrivé là-bas impossible de décoller, les avions qui n'étaient pas en flammes étaient en révision, je me dirigeai alors vers un couple de mitrailleuses afin de défendre notre position  tandis qu'une rafale de tirs s'abattit sur nous. Aussitôt je plongeai au sol. Un chuka rasa les toits à une vitesse folle,  blessant mortellement trois marins qui tentaient de rallier la même position.
Tout juste relevé, je repris de plus belle  ma course effrénée. C'est à cet instant que je la vis, perdue au milieu des gravats et des flammes, elle s'était effondrée et tentait de se relever avec peine, un fusil à la main.  Je restai subjugué par son courage,  mais une autre vague déferla sur la ville, partout, l'effroi, la mort, j'accourus alors jusqu'à​ elle, et la plaquai vigoureusement au sol. Une nouvelle rafale de balles fendit l'air suivit d'une seconde.  Me redressant, je saisis mon arme et vida mon chargeur sur l'ennemi hélas sans résultat , je m'emparai de son bras et l'emportai vers l'abri le plus proche. Réfugiés sous un comptoir, coincés entre le whisky et le bois nervuré du bar, nous pouvions enfin souffler...

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Je m'étais blottis contre lui, la violence de l'instant m'avait paralysé, tout ces cris, ces lumières aveuglantes qui éblouissaient la nuit d'une lueur  écarlate... L'air qui sortait de ses poumons était chaud, sa respiration apaisante. Sous son uniforme son cœur battait à tout rompre, cependant il semblait étonnamment calme dans ce vacarme et cette effusion de violence. La tête posée tout contre son torse, je le surpris à m'observer, aussitôt il détourna son regard. Ses yeux noisettes étaient emplis d'une couleur intense, mais quelque chose d'une autre sorte étincelait dans son regard si particulier.

Un combat aérien s'engagea, une multitude de Spitfires anglais survolèrent la ville ou ce qui l'en restait. Après trois-quart d'heure de lutte acharnée , l'ennemi était repoussé. Le jeune pilote s'enquit alors:

- Nous pouvons sortir à présent, la bataille est finie. Vous avez fait preuve  d'inconscience en sortant vous auriez du vous calfeutrer à l'intérieur, j'ai cru un instant vous voir mourir sous les balles, votre place n'est pas au combat !

Sur ces mots Jim l'aida à se relever.

Surprise par l'intervention de son sauveur elle bredouilla dignement:

- Je savais ce que je faisais, mon fiancé m'as appris à me servir d'une arme vous savez, je peux me défendre, je n'ai que faire de vos leçons de morale.

Le jeune homme afficha un regard dur et ajouta:

- Vous auriez pu y rester mademoiselle ou devrais-je dire madame, et en parlant de ça je ne suis pas certain que votre futur mari approuve le fait que vous affrontiez de front une escadrille allemande, avec un simple fusil qui plus est ! Ne vous avisez pas de recommencer de telles imprudences !  

Lena vit rouge:

-  Ne me parlez pas de mon fiancé vous ne le connaissez pas ! Et je n'ai pas d'ordre à recevoir de vous, vous n'avez décidément plus aucun scrupules vous les soldats, vous vous croyez au- dessus de tous !

Elle ne manque vraiment pas de toupet, après tout je viens de lui sauver la vie et voilà ce que je récolte en retour !

- Vous êtes quand même ingrate s'indigna Jim.

-  Je viens de vous sauver la vie !
Et quant à votre FIANCÉ je suis sûr qu'il se ferait un plaisir de réprimander sur vos ...

- Il ne le peut, il est mort.

À ces mots, le silence régna un instant dans la pièce.

Lena sentit les larmes ruisseler le long de ses joues toutes rougis de colère. Elle ne pouvait se retenir, trop d'émotions l'oppressaient.

Jim l'aperçut fondre en larmes, aussitôt, le cœur serré par le désarroi évident de la jeune femme, il l'enlaça, sans réfléchir. Son corps était chaud et semblait si frêle...

- Je suis navré, je l'ignorais... Balbutia le pilote gêné d'avoir blessé la belle inconnue.

Mais à peine dans son étreinte, la jeune femme le repoussa violemment et sortit sans mots dire, disparaissant dans la pénombre du soir.

- Dieu qu'elle était belle, malgré sa robe souillée par la poussière et sa coiffure tempétueuse après sa course et deux heures durant, emmitouflée contre lui.

Il s'en serait voulu à jamais de l'avoir laissé mourir.
Après quelques minutes à tenter de remettre de l'ordre dans son  esprit, Jim retourna à la base où un hôpital de fortune était installé, il passa le restant de la nuit à apporter son aide aux secours...

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Après être sortie en trombe de la maison où nous étions réfugiés, je courus à travers la ville en effervescence chacun tentant d'éteindre les multiples incendies qui ravageaient les maisons après les terribles bombardements. De plus, encore quelques blessés n'avaient pas été évacués.
Une femme était assise sous un porche, gémissant elle appelait désespérément à l'aide, sans que personne ne vienne. Il fallait agir, j'accourus alors vers elle dechirai dans l'instant le lambeau de tissus déjà bien abîmé qui recouvrait son avant bras. Je m'accroupis auprès de la femme et tentai de comprimer tant bien que mal la plaie qui saignait abondamment. Heureusement pour moi, deux soldats nous aperçurent, et après la confection d'un brancard de fortune, elle fut transportée jusqu'à l'hôpital qui se tenait sur le terrain d'aviation. La base était dévastée, l'attaque avait été redoutable. Des débris d'avions, de bâtiments et autres véhicules gisaient partout sur le sol. Nous entrâmes dans la tente, des hommes et des femmes recevaient des soins, les médecins et infirmiers couraient dans tous sens. Au fond entre deux brancards,  j'aperçus mon bon samaritain, il distribuait ses directives, organisait la situation pour éviter le chaos. J'avais beau tenter de le nier, une part de moi admirait l'homme qu'il était.
Lena se remémora ces heures passées contre lui, sous ce comptoir exiguë, pressés l'un contre l'autre, elle rougit devant ces pensées, elle savait qu'elle aurait dû se défaire de lui mais curieusement elle n'avait pas réussi, elle s'était sentit apaisée, en sûreté dans les bras d'un homme et c'était la première fois depuis Phillip.
C'est ainsi tourmentée que Lena s'abandonna à Morphée.

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Salut à tous!!! Voici le chapitre 2, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez 😅
À la prochaine 😉

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