Chapitre 3

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À l'aurore nous pûmes enfin souffler. Harry, Peet et moi décidâmes de regagner notre tente miraculeusement conservée intacte. Mais à la sortie de l'hôpital, je remarquai une jeune femme, à y regarder de plus près, je reconnus la fougueuse serveuse, rencontrée la veille. Elle était couchée à même le sol avec un drap comme unique couverture.

Il l'admira quelques instants, plongée dans son sommeil, ses traits s'étaient adoucis et révélaient un visage tendre, mais qui semblait marqué, meurtri. Jim imaginait son regard, dissimulé derrière ses lourdes paupières. Ses lèvres humides, entrouvertes, libéraient d'amples nuées de vapeur qui se consumaient au contact de l'air glacé de la saison. Jim lui porta une caresse au front.

Au contact de sa peau je frissonai, douce comme le coton mais froide comme la rosée qui recouvre les prés à l'aube des beaux jours, la sensation était agréable.

Soucieux de la jeune femme qui subissait les rigueurs de l'hiver, le militaire la pris dans ses bras et la porta jusqu'à ce qui lui semblait être un lit, ou qui du moins apporterait un semblant de confort à la jeune femme. La déposant délicatement sur le matelas, il la recouvrit de sa veste en effleurant avec frissons son bras dénudé.

Après un dernier regard, il s'éloigna et rejoignis les tentes, menus, au confort spartiate, qui s'alignaient le long du chemin. Jim trouva aisément le sommeil au côté de ses compagnons...

*************

Le lendemain, je m'éveillai brusquement au son des moteurs qui rugissaient autour de moi. Etonnamment je trouvai une veste de cuir sur mon dos, sans compter que j'étais couchée à l'opposé de la veille. Seule, la jeune femme chercha une explication, en vain. Elle saisit le vêtement à la main et chercha le nom de son propriétaire. De toute évidence elle appartenait à un pilote, en cuir, moltonée de laine, un suave parfum s'en dégageait, senteur qui ne lui était inconnue, sans réellement qu'elle puisse identifier la personne qui l'arborait. Elle erra un moment entre les tentes, baraquements  et appareils questionnant les uns et les autres sans grand succès.

- Je cherche... Le lieutenant Crawford? Lut-elle en-dessous de l'aigle doré qui parait le manteau de cuir.

Un mécanicien finit par me répondre:

- Il est dans le hangar au fond ma p'tite dame, il inspecte les appareils j'crois bien.
  
Je le remercie avant de suivre ses indications. Le bâtiment était grand, pas moins de six appareils m'entouraient.
Un clinquement d'outils me fit alors sursauter. Sans apercevoir encore personne, j'hélai le propriétaire de la veste:

- Lieutenant Crawford?

La réponse fut froide et à la limite de l'agacement:

- Qui me demande, je suis très occup...

À la vue de la jeune femme, il tréssaillit.

- C'était encore lui, au moins à présent elle connaissait l'identité de son bon samaritain:

- Je suis venue vous rendre votre veste, vous l'aviez oubliée sur mon dos hier soir, ironisa la jeune femme.

-  C'est que... Vous sembliez souffrir du froid.

- Eh bien... Merci, bredouilla la jeune femme gênée par cette attention, elle continua:

- Pour ça mais... Aussi pour hier.

Le pilote étonné par ce revirement, ne put retenir un petit rictus moqueur:

- C'est notre rôle de protéger les populations, quel genre d'homme serai-je si je vous aviez abandonné sous le feu ennemi.

- Bon je dois vous laisser, cet avion a besoin de mes soins, on doit reprendre la surveillance aérienne au plus vite pour ne pas se faire surprendre.

- Vous repartez en mission? S'enquit la jeune femme regrettant immédiatement de s'être ainsi emportée.

- Oui cet après-midi, l'état major a ordonné de renforcer les patrouilles de surveillance près des côtes pour se prévenir de toute attaque, on ne peut se permettre de subir dans cette guerre...

- Alors faites attention à vous lieutenant, ne faites preuve d'inconscience...

- N'ayez crainte mademoiselle, termina le jeune pilote presque heureux de la considération que la jeune femme semblait lui porter.

- La prudence est notre devise.

Peet fut le premier à pénétrer dans le hangar suivit de près par son comparse, tout deux étaient inséparables, en vol ils se révélaient être d'une complémentarité exemplaire. Avec eux à mes côtés, mes flancs étaient bien gardés.

- Bonjour mon lieutenant, alors le plan de vol aujourd'hui?

- Le service météo nous indique un plafond nuageux trop bas pour voler à l'est et pour longer le Pas de Calais, nous volerons donc à l'ouest où le risque d'attaque est plus engagé. De plus j'ai eu vent par le colonel du passage d'un convoi dans le secteur, il faudra le garder à l'œil compris?

- Bien sûr!

- Bon, messieurs formation habituelle, on longe la côte vers l'ouest pendant environ  quarante milles puis on descend sud sud ouest avant de prendre contact.
On part d'ici une demi heure, soyez prêts.

La demi heure écoulée, chacun pris possession de son appareil. Les moteurs rugirent avec rage, et une noire fumée émanait des échappements, chacun leur tour ils s'avancèrent vers la piste qui s'apparentait aujourd'hui plus à une prairie qu'à un terrain militaire.
Le lieutenant était le premier à s'envoler:

- Contrôle ici delta, paré à s'engager.

- Bien reçu, revenez nous entier delta.

Sur cette réponse, le pilote prit de la vitesse, tira progressivement sur son manche et s'éleva vers les cieux.

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Salut tout le monde voici le chapitre 3, j'espère que ça vous plaira 😉

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