6. S comme sensuel

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Lorsque je me réveille, je réalise que j'ai passé la nuit semi-éveillée. Tant d'idées se bousculaient dans ma tête concernant mon roman. Je ne sors même pas de mon lit et attrape le calepin dans mon sac. J'y inscris mes nouvelles idées. J'aime cette notion de défi et je veux que mes deux protagonistes s'en lancent un. J'essaye ensuite de gribouiller mon héroïne. Je leur donne toujours un peu de moi, mais je sublime leurs traits. Anna a donc la mâchoire moins carré et les yeux plus foncés. J'ai toujours détesté mes yeux bleus.

Quand je suis satisfaite de mon esquisse, je descend à l'étage pour aller petit-déjeuner. J'espère que S a encore fait des pancakes, il faut dire que j'en raffole. Vous savez, manger quelque chose que l'on a pas préparé soi-même c'est juste exquis. Les saveurs semblent différentes, les émotions qui en découlent, aussi. Dans la cuisine, S boit son café, un café si noir que je fronce le nez.

- Bonjour S. Tu n'as pas trop mal dormi ?

- Non, j'ai passé une bonne nuit. Toi aussi visiblement, je t'ai entendu gémir dans la nuit.

Je prend place face à la table et ne prend pas en considération ce qu'il vient de dire. Je suis surement rouge comme une tomate, ma peau blanche n'aide en rien. Je me sers un thé puis souris à la vue des pancakes. Ce matin, j'ai vraiment faim, j'en prend deux que je recouvre de framboises et de sirop. J'avale ma bouchée puis agite ma fourchette en direction de S.

- Si tu comptes m'inviter ici plus longtemps, j'aimerais récupérer mes affaires.

- Où sont-elles ?

- Dans ma voiture. Normalement, elle est toujours garée près du bar Le graal.

- J'irai les chercher.

- Je peux le faire ! Je ne suis pas sortie d'ici depuis deux jours.

- Ça briserait ton processus créatif. Tu voudrais pas parasiter tes idées ?

- Oh tu t'y connais en processus créatif toi ?

Il hausse les épaules puis avale d'une traite le fond de sa tasse. Il se lève puis passe derrière moi, je sens ses doigts parcourir mes trapèzes d'une épaule à l'autre. Je rentre ma tête dans mon cou, un long frisson me longe l'échine. Je frotte mon épaule de ma joue et S cesse ses caresses. Il sort de la cuisine puis va s'installer dans le séjour.

     Après avoir fini de manger, je range la cuisine puis le rejoins sur le canapé. Il regarde le film Fight Club. J'ai déjà vu ce film rempli de testostérone. Brad Pitt y est beau comme un coeur et le twist final grandiose. La morale de cette histoire m'a vraiment séduite. Je suis attentive aux scènes de bagarres entre les protagonistes et soudain, je bondis du canapé. S me regarde, soulève un sourcil et se redresse.

     - J'ai une idée ! Attends !

    Je cours dans la chambre et me jette sur mon lit. J'attrape mon stylo et commence à noter un élément nouveau pour mon intrigue. Et si Anna et Tyler développaient une profond désir en se battant ? J'ai toujours trouvé les scènes violentes particulièrement passionnantes. La boxe. La boxe pourrait être la passion de l'un ou de l'autre. J'écris mes hypothèses puis redescend dans le salon.

    - Tu te sens mieux ? me demande t-il.

    J'acquiesce et saute sur le canapé. J'ai les pieds gelés par le parquet, alors je plie mes jambes et tente de cacher mes pieds sous mes fesses. S m'observe, les rictus du sourire étire son regard brillant.

    - Tu as froid ?

    - Oui... Marcher pieds nus c'est pas l'idéal.

    Il sort une boîte posée sur l'étagère sous la table basse. Il tient un petit flacon dans ses mains et l'agite énergiquement. Il ferme une narine à l'aide de son index et ouvre le flacon de sa main libre. Il l'approche de son autre narine et aspire vivement. Il fait de même avec l'autre puis me tend la petite bouteille.

    - Fais pareil. Tu vas avoir très chaud, très vite.

    - C'est quoi ce truc ? De la drogue ?

    - Du poppers. C'est légal. Rien de méchant.

    - C'est la drogue qui dilate...

    - Oui. Mais pas que. Les effets se dissipent au bout d'une ou deux minutes. Tu ne risques rien. Vas-y.

    Je prend une grande inspiration puis attrape le flacon, je fais comme lui. Les gaz n'irritent pas mes narines, l'odeur chimique est légère. Je regarde S, puis me mets à sourire gauchement. Mon crâne est chaud, si chaud. Je sens une caresse chaleureuse envahir mon corps. Je me mets à rigoler sans trop savoir pourquoi.

     - C'est... C'est bizarre. J'ai chaud. Et ça me fait rire.

     Il prend le flacon et recommence l'opération. De mon coté, l'euphorie me quitte. J'en veux encore. C'est trop éphémère. Il me tend à nouveau le poppers et j'inspire plus fort cette fois le gaz. Je me dandine, traversée par une vague de chaleur. Dans mon bas ventre aussi, c'est le feu. Une sensibilité toute nouvelle semble prendre le contrôle de mon corps. Puis plus rien.

    - Putain mais c'est génial ce truc, je ricane.

Je m'approche de S puis dépose ma tête dans le creux de son cou, son odeur m'enivre immédiatement. Une senteur ambrée dont la fraîcheur de la mandarine me chatouille. Elle est enrichie par la puissance de la cannelle et la douceur de la rose. S prend ma main et joue du bout de ses doigts sur celle-ci. Il varie l'intensité avec laquelle il appuie sur la paume de main. Il attrape soudain mon poignet et exerce des pressions à intervalles régulières. J'adore la sensation que me procure ses gestes.

- Viens, on va se doucher. C'est sexy tu disais ?

- Ensemble ? lui demandé-je étonnée.

- Il est temps de te donner ta leçon numéro 2.

S maintient toujours mon poignet et il se lève, nous allons à la salle de bain. Il me regarde avec une intensité qui lui est propre et son regard semble presque m'étreindre. Je mordille ma langue et S retire son t-shirt, comme il s'étire, je peux voir ses muscles développés sans excès se marquer. Plusieurs tatouages recouvrent sa peau. Un grand aigle sur sa poitrine, une rose et ses pétales qui tombent jusque son bas ventre.

    Je m'approche de lui et admire la beauté de ses dessins. Ma main vient caresser le pourtour de chacun d'eux. Sa peau est chaude et douce. Elle est aussi ferme et dure. Je soulève la tête puis plonge mon regard dans le sien. Je peux lire le désir dans ses yeux. Ses traits sont serrés et l'excitation m'oblige à retirer ma robe à mon tour. Je dégrafe ensuite mon soutif sans le quitter des yeux et fais glisser ma culotte qui s'écrase à mes pieds. Nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre.

    J'entre dans la douche et fais couler l'eau tiède sur moi, S retire son jean puis tire sur son caleçon. Je déglutis à la vue de son membre ainsi dressé. Je relève tout de suite les yeux et il me rejoint. La douche est assez grande pour nous accueillir tous deux. Il referme la vitre derrière lui et pose ses mains sur mes épaules. L'eau chaude coule sur nous et son sexe me caresse le nombril et je suis enveloppée dans une émotion nouvelle.

     - Est-ce que ça fait mal ? Je veux dire... La tienne est plutôt...

     - Bien faite.

     - Oui...

   Il sourit puis soulève mon menton, ses lèvres se posent délicatement sur les miennes et je me mets sur la pointe des pieds. Nos langues s'entremêlent et l'eau vient se mêler à leur danse. Je passe mes bras autour de sa nuque. Comme c'est agréable de sentir son corps contre le mien. 

Inspire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant