2. A comme Arya

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« Allo bébé, c'est moi. Écoute, j'peux comprendre que t'aies pas trop envie de parler en ce moment, j'te jure je comprends. Mais... tu m'manque trop. Et je supporte pas qu'tu fasses le mort... putain. Pardon, je voulais pas dire ça ! Enfin bref, rappelle-moi, hein...? »

"Faire le mort", telle était l'expression qu'avait employé cette chère et tendre Manel. Laissez-moi vous dire que si l'on devait chercher l'adjectif maladroite dans le dictionnaire, son nom y serait certainement inscrit en guise de définition, soyez-en sûrs. Malgré cela, ça ne l'empêchait pas d'être l'élue du cœur d'Arya. Outre ses nombreux défauts, Manel pouvait se montrer très attachante et très présente, peut être un peu trop en ce moment...

Arya souffla un bon coup après avoir froncé les sourcils. Il appuya sur la touche qui mit fin à l'écoute des messages de la boîte vocale de son téléphone avant de jeter ce dernier sur son lit, à quelque mètres de lui. Il s'allongea faiblement sur ce dernier et encra ses yeux dans le plafond habituellement blanc de la pièce, lequel était noire en cette heure tardive.

- Va dans ta chambre, pourquoi tu squattes tout le temps la mienne ? Demanda Saïf, assit sur la chaise de bureau en face.

- Je sais pas, dit simplement Arya l'air profondément pensif.

- C'est glauque.

- Je sais, il repondit de plus belle avant de positionner ses bras croisés sous sa tête, tu penses que je devrais la quitter ?

- Qui, Manel ? Demanda Saïf l'air excessivement interrogateur.

- Ouais, qui d'autre ? Répondit Arya.

- J'sais pas... Elle t'as attendu tout le long où t'as été en maison d'arrêt. Vous deux ça fait longtemps. Vous vous kiffez, non ?

- J'sais pas, expira Arya avant de marquer une courte pause, j'sais plus.

Le traumatisme qu'a subi Arya a été la cause de nombreux chamboulements dans sa vie. Jamais plus elle ne sera la même et ça, il l'avait intégré. Pour autant, le jeune homme semblait vouloir s'efforcer de ne pas s'apitoyer sur son sort, d'être fort. Pour ce faire, bien que conscient que sa vie était différente, il fallait qu'il œuvre pour qu'elle ne le soit pas dans son intégralité. Certes, Manël l'agaçait, mais peut-être n'était est-ce que passager. Après tout, Saïf avait raison, Arya appréciait sa loyauté, il ne pouvait pas du jour au lendemain en être agacé. Surtout pour si peu, il ne pouvait y avoir de place pour l'impulsivité. Il n'allait donc pas la quitter. Sur ces pensées, le jeune homme trouva facilement le sommeil, conduire aussi tard avait usé ses batteries.

Le lendemain, il fut tiré de son sommeil par une odeur des plus agréables. Il avait tout de même pris le temps de s'étirer avant de quitter son lit, de quoi subir les désagréments que lui infligeait son propre corps. Il se sentait noué et pris de courbatures. Il faut avouer que ces derniers temps il était devenu très courant qu'il dorme mal, pour le peu qu'il dormait. Pour dire vrai, en se couchant tard et en se levant tôt, Arya fuyait le sommeil.

Le mystère autour de la somptueuse odeur qui avait chatouillé ses narines ne persista pas bien longtemps quand il pénétra finalement la cuisine. Sa mère s'y trouvait et était en pleine préparation de crêpes. Uniquement vêtu de son bas de pyjama, il déposa un bisous délicat dans le creux de son cou avant qu'elle n'éteigne le feu et se tourne pour le prendre dans ses bras.

Sans surprise, ils ne se dirent rien. Le calme absolu régnait dans la pièce, dans absolument tout l'appartement. La première chose qui aurait pu se faire entendre, c'est le bruit du frottement de la main de la mère sur la peau nue du dos de son fils, le bruit d'une caresse infinie, très faible et à la fois très puissante.

La seconde chose qui aurait pu se faire entendre, aurait été le bruit du massage crânien que les doigts d'Arya exerçait sur sa maman, la friction des cheveux légèrement grisés par la vieillesse, le stress, peut-être même le deuil, entre eux, dans un geste tendre, désespéré.

Ce qu'entendait la femme, l'oreille appuyée contre le torse de son fils, c'était inévitablement les battements de son cœur. Comme pour s'assurer qu'il respirait bel et bien, qu'il lui restait au moins ça.

Ce qu'elle n'aurait certainement pas pu entendre cela dit, c'est l'arrivée de Saïf, lequel s'était joint à l'accolade. Arya le sentait comme il sentait sa mère, le voyait comme il voyait sa mère et l'entendait comme il entendait le silence qui régnait dans la pièce. Seulement, il était le seul a le pouvoir.

Quand les apparitions de Saïf ont débuté il cru d'abord à un rêve, pourtant, il était bien éveillé. De peur de passer pour un déséquilibré mental, il n'en a jamais parlé à personne, il a pensé qu'avec le temps, peut-être les hallucinations cesseraient... mais le voilà trois mois plus tard, pris dans l'étreinte de son frère décédé, capable de sentir sa peau et son odeur. Si cela pouvait paraître effrayant, la présence surnaturelle de Saïf le réconfortait. C'était comme s'il n'était jamais parti.

Le reste de la journée s'était déroulé à l'image de son début. Arya avait rapidement repris le travail à distance, cela lui permettait de ne penser à rien d'autre, c'était pratique. Par message, ses amis lui mettaient la pression pour qu'il prenne part à la présente conversation. Un tournoi de Fifa s'était improvisé chez l'un d'eux et le jeune homme était convié. L'invitation ne fut pas déclinée sans insultes affectives, profanées par ceux qu'il appelaient ses frères. Mais il n'en voulaient pas à Arya, ils savaient pertinemment que la situation était délicate et même si ils avaient espoir de lui changer les idées, ils étaient pleinement conscients que cela devait se faire à son rythme.

Dans l'après-midi, l'esprit reposé, il téléphona à sa petite amie. C'est une Manel chaleureuse, plus heureuse que jamais qui décrocha le téléphone. Elle qui avait attendu avec impatience que son bien aimé l'a rappelle après plusieurs jours de silence radio. Les deux tourtereaux échangèrent et Arya se montra réceptif à l'énergie que communiquait Manël. Après tout, « on n'efface pas 2 ans comme ça » s'était-il dit.

Il n'était pourtant pas au bout de ses peines.

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932(7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant