Sur mes traces

Chapitre 12: La Nuit Vengeresse

Plusieurs heures de course suffirent à effacer le village de l'horizon. Les arbres, les pierres, le jour, la nuit, tout défilait sous l'oeil fatigué du petit garçon durant ce long chemin.

-Tu m'as manqué...Je pensais t'avoir perdu. dit doucement Madrik en descendant de son ami.

Yota avait bien changé, lui aussi. Les deux amis avaient presque perdu leur complicité, mais les souvenirs étaient restés, leur séparation aussi... Rien ne les rendaient plus heureux que d'être réunis, malgré la situation, malgré le changement. Ils n'étaient plus seuls. C'est après deux longues années qu'ils se retrouvèrent enfin. Peut-être sans famille, sans chez-soi, mais ensemble. 

Ne comprenant peut-être pas, l'éléphant gronda et passa sa trompe sous le menton de Madrik délicatement avant de s'allonger. 

-Il faut retrouver notre famille, je sais qu'ils ne doivent pas être bien loin. En tout cas, je l'espère. 

Le soleil était sur le point de disparaitre. Alors, Madrik aperçut un rhinocéros d'un blanc spectral. Le petit garçon s'exclama: 

-On se vengera de cet homme blanc, pour ce qu'il nous a fait. 

Lentement, la nuit et ses étoiles éclatantes recouvrèrent l'horizon. 

Alors, Madrik pensa à Tahissa. 

Elle l'avait trahis, en lui cachant la capture de son ami, pourtant elle l'avait défendu juste après. Son coeur penchait entre la pitié et la colère, et il ne savait pas comment se contrôler. 

-Les filles, Yota, c'est trop compliquées. souffla le petit gars avant de sombrer dans un lourd sommeil.

Son rêve fut long et boulversant. Il avait revé d'une plaine, où le temps ne comptait pas. 

Les arbres, les feuilles, le soleil, tout n'était que statues mortes. Une voix chantante venait les reveiller le jour, et les tuait la nuit. Aussi, la voix chantante était difficilement identifiable. Tantôt rauque, tantôt cristalline, elle raisonnait sans limites à travers le blé frémissant des champs.  Ce rêve en disait long, mais aussi très peu pour notre métisse.

Une petite fille se tenait là, au dessus de la coline. Elle dansait le jour et pleurait la nuit. Ses cheveux d'un noir d'encre volaient au vent, doucement, si doucement qu'il croyait y voir des serpents. 

Elle était la balance entre le jour et la nuit, le bien et le mal... Comment la rejoindre ? 

Le rêve l'empechait de marcher. Il courait, courait, et courait encore pour ensuite hurler de frustration de ne pas avoir avancer d'un pas. 

Alors Madrick se réveilla en sursaut, alletant. 

L'Homme blanc allait payer, et la nuit l'aidera.