HOT CHILI - saison 1

S01 - EP 11 ► part III

*Mise  jour : février 2019*

ÉPISODE 11 - (partie 3/3)

— Il n'a pas voulu le tuer !

— Il lui a carrément passé le câble de sa guitare autour du cou. Si c'est pas vouloir la mort de quelqu'un, c'est quoi ?

— Mais l'autre l'a bien cherché ! Tout le monde connaît les blagues salaces de Red.

— Avoue que ça t'aurait aussi énervé, à la place de Mathiew. Tu es sérieux, et l'autre te parle de cul !

— S'entendre dire que son cul de blond aux yeux bleus ne titille pas Red Kellin, moi, j'aurais été mortifiée, intervint une femme dans cette discussion animée entre deux techniciens.

— T'es une nana. Blondasse aux yeux bleus ou non, tu ne le titilleras jamais !

L'autre approuva. Elle leur répondit un « pff » irrité, et les deux hommes s'en retournèrent à leur argumentation de commères.

— Red le prenait super calme, et l'autre lui a flanqué son poing dans la tronche.

— À la bonne heure ! Depuis le début, Red le prenait de haut.

— T'auras remarqué que les scènes de Red ne se font qu'en une seule prise. Mathiew était jaloux. À force de l'avoir critiqué au début, ça l'a mis en rogne de voir que Red gérait. C'est toi qui te plaignais que Mathiew reconnaît difficilement ses torts !

— Ça sert à rien de discuter avec toi. Red l'a étranglé et tu le défends parce que t'es trop fan !

— Tu sais quoi ? Red l'aurait tué, il nous aurait rendu une fière chandelle !

— On dit « devoir » une fière chandelle. Et je ne lui dois rien du tout !

Dean en avait assez entendu. Doutant de l'objectivité des deux hommes qu'il écoutait d'une oreille, il se rendit au plateau de tournage.

— OK, les gars, c'est dans la boîte ! hurla l'un des cadreurs.

Red se massa l'épaule gauche. Trimballer sa guitare sur son épaule, pendant toute la scène, allait une fois. Quatre fois c'étaient trois de trop. Ils avaient dû revoir le séquençage. Le clip se révélait impossible à tourner dans les premières conditions. Le changement de champ mettait toujours un figurant dans le cadre, comme surgi de nulle part, sans qu'il n'en soit forcément en cause.

Red avait alors proposé d'en jouer. Faire apparaître à n'importe quel moment un personnage qui n'avait rien à faire dans la trame. Un pop-up, de préférence un anachronisme : un martien, un soldat du XVe siècle. S'étaient rajoutés une pom-pom-girl, une ballerine, un cosmonaute (le drapeau faisant foi), une petite fille sautant à la corde, un étudiant en physique quantique... L'idée : donner envie au musicien, frustré d'être coupé dans son élan, de mettre une balle à quelqu'un.

Korgan avait avancé que cette frustration reviendrait au téléspectateur ; les pop-ups laissaient l'effet de pubs indésirables. Le clip portait bien son nom : GUN ON YOUR TEMPLE. Un technicien proposa de créer une version internet, où il serait possible de supprimer le désagrément via une commande intégrée, sans interrompre le métrage : un bouton « skip that fucking bastard ». En l'absence du chat, les souris dansaient et se lâchaient sur la réalisation. Tout rabat-joie aurait fini lynché.

Red rangeait sa guitare, quand un éclat de lumière dans une chevelure blonde accrocha son regard. Il se redressa, le cœur en joie. Le sommet de son scalpe fit une rencontre brutale avec un angle du meuble au-dessus. Se massant le cuir chevelu, il se dirigea vers l'objet de ses fantasmes et finit à ses pieds. Dans son enthousiasme, il n'avait pas remarqué les câbles au sol et s'y emmêlait les pieds. Maintenant qu'il avait rempli sa jauge de malchance humiliante, peut-être ne lui arriverait-il que de bonnes choses...