HOT CHILI - saison 1

S01 - EP 20 ► part V

*Mise à jour : avril 2019*

ÉPISODE 20 - (partie 5/6)

— C'est bon, les gars, on a notre dernier bébé !

Les Beat'ONE se levèrent d'un bond. Le clip LOVE MISSILE était fin prêt. Après la visualisation du court métrage, Jay et l'équipe du son s'attelèrent à l'assemblage des pistes de l'album. Ces bonnes nouvelles effaçaient l'épisode d'angoisse provoqué par Dean et son mystère.

Le bilan se révélait très satisfaisant. Ils avaient deux semaines d'avance sur leur agenda. Une quinzaine de jours de repos mérité, en théorie. En pratique, le véritable hold-up médiatique débutait maintenant. Donc pas de repos pour les braves.

La diffusion du clip de LOVE MISSILE précèderait celui de KILL THIS SONG. Suivrait la mise sur les ondes de PULL THE TRIGGER. Et enfin, le métrage de RENOVATIO annoncerait le concert éponyme. Leur planning parlait de répétitions et répétitions et encore répétitions, en vue de servir au public une performance ultra maitrisée.

Le tout dans le rush de la finition des travaux de « l'entrepôt », et sans doute aucun, du retour d'Ethan. Les Beat'ONE ne se leurraient pas, la vipère choisirait son timing avec soin pour sortir la tête de son trou. Leur producteur multiplierait les appels, relancerait de nombreuses invitations qu'ils honoreraient pour cause de contrat avec Bosco Record©. Mais ils maintiendraient le statu quo sur leur vie publique, quitte à affamer la presse musicale et les groupies. Pour l'heure, toute l'équipe sablait le champagne en salle de repos.

Jay était aux anges, convaincu de tenir le prototype du CD à produire en masse, une fois que l'illustrateur aurait rendu les maquettes des habillages du disque, du boitier cristal, et du digifile. Red le lui ravit.

— Tu ne vendrais pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué ?

— Mais il me tardait, ce jour. De notre côté, l'album est fini !

Le batteur était survolté. Il se mettait aussi dans cet état lors d'un évènement particulier : lorsqu'en tant que leader, il s'était assuré d'avoir tout réglé pour prendre la route, en début de tournée. Dans ces moments-là, on le croyait sous amphétamine. Avec un Jeff hyperactif et un Korgan que le bus endormait, Red se retrouvait vite dépassé par la situation. Seule alternative : suivre le courant et faire le fou avec le bassiste et le batteur, sous l'indifférence du sommeil du juste du guitariste. Mais cette fois, Red avait prévu son coup.

— L'album contient seize pistes, je n'en vois que quinze, dit-il, préoccupé.

Refroidi, Jay dévisagea Red.

— On a convenu, enfin, tu as décidé qu'il y aurait seize entrées, et elles sont toutes gravées sur le CD. Certes, NO, Mr YESMAN n'est qu'un interlude, mais il compte pour la piste n° 8.

— Je ne crois pas, non, réfuta Red.

— Il se paye ta tête, Jay, décréta Korgan. Au fait, ta fille ne passe pas ce soir ?

Jay soupira :

— Rumi m'a dit qu'elle sera en retard. Pour changer, tiens. Elle la déposera directement à la maison. Et puis, y'a rien qui puisse vraiment amuser Penny ici, en ce moment. Elle s'ennuiera.

Red pouffa. S'il savait... Il était de mèche avec Rumiko, la mère de Peneloppe. Et quand on parlait du loup... La femme poussa la porte et salua à la volée :

— Bonsoir, la compagnie !

— Papa !

Le bolide aux couettes blondes fila dans les jambes du père, qui le retint tant bien que mal. C'était presque attendrissant à voir. Tous les hommes ayant subi l'enthousiasme débordant de Peneloppe étaient unanimes : presque. Ils admiraient Jay en secret, de ne montrer aucun signe de souffrance, pas la moindre grimace à la suite d'un strike malvenu de sa fille à un endroit sensible de l'anatomie masculine. Ce régime durait depuis que Peneloppe savait courir, et elle l'imposait à toutes les personnes qu'elle adorait.